On ne saisit pas toujours la gravité de ce qui se passe dans les ruelles sombres… Le danger peut-être présent derrière chaque ombre.
Un jeune homme était entrain de faire les frais de ce dicton, pris en plein milieux d’une guerre de gang.
Depuis un long moment, il n’entendait plus que le son de son propre cœur battant à tout rompre et de sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration saccadée, pareil à celle d’un animal apeuré. A Central ce genre d’évènement était rare, et les coups de feu duraient bien depuis une demi-heure.

Tenkei, car c’était son nom, avait pour habitude d’espionner les mouvements dans les quartiers malfamé de Central. Il passait facilement pour un jeune de riche excentrique, venu acheté de la drogue, ou se payer certain plaisir.
En réalité, Tenkei avait pour habitude d’aider comme il pouvait les gens qui habitaient dans ces ruelles parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix.

Le rouquin savait beaucoup de chose, trop même sans doute. A cause de lui beaucoup de ces dealeurs et autres proxénètes avaient fini derrière les barreaux. Oui, on aurait pu dire « grâce » à lui. Mais ce n’est sûrement pas ce que ceux qui se tiraient dessus devaient penser en ce moment.

Une nouvelle salve de tirs déchira le silence, accompagnée de cri et de divers puits d’explosion, de verres cassé, d’impact divers. Le jeune homme se plaqua contre terre, en attendant une balle filée au dessus de sa tête pour se loger dans le mur derrière lui. Les autres tirs lui étant destiné finirent leurs courses dans la poubelle de métal derrière lesquels il se cachait.

*Où est l’armée quand on a besoin d’elle !* Songea-t-il avec autant de colère que de peur.

Son abri étant de moins en moins sûr. Tenkei se jeta dans la ruelle et finit son escapade par une belle roulade pour éviter d’être transformé en passoire. L’adrénaline, sa vous sauve un homme, et c’est le cas de le dire. Le voici maintenant derrière un mur assez loin de la bataille actuel. Depuis tout à l’heure, les coups d feu n’avait pas cessé entres les deux gangs ennemis.
Tenkei fit la grimace en voyant un homme couvert de sans s’écrouler à peine à quelques dizaines de mètres de lui. Mais pourquoi se fourrait-il toujours dans un pétrin pareil ? Au moins les gangs réduisaient le nombre de leur membres d’eux-mêmes, c’était toujours ça de pris…

-S'ils se font tous arrêter… On sera tranquille pour un petit moment ici… C’est de gros poissons ceux-là !

Dit-il en espérant vivement que les bruits qui semblaient se rapprocher était du aux soldats envoyé par le QG de Central pour calmer le jeu ici… Par précaution, il rangea ses armes pour ne pas se faire abattre en étant pris pour un des délinquants.

Une fine couche de neige tapissait maintenant les rues de Central et continuait de tomber en silence. Chaque bruit de pas, chaque parole se retrouvaient comme étouffés dans ce manteau écarlate. On sentait la fin d’année approcher. Des hommes tentaient de se défaire de la neige boueuse collée à leurs semelles, tandis que des femmes au foyer dégageaient leurs entrées ou que des enfants s’amusaient, le nez en l’air, à happer le plus de flocons possible. L’un d’entre eux, un blondinet grassouillet, s’arrêta subitement lorsqu’il sentit une présence énervée juste derrière lui. Intrigué, il se retourna, un bout de sa langue rose encore coincé entre ses lèvres. Il leva ses yeux, ses grands yeux juvéniles d’enfants. Ses grands yeux qu’Aisya détestait tant. Pourtant, elle ne lui accordait pas même un regard, postée dans son dos. Elle avait elle aussi le visage levé vers la voûte neigeuse. Les lèvres entrouvertes, on aurait su dire ce qu’elle ressentait. Toutefois, toujours une aura de malveillance émanait de sa gracieuse silhouette si bien que l’enfant, pris au dépourvu, s’écarta de son chemin, sans demander son reste. Le colonel ne bougeait toujours pas, si bien que Richard, toujours fidèle à son poste, dut prendre le risque de se racler confusément la gorge afin de la ramener sur terre. Une nouvelles fois, pas de réaction. Et, finalement, quelques mots vinrent briser son énigmatique silence :

-« Je n’aime pas la neige, Richard ... murmura-t-elle en agitant ses cheveux de corbeaux. Et tu sais pourquoi ? »

La jeune femme daigna enfin poser son regard orageux sur son subordonné qui, prit par surprise, eut un léger mouvement de recul. Un léger nuage s’échappa de ses lèvres tandis qu’il tentait de formuler une réponse qui ne rendrait pas folle de rage sa supérieure. Cette dernière n’attendit pas et, donnant un coup de botte rageur dans un monceau de neige, elle déclara d’une voix forte :

-« Parce que la neige, c’est de l’eau gelée, et que l’eau me rend aussi impuissante que Colonel Cheval ! En fait, je déteste la neige ! »

Elle s’énerva sur un bonhomme de neige, faisant fuir de plus bel les enfants, quand Richard, prenant son courage à deux mains, accourut vers elle, une main posée sur son revolver de service.

-« Colonel ! Vous n’avez pas entendu ? » demanda-t-il précipitamment.

-« Quoi donc ? » rétorqua Aisya, maintenant couverte de neige.

Il ne répondit pas, la laissant écouter d’elle-même. En effet, maintenant qu’elle avait fini de passer ses nerfs sur un tas de glace, elle percevait nettement un bruit qui lui était bien familier : le bruit de coups de feu. Elle échangea un regard étonné à son subordonné et, sans demander leur reste, ils se précipitèrent vers l’origine de ce vacarme, lui aussi étouffé par le manteau d’hiver. Celui d’Aisya était noir et formait comme des ailes de corbeau dans son dos. En chemin, elle prit soin d’enfiler tout de même ses mitaines alchimistes et s’arma d’une arme qu’elle venait de recevoir : une nouveauté des laboratoires de la Red Corporation, ou tout simplement une arme à feu à mi-chemin entre le pistolet et le fusil. Ce modèle n’était pas encore très au point et on ne l’avait confié qu’à quelques alchimistes. Son principal défaut résidait dans son poids ; en effet, il pesait lourdement à la ceinture de Jasdero qui était alors la seule femme à en posséder un. Elle le dégaina, l’arma et s’engouffra dans la ruelle où régnait le désordre. Derrière elle, Richard voulait la raisonner, lui dire de prévenir des renforts mais elle ne voulut rien entendre.

Aisya aperçut un jeune homme à sa droite, à l’écart de la bataille et qui n’avait pas l’air dangereux. Peut-être faisait-il semblant … Peu importe, elle les mettait tous dans le même sac. Elle leva le bras et tira un coup de feu en l’air, afin de bien prévenir tout le monde qu’elle était là, tactique que Richard regretta aussitôt.

-« Hey ! C’est quoi ce chantier ?! Vous n’avez pas honte ! »

La bagarre battait toujours son plein, ce qui eut le don d'énerver encore un peu plus le militaire. Aussitôt, une balle perdue siffla près de son oreille et elle s’écarta derrière le mur où le garçon aux cheveux rouges attendait. Ils allaient venir par là, avertis de la présence du militaire. Il fallait faire vite.

-« Richard, surveille qu’aucun civil ne s’aventure dans les environs, je vais leur remettre les idées en place, à ces crevards ! »

Le jeune soldat s’exécuta tandis que l’alchimiste se rendit enfin compte réellement de la présence du garçon.

-« Bah alors, s’étonna-t-elle faussement, t’as pas envie de t’amuser avec tes petits camarades ? A moins que tu ne sois pas des leurs. Dans le cas actuel des choses, j’espère que c’est le cas … Sinon j’aurais vite fait de te balancer dans la mêlée ! … »

C’était machiavélique, tout simplement machiavélique. Oui, le terme était parfait, a moins que le terme exacte et approprier à cette situation soit plutôt suicidaire? Le doute plana un instant, tentant d’y réfléchir un peu plus profondément mais n’y arrivait pas à cause du bruit environnant. Et quoi qu’il fasse, ça continuait de plus belle, empirant avec les minutes qui défilaient, tout autant que son mal de tête d’ailleurs. Pourquoi avait-il accepté de sortir avec Ryu pour que celui-ci s’achète une nouvelle guitare déjà? En plus il devait l’essayer en plein magasin pour s’assurer qu’elle fonctionnait bien. Il n’avait aucun talent!!! Il aurait du essayer le triangle, ça aurait déjà été moins destructeur pour les oreilles. À coup sur la prochaine grosse guerre sera déclencher par ce son horrible! En plus le vendeur semblait vouloir venter ses prouesses mélodieuses et la vendeuse lui tournait un peu trop autour. Ça ne le mettait pas vraiment à l’aise, loin de là, il aurait préféré ne jamais avoir mis les pieds dans cet endroit, mais ce qui est fait est fait. Et maintenant il reste à choisir; Rester et écouter ce son grotesque mais faire la joie d’un idiot qui n’en vaut peut-être pas la peine et sortir et s’assurer tranquillité et paix d’esprits. La deuxième option s’impose, surtout quand le musicien en question viens d’ouvrir la bouche avec la ferme intention de commencer à chanter sur cet air sans queue ni tête.

Celui-ci sortit donc pour s’aérer, respirant à grands coups pour mieux faire passer le tout. Il en avait presque la tête qui tournait, vous savez ce stade juste entre le mal de tête et la migraine insupportable. En somme il avait bien fait de sortir tout de suite au lieu d’attendre davantage. On étouffait littéralement là-dedans. La chaleur, la musique l’ambiance exécrable, rien qui ne plaisait à la nature plus calme et réfléchit du lieutenant. Non, très peu pour lui, il laisserait ces balivernes à son coéquipier un peu trop impulsif. À l’extérieur, c’était déjà mieux. Frais, on se sentait bien ainsi avec la légère neige qui descendait doucement. Une légère mélodie lui venait automatiquement en tête, soupirant, laissant derrière lui une légère buée, la fredonnant pour lui-même, les mains dans les poches. C’était rare de voir le lieutenant dans des habits qui n’appartenaient pas à ceux de l’armée, mais il avait été sorti de force par son coéquipier et comme Kuroda ne voulait pas qu’il s’aventure davantage dans son appartement, celui-ci avait du le suivre. Il était plutôt dans un habit assez chic, pantalon foncé, veste et par-dessus, presque un complet à la limite si on oubliait qu’il ne portait pas de cravate. Il ne pouvait pas se permettre de porter des chandails comme tout le monde, il ne s’y sentait pas encore à l’aise. C’était un sujet un peu tabou chez lui… Comme tout ce qui avait attrait à cette partie de lui encore non avouer et jamais assumer.
Quoi que ça en devenait embêtant ce vent. Ses cheveux plutôt roux, car ne lui dites jamais qu’il est roux ça le frustre, au vent, on voyait parfaitement son visage en entier et non pas que la moitié, comme il le voulait. Les sourcils froncé, cela lui donnait un tout autre air, ayant plutôt un charmant sourire en permanence sur ses lèvres. Quelque chose n’allait pas et cela n’impliquait pas que son visage, ses cheveux ou son maquillage. C’était plus sérieux plus… Mais il n’aurait su dire quoi.

Il n’aurait su dire jusqu’à ce qu’il n’entende pas bien loin de là des coups de feu déclencher. Bon, pas bien de là c’était vite dit et il devait aussi chercher la provenance de ce son, avec l’échos projeter par la neige et les établissement cela ne serait pas aisé. D’un léger mouvement de main celui-ci vérifia la présence de son arme à feu qu’il avait bien prit la peine de glisser dans une poche intérieur puis, le sortant juste au cas ou, s’élança dans les ruelles. Une petite course contre la montre, espérant ne pas arriver sur les lieux d’une tuerie quelconque. Les massacres du genre sont toujours à déplorer, il y a d’abord les victimes à identifier, les familles à consoler, les papiers à remplir selon chaque district, ensuite viens les présumer accuser s’ils ne se sont pas suicider, les procès et tout. Décidemment le genre de trucs qui ne plaisaient pas à son colonel. Parlant du colonel, il aperçut au coin de la ruelle la fusillade en question avec son colonel qui tentait de rétablir l’ordre accompagner de son fidèle Richard. Toujours là celui-ci…
C’est donc en précipitation que le lieutenant Loxley arrivait, arme à la main, en uniforme tout sauf conventionnel à l’armée, les cheveux complètement emmêlés en tout les sens qui allaient avoir besoin d’un bon coup de peigne, un peu essouffler et ne pouvant même prendre le temps de saluer sa supérieur du à l’action présente.

<< Colonel Jasdero? >>

Sa supérieur semblait discuter avec un rouquin rester en retrait de la bataille, semblant un peu apeurer de tout cela. A moins que ce ne soit qu'une illusion. De son point de vue il ne pouvait voir s'il était blesser ou quelque chose du style. Enfin c'était vrai roux celui-ci, que l’on se le tienne pour dit, pas comme la couleur indéfinissable de Daisuke qui tenait entre le chatain clair et le roux très pâle, ce qui n'est pas roux du tout. D’ailleurs il avait un drôle d’air. Quelque chose de différent quoi. Ennemi, allier? Aisya semblait vouloir s’en assurer, celui-ci se tenait plutôt à l’écart des coups portés. Il ne savait que faire, attendant les ordres. Les tuer seraient peut-être un peu excessif, mais généralement le colonel savait les calmer. Ou trouver les solutions appropriées.

Citation :

-« Bah alors, s’étonna-t-elle faussement, t’as pas envie de t’amuser avec tes petits camarades ? A moins que tu ne sois pas des leurs. Dans le cas actuel des choses, j’espère que c’est le cas … Sinon j’aurais vite fait de te balancer dans la mêlée ! … »

Quand Tenkei avait prié que l’armée vienne à son secours il n’aurait pas pensé tomber sur un tel phénomène… En voilà une qui lui faisait une drôle de première impression. Après avoir rapidement mémorisé l’aspect physique assez hors du commun de son interlocuteur, il déchiffra aussi ses galons.
-Navré de vous décevoir Mme la Colonel. Mais cette bande d’excité de la gâchette ne fait pas partie de mon petit répertoire d’ami ! Déclara le rouquin en envoyant une salve de tir assez précise pour forcé deux types armé à reculer plus loin.
-Je m’appelle Tenkei, Tenkei Muraï le fils de l’armurier qui bosse dans le centre-ville… J’ai l’habitude de jouer les espions dans ce quartier pour aider ceux qui s’y trouve, et il n’est pas rare que l’armée vienne me demander deux trois tuyaux pour arrêter les truands… Aujourd’hui c’est une guerre de gang assez classique…
Il vérifia que personne ne le regarder et désigna discrètement un coin derrière des poubelles assez éloignées, derrière laquelle se tenait un colosse au visage balafré.
-Vous voyez la montagne de muscles là-bas ? C’est l’homme de main du gros dealeur du quartier… Hier ils ont acheté des armes au gang auxquels ils font fassent… mais la marchandise ne valait pas le prix qu’ils y ont mis on dirait… Alors ils se vengent… ils sont un peu con, car comme ils sont mal équipés, les pertes sont presque plus lourde chez eux…

Tenkei cru bon de s’expliquer plus en détail sur son intérêt pour ses petits gangs de rue… Bien que tromper son ennuis et faire monter le taux d’adrénaline fasse partit des raisons de ses activités dangereuses, le jeune homme avait aussi un mobile plus valable :
-En fait c’est pas les dealeurs qui m’intéressé mais les vendeurs d’armes… Une caisse que mon père devait livrer à l’armée à été volée pendant la livraison… Enfin volé… A moins qu’un soldat peu scrupuleux leur ait vendu… Il insista sur les derniers termes, stipulant que cette affaire pourrait intéresse l’armée. Il était assez malin pour se douter qu’un grade de Colonel était suffisamment bien payer pour ne pas avoir envie d’arrondir ses fins de mois de la sorte. Ou du moins il l’espérait… Car se serait vraiment pas de chance de dire ça au coupable… Heureusement de la chance il avait tendance à en avoir…

Et justement une balle passa près de lui sans le toucher. Il sursauta un peu mais répliqua rapidement.
-Fiouuu ! Pas passé loin ! Je comprends pas pourquoi il me tire dessus… D’habitude il me prenne pour un bourgeois excentrique venu acheter de la dope… Bon en même temps vous bousillez un peu ma couverture… Fit remarquer le jeune homme les mains bien campées sur les gâchettes de ses revolvers, prêt à en découdre davantage.
-Je tiens à signaler qu’on a pas vraiment l’avantage du nombre… Alors si vous avez des subordonnés qui trainent à droite à gauche, c’est le moment ou jamais de les faire taffer un peu…

Il n'avait pas pris en compte la presque aggresivité de la militaire a son égard, pour lui, ce n'était qu'un moyen de se donner une constance à l'approche d'un ennemi potentiel. Il décida de ne pas en conclure qu'il s'agissait du caractère habituel de cette femme. La conversation future lui dirait bien s'il avait tort. De plus lui était assez amical et jovial, comme à son habitude. Ce n'est pas comme s'il allait être désagrable envers une jeune femme, aussi étrange soit-elle.
Aussi c'est avec un sourire légèrement crispé par leur situation que Tenkei clot son récit, se demandant comment la militaire allait l'aider à en apprendre plus, ou au moins avait l'intention de faire quelque chose pour régler la situation... N'était-ce pas là le rôle de ces gradés?

[J’ose répondre encore à ce rp, bien que l’on puisse croire que je l’ai abandonné depuis des lustres, veuillez m’en excusez, je vous prie ><’]

Mais c’est qu’il avait du répondant, le gamin ! A peine le jeune homme eut-il ouvert la bouche que le colonel, qui s’imaginait avoir affaire un adolescent éploré ignorant l’origine de cette bagarre, arqua un sourcil, bien plus qu’étonnée. Au contraire, le jeune homme roux pouvait même presqu’être soupçonné d’être à l’origine de tout ça tant il en connaissait sur l’histoire de ces gangs. Evidemment, cela pouvait également être une tactique des plus fourbes et des plus travaillées pour tromper le colonel, mais, cette dernière n’avait aucune envie de faire travailler ses méninges pour le moment ; trop de balles sifflaient non loin d’elle. Il fallait avant tout calmer le jeu et coffrer tous ces brigands de pacotille. Elle prêta néanmoins une oreille attentive à ce que racontait le garçon qui n’avait de cesse de lui offrir toutes sortes de renseignements, sans qu’elle n’ait besoin de le brusquer. Un règlement de compte, c’était bien ce qu’elle s’était imaginée à première vue. C’était étrange qu’il ait lieu en pleine journée, et dans la capitale, bien que ce soit dans une ruelle peu fréquentée. D’habitude, ils se donnaient rendez-vous la nuit, et hors des murs de Central, dans les campagnes avoisinantes. A croire que la petite frappe amestrienne n’était plus ce qu’elle était. D’un autre côté, depuis l’affaire Hasashi, Aisya ne s’était plus mesurée qu’à des criminels de niveaux supérieurs. Une pensée pour Lin, Greed et Scar, non sans laisser échapper un grognement. En vérité, elle n’aimait pas s’occuper de ce genre de conflit, qu’elle considérait comme indigne de son rang et de sa personne. Mais, comme lui répétait si fréquemment Richard, le rôle primordial des alchimistes d’état était de protéger les civils. Ainsi, même si pour cela, elle devait passer ses journées à courir après des voleurs à l’étalage, la jeune femme devait remplir ses fonctions. Elle arrivait à se consoler en se disant que cela n’allait plus durer très longtemps, quoiqu’il advienne.

Son attention revint au garçon lorsque ce dernier laissa échapper un sifflement rassuré. Décidément, il n’avait pas la langue dans sa poche. D’accoutumée, si un soldat présentait la même manie, l’alchimiste de foudre avait tôt fait de l’envoyer paitre. Mais pour le moment, il ne s’en était pas directement pris à elle ; il avait bien essayé de mesurer sa réaction en insinuant que le convoi pouvait venir d’un détournement engendré par un militaire mais ce fut à peine si elle écouta ces sornettes. Elle s’interrogea cependant sur le pourquoi les finances s’amusaient-elles à faire du commerce avec de simples armureries alors que la Red Corp était plus puissante que jamais. Certainement que l’Etat ne voulait pas faire perdre espoir aux sociétés moins titanesques. Finalement, le garçon aux cheveux rouges clôtura son récit en l’exhortant à rameuter d’autres subordonnés. La première réaction de Jasdero fut de laisser échapper un ricanement sourd, alors que la bataille battait toujours son plein. Avant qu’elle ne remarque l’arrivée de Kuroda, elle prit soin de faire quelques précisions au civil :

-« S’il y a bien une chose que tu ignores jeune homme, commença-t-elle sur un ton doucereux, c’est que, dans l’armée il y a : l’élite et le reste. Tu as eu la chance de tomber sur moi, membre incontestée de cette élite. Alors, sache que mes subordonnés, je pourrais très bien m’en passer ! »

Puis, son regard se posa par hasard sur la silhouette familière de Daisuke et elle ajouta, ses yeux mordorés toujours posés sur le rival de Richard :

-« Néanmoins, je ne veux pas t’indisposer ainsi. De ce fait, je te rassure, voilà l’un des miens … ou devrais-je plutôt dire, ce qu’il en reste … »

En effet, à mieux le considérer, l’officier Kuroda n’avait pas tout à fait l’air de patrouiller en ville, mais plutôt de flâner. Heureusement, il avait apparemment pris le soin de garder avec lui son arme de service et était donc apte à prendre part au jeu. Il était essoufflé et son salut se résuma à l’altercation de sa supérieure. Toutefois, Aisya n’était pas du genre à être à cheval sur les convenances. De plus, elle connaissait suffisamment Kuroda pour savoir qu’il n’irait jamais tenter de lui manquer de respect. C’était bien trop risqué.

-« Kuroda, toujours là quand il faut n’est-ce pas ? Richard est parti évacuer les civils, j’ai besoin d’une autre paire de bras. Tu feras donc l’affaire. Ne crains rien de ce jeune homme, continua-t-elle en désignant l’autre garçon d’un mouvement machinal de son revolver, il n’a pas l’air dangereux et est plutôt bien renseigné. »

Un cri l’interrompit tandis qu’ils perçurent le bruit d’un corps s’effondrant par terre. La jeune femme, qui fulminait à présent, était bien tentée de régler cette histoire toute seule, mais la rue était humide et elle ne pouvait pas prendre le risque d’user de son alchimie. Elle devait donc s’aider des deux zigotos dont on l’affublait. Elle voulut néanmoins tenter quelque chose …

-« Bon, ce vacarme commence à me courir sur le système … et je pense ne pas être la seule à vouloir en finir au plus vite. Voilà ce que je propose ... »

Elle exécuta un mouvement de tête à l’intention du garçon aux cheveux rouges :

-« Saurais-tu me désigner les deux noyaux de chacun de ces gangs, tu sais, le boss, ou je ne sais quoi, appelle-ça comme tu veux … Si l’on met ces deux abrutis hors d’état de nuire, le reste du troupeau suivra. Je voudrais éviter qu’on ait à en tuer, bien que les effusions de sang aient déjà commencé sans nous. Ainsi, essayez plutôt de tirer dans les jambes ou dans les bras … »

Comme si Richard avait assisté à sa machination –était-ce la présence de Kuroda qui l’induisait en erreur ?-, elle se reprit en agitant la main :

-« Evidemment, c’est un moyen quelque peu violent, mais franchement, là, je m’en balance totalement ! Ces imbéciles n’avaient pas qu’à se fritter en ma présence ! Donc, j’évolue jusqu’à nos deux lascars et vous, vous me couvrez, vous me suivez ? »