Ah, Central, ma patrie, mon foyer. La ville qui m’a vue naître, grandir, travailler, gueuler…. Elle représente tant pour moi… Je ne l’avais plus vue depuis que je suis allée vivre chez Oncle Fred. Et elle n’a même pas changé ! Toujours aussi pleine de monde, animée, bref, c’est une grande ville qui convient tout à fait à la pure citadine que je suis.
Les trains non plus n’ont pas changé. Toujours aussi bruyants, inconfortables, nauséabonds et pourtant ! Qu’est-ce que je peux aimer voyager ! La sensation de vitesse, de liberté… Ahlala, je m’égare !
Je ne suis pas venue en touriste (tant mieux d’ailleurs, c’est quand même la ville qui m’a servie de foyer pendant des années, je la connais par cœur, tout de même !) mais en « femme d’affaires ». Enfin, en adolescente d’affaires. En pigeon. Sans mon oncle pour m’accompagner.
J’étais pourvue d’une mission et pas des moindres : me procurer un médicament rare et très cher contre les hémorroïdes. Le Saint Graal dans le domaine.
Je me suis donc rendue chez le négociant dans la matinée et après cinq heures de négociations sauvages (eh oui, je suis un monstre en affaires), j’ai pu en tirer un prix plus que convenable. Mon oncle allait être content. Je me suis donc hâtée d’aller poster un colis contenant les précieuses pilules à l’intention de mon bienfaiteur afin qu’elles arrivent au plus vite. Car, comme il me restait un peu (beaucoup) d’argent en réserve (sans compter mes petites économies), j’avais eu l’autorisation de rester un petit peu en ville.
A seize heures, j’étais donc entrain de flâner dans les lieux les plus célèbres de la ville comme une touriste, à la recherche d’un bon endroit pour lire.
Mon attitude « touristale » a dû alerter un pickpocket car celui-ci m’a prise pour une espèce de petite chose fragile pleine de thunes. Ce que je suis. Il m’a donc arraché ma besace des mains et s’est mis à courir. Non mais ho ! C’était mon quartier tout de même ! Ma ville ! Mon terrain de jeux ! Il a osé me défier sur MON territoire, il allait être servi. Je lui ai couru après, spray au poivre à la main avant de me rendre à l’évidence : il était bien trop rapide. Mais la chance m’a souri !
En regardant derrière-lui (pour voir si je le suivais toujours), il a heurté une jeune fille de plein fouet et est tombé au sol. J’en ai profité pour récupérer mes affaires et aveugler mon agresseur à coups de spray au poivre.
Puis, j’ai dégainé ma ventoline plus vite que mon ombre afin de me remettre de mes émotions, après quoi je me suis excusée auprès du « dommage collatéral » :
« - Je suis vraiment désolée, vous n’avez rien de cassé, j’espère ?? »