Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski]



 
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 Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski]

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MessageSujet: Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski]   Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski] Icon_minitimeJeu 20 Jan - 0:23

Les bâtiments défilaient devant mes yeux. Le regard perdu dans le vide, je ne fixais rien de bien particulier, j’observais seulement ce qui se trouvait de l’autre côté de la vitre. J’avais l’impression que ce voyage en voiture durait une éternité. Rares étaient les fois où j’utilisais ce genre de transport. Je préférais largement la marche qui me permettait de me maintenir en forme. Par contre, cela n’empêchait pas le fait que j’avais appris à conduire ce genre de véhicule. Savoir conduire pouvait toujours s’avérer être un atout lors de situation de fuite. Ça ne m’avait servis qu’à de rares occasions et ça faisait longtemps que je n’avais pas pris le volant. Sûrement que ce genre de choses ne pouvaient se perdre, tout comme la bicyclette. Cependant, je n’avais jamais appris à faire de la bicyclette.
Lorsque la voiture s’arrêta devant un grand immeuble à bureaux, je ne me rendis pas compte que la balade était finalement terminée. Je croyais que la voiture s’arrêtait de nouveau à une intersection, laissant traverser adultes et enfants d’une part et d’autre de la rue. Lorsque je sentis un autre passager de la voiture s’animer, je compris que ce petit voyage entreprit depuis les bureaux de la Red Corporation était maintenant terminé. J’ouvrais immédiatement la portière et sortais du véhicule, la refermant dans un claquement, derrière moi, alors que l’autre passager, qui avait fait le voyage sur la même banquette que moi, m’imita. Je m’approchais de la porte s’ouvrant sur le siège du passager, à l’avant de la voiture, avant de poser la main sur la poignée. J’ouvrais la porte pour en laisser sortir ma patronne, Florinda Volonski. Une fois qu’elle fut hors du véhicule, je refermais la porte. Le chauffeur reprit la route. Nous étions ici pour une réunion, dont le but m’échappait. Dans la grande salle de bal de cet immeuble, se rassemblait, en cette magnifique soirée, les dirigeants de diverses grandes entreprises de la ville et ses alentours. La sécurité était assurée par l’hôte de cet événement privé, mais il était préférable que chacun se rende sur place avec leurs propres gardes du corps. Qui sait, peut-être que certains malfrats prévoyaient une petite partie de carnage chez les grands hommes d’affaires. Mademoiselle Volonski était probablement la seule femme de la soirée, si on excluait les conjointes des patrons présents.

Nous étions deux. Moi, ainsi qu’un homme à qui je n’avais toujours pas adressé la parole. Je doutais que mademoiselle Volonski aille besoin d’une dizaine de gardes comme certaines personnes trainant dans le hall d’entrée de l’immeuble. J’avais entendu dire qu’elle était très douée au combat, mais je n’avais pu en apprendre plus. C’était bien dommage car je me posais certaines questions sur cette femme si froide et distante. Je n’arrivais pas à déterminer pourquoi je lui portais une attention si particulière. Elle avait quelque chose de mystérieux, de très intriguant. Peut-être une question d’aura ? Tout aussi magnifique qu’à son habitude, la dirigeante de la Red Corporation resplendissait et détonnait avec son habit carmin parmi les costumes sombres qui envahissait la pièce. L’autre garde, tout comme moi, était également vêtus du rouge éclatant qui composait notre uniforme. Les regards se posèrent sur nous alors que nous traversions le hall, direction la salle de réception. Je marchais aux côtés de ma patronne, ou presque. J’étais un pas derrière elle, mais si je le voulais je pourrais marcher plus vite et être à sa hauteur. Cependant, ce n’était pas mon intention.

Une fois devant la grande salle, des gardes du corps nous bloquèrent le chemin, le temps de noter notre présence, avant de nous faire entrer. Ils avaient probablement reconnu cette femme unique qu’était Florinda Volonski. De plus, nous nous distinguions des autres par nos vêtements trop criards. Pour ma part, ça ne me dérangeait guère, adorant mon uniforme. Et puis, c’était toujours mieux que de rester conforme à la tradition. Les autres gardes du corps portaient tous des habits semblables, si ce n’était pas identique.

D’ailleurs, je me demandais pourquoi je devais assumer ce rôle aujourd’hui. La dirigeante de la Red Corporation devait bien posséder des employés bien meilleurs que moi en ce domaine. Aussi loin que remontait mes souvenirs, je n’avais jamais eu à protéger quelqu’un comme en ce moment. Je savais par contre, ce que je devais faire. Si le but de cette femme était de me tester, j’avais bien l’intention d’être à la hauteur de ses exigences. Cependant, je ne croyais pas que le meilleur choix était de choisir ce genre de soirée qui allait s’avérer ennuyeuse à souhait. J’allais observer tout ce qui se passait dans la salle avec un œil attentif, écouter tout ce qui pourrait être digne d’intérêt et surtout, faire attention à toute personne se trouvant dans cette salle, car on est jamais à l’abris des meurtriers, même avec la sécurité la plus élevée.



[Désolé, c'est très court ><]
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MessageSujet: Re: Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski]   Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski] Icon_minitimeDim 6 Mar - 13:48

« Everyone lies
Everyone confesses
Everyone fights to know what the truth is
Don't play with them. »

    Rigardes était assis à l'arrière de l'une des innombrables voitures de fonction de la Red Corporation, une voiture dont la carosserie noire rutilante faisait ressortir les initiales stylisées de l'entreprise, peintes d'un rouge vif sur les deux portières avant du véhicule. Il connaissait par coeur ces sièges de cuir dur, et cette odeur à la fois épicée et florale qui flottait négligemment dans l'air. Certainement le parfum de Florinda Volonski, ce même parfum capiteux que l'on sentait au détour de chaque couloir des bâtiments de la Red Corporaiton. Ce parfum qui, imprégné d'une prestence indicible, aurait été capable de faire courber l'échine de n'importe qui en ce monde. Bercé par le vrombissement paisible de l'automobile, le jeune homme, négligemment appuyé contre la vitre glacée, détaillait d'un regard sec le paysage qui défilait sous ses yeux. Le quartier des affaires de la capitale n'avait jamais véritablement trouvé grâce à ses yeux ; il n'y voyait qu'un amoncellement écoeurant de bitume grisâtre. Voilà ce qui constituait son existence désormais : il était condamné à ne voir que des immeubles titanesques, s'élevant jusqu'aux nues avec une impériosité imbuvable. Rigardes, les mains en porte voix, expira une haleine tiède sur la vitre, qui, au contact de la surface froide, se transforma en une épaisse buée. Il songea qu'au moins, cela l'empêcherait de se voir obligé de poser son regard sur ce spectacle d'artifices qu'était la ville de Central City, mais, contre toute attente, la vitre lui renvoya tout de même son reflet couvert d'une brume opaque. De cette manière, il distingua non sans difficulté un visage dur et anguleux, aux mâchoires rudes et puissantes, ainsi que deux grands yeux métalliques dans lesquels brûlaient une sorte de flamme ardente de hargne. Il ne se demandait même plus pourquoi son visage affichait sempiternellement cette austérité si caractéristique ; il ne le savait que trop bien, et en passant une large main dans sa chevelure blonde et hérissée qu'il n'avait pas domptée depuis plusieurs décennies au moins, il songea qu'un homme qui organisait sa vie autour de rencontres mondaines telles que celle qui l'attendait ne pouvait décemment pas se permettre de négliger à ce point son apparence physique. A vrai dire, s'il admirait bien une chose chez ces hommes d'affaires bourgeois et méprisants, c'était leur exceptionnelle aptitude à sourire sur commande, et surtout lorsque l'occasion ne s'y prêtait pas. Le cours des actions de l'entreprise vient de chuter ? Vlan, sourire. Le dirigeant s'est fait assassiner dans son bureau la veille ? Vlan, sourire. L'amant de votre femme vous salue avec toute la mauvaise volonté du monde ? Vlan, sourire. Cependant, ce qu'on ne disait pas mais que l'on savait tous était que, bien que ces multiples sourires parussent de prime abord sincères, ils n'en étaient pas moins de brillants témoignages d'hypocrisie, purement et simplement. Tous les grands de ce monde se devaient de sourire, et ce en toute circonstance. Le sourire se subsituait tout bonnement à la confiance en soi. Rigardes, lui, n'avait jamais, au grand jamais, réussi à sourire dans la tourmente. Il pensait que cela aurait été se mentir à lui-même, et le mensonge était bien l'une des choses qu'il haïssait le plus en ce bas monde. Quant à Florinda Volonski, il se demandait s'il en était de même pour elle. Bien entendu, elle savait s'oublier avec brio, et jouer ce rôle qui lui incombait lorsqu'elle évoluait dans la haute société. Mais sourire en permanence ? Non, il ne l'avait jamais vue faire quelque chose d'aussi vil et déraisonné. Au contraire, elle ne souriait que trop rarement. La haine qu'elle vouait à ces vulgaires mafiosos bourrés d'impertinence et de faux principes devaient être telle que Rigardes ne pouvait même se la figurer ...

    Les minutes s'étaient écoulées bien plus rapidement que le jeune homme ne l'avait imaginé, et le véhicule de fonction s'ébranla dans un brouhaha de moteur asphyxié. Les iris grisâtres de Rigardes frémirent dans l'océan laiteux de la sclérotique et se déposèrent furtivement sur l'individu qui avait passé le trajet à ses côtés, sans même qu'il ne s'offusquât véritablement de sa présence. C'était une jeune fille, une nouvelle recrue, à première vue à peine majeure, qui arborait une chevelure d'un blond très pur, et qui portait, non sans s'en enorgueillir, l'uniforme rouge carmin relatif à la Red Corporation. Ainsi donc, Volonski s'était mise en tête de recruter des adolescents ? C'était amusant, et il n'aurait su dire si cette recrue était une exception à la règle, ou bien le fait d'une nouvelle fantaisie formulée par l'esprit au combien complexe de la dirigeante de la Red Corporation. Et, de toute manière, qui était-il pour remettre en cause les décisions de celle-ci ? Jamais il n'aurait osé, et, manifestement, cette jeune fille devait être particulièrement douée, ou particulièrement persuasive, auquel cas jamais Volonski ne lui aurait accordé une quelconque attention. Après tout, pourquoi pas. L'idée n'était pas si absurde. L'adolescente exhalait la verve de la jeunesse, et cela rafraîchissait Rigardes. Le son strident du klaxon de l'automobile éveilla le jeune homme de sa torpeur. A priori, ils étaient arrivés à bon port sans le moindre heurt. Florinda Volonski avait légèrement tourné la tête vers lui, et lui adressait un regard vide, comme s'il n'eût pas été en sa présence ; les deux orbes bleutées semblaient s'être gelées dans leur orbite. Rigardes crut, l'espace d'un instant, que la jeune femme venait de lui lancer un sourire confiant, paisible, mais il en déduit que ce ne devait être qu'une frasque formulée par son esprit maladroit. Il jeta un bref coup d'oeil aux armes suspendues à son ceinturon, puis quitta l'enceinte accueillante et aseptisée du véhicule. Florinda fixait vaguement le bâtiment devant lequel le chauffeur venait de faire une halte. C'était un immeuble concentrique constituées de multiples terrasses, elles-mêmes égayées par quelques plantes touffues d'un vert inconvenant. Un édifice moderne, aurait-on dit. Selon Florinda, en matière d'architecture, modernité rimait avant tout avec suffisance. Tout suintait l'arrogance dans cette construction prétendument novatrice pour son époque, et la jeune femme souffrait par avance des interminables heures passées en son sein. Finalement, la portière s'ouvrit, à la fois aimablement et froidement soutenue par Ayame Hasashi. Les talons des escarpins rouges de Florinda résonnèrent contre l'asphalte sitôt qu'elle fût hors du véhicule. Subrepticement, elle posa son regard bleu sur la silhouette élancée de la jeune fille, et au fin fond de ses prunelles brillait une étrange lueur, une lueur malveillante, mais également emprunte d'une attente indescriptible. Pour tout avouer, la dirigeante de la Red Corporation jubilait par avance de ce qu'elle réservait à sa toute nouvelle subordonnée ; elle considérait cela comme un jeu, à l'image d'une enfant qui s'amuserait à malmener sa jolie poupée fraîchement offerte. Si elle devait s'accommoder de réunions soporifiques et assommantes, autant tâcher de les rendre un tantinet divertissantes. En plus de cela, ce petit jeu auquel elle s'adonnait était en mesure de se substituer à une véritable mise à l'épreuve. Elle avait tout juste lancé les dés sur le plateau de jeu ; désormais, elle avançait case par case, avec une effervescence palpable.

    Les trois individus tout de rouge vêtus s'engouffrèrent dans le hall de l'immeuble. Les dalles de marbre rutilantes au possible accueillirent leur pas avec toute la bonte imaginable. Florinda, suivie de ses deux gardes du corps atypiques, progressait avec volupté, plongée dans un mutisme religieux. Cet édifice était semblable à un véritable labyrinthe, mais un labyrinthe dont elle connaissait tous les secrets. Tantôt elle empruntait les escaliers, tantôt elle bifurquait, parfois à droite, parfois à gauche, mais jamais sans savoir précisément où elle se dirigeait. Il était grandiose de constater avec quelle aisance elle parvenait à se repérer dans un lieu aussi vaste. Rigardes, quant à lui, ne se faisait pas remarquer, et piétinait avec une certaine nervosité aux côtés d'Ayame. Il s'imaginait qu'avec son piètre sens de l'orientation, il se serait déjà lamentablement perdu dans le dédale des couloirs ; cependant, ce qui le taraudait le plus était l'idée même de se retrouver dans une salle comble. Depuis Ishbal, il avait une sainte horreur des foules. Cela lui donnait malgré lui de folles envies de fusillades. Afin d'oublier dans quelles sombres pensées il s'embarquait, il lissa de la paume de sa main le revers de son uniforme rouge. Pour une fois, il tâcherait d'être présentable, à défaut d'être souriant. Après de longues minutes à arpenter de long en large les couloirs de l'immeuble, les trois compères de la Red Corporation achevèrent finalement leurs pérégrinations devant une immense porte de bois, condescendante à souhait. Florinda jaugea avec une hautainerie ostensible les deux vigiles qui lui bloquaient la libre entrée ; deux gorilles sans cervelles qui se pavanaient dans des smokings noirs hors de prix, pensant probablement que l'élégance s'achetait, comme tout le reste. De parfaits stéréotypes ambulants. La jeune femme leur adressa sèchement quelques mots, suite à quoi ils ouvrirent les portes comme on aurait abaissé le pont levis d'un château fort. Florinda réprima un soupir, fatiguée de ces cérémonies insensées, et pénétra la salle de toutes les mondanités, en compagnie de ses deux gais lurons au faciès sombre. On lui proposa à plusieurs reprises du champagne, qu'elle déclina froidement. Elle serra quelques mains inconnues, salua quelques bourgeois profondément imbus d'eux-mêmes, écouta sans conviction les cancans futils des femmes, histoire de se faire bien voir, puis, au final, elle rejoignit l'extrêmité opposée de la pièce, où une autre porte, plus modeste cette fois-ci, l'attendait. Car cette petite soirée mondaine n'était que l'apparence de ce qu'elle venait véritablement faire ici ; des affaires de plus grande importance l'occuperaient en ce jour béni, et elle était loin, terriblement loin de s'en réjouir. Après avoir pris une profonde inspiration, Florinda se jeta dans la fosse aux fauves, et poussa la large porte à battants, avant de se glisser dans cette nouvelle pièce. Une vaste pièce, dans laquelle avait été disposé en son centre un bureau de forme elliptique. Autour de ce même bureau étaient installés plusieurs hommes, tous des hommes d'affaires qui trempaient dans des activités louches, tous des hommes plus ou moins âgés vêtus de complets noirs dédaigneux.

    « Alors, tête cramée, on aime se faire désirer ? »

    Cette remarque fut accueillie par moult éclats de rire gras. Seuls certains hommes, davantage dignes de respect, surent s'abstenir de s'esclaffer à si pauvre plaisanterie. L'origine de ce sarcasme n'était autre que Weaver, le plus jeune mais également le plus outrecuidant de la joyeuse compagnie. Un bandit de bas étage qui n'avait absolument aucune renommée dans la capitale, si ce n'était pour ses petits deals ou encore ses agences d'escorte au combien équivoques. Florinda sourcilla à peine aux mots de Weaver ; Rigardes, quant à lui, porta furtivement une main à son ceinturon, mais la jeune femme l'en dissuada tout net. Celle-ci fit quelques pas en direction du trouble-fête, et lorsqu'elle fut finalement à son niveau, elle se pencha, et lui susurra à l'oreille d'une voix doucereuse :

    « Remballe les familiarités, Weaver. Je n'ai définitivement aucune balle à perdre pour toi aujourd'hui ... »

    A ces mots, la jeune femme empoigna non sans violence la chevelure hirsute du misérable individu, et abattit son visage contre la surface glacée du bureau. Cela généra de nouveaux éclats de rire de la part de certains hommes. Weaver laissa échapper un gémissement de douleur tandis que sa face s'écrasait contre le bois dur et rugueux. Il avait oublié la force phénoménale dont était dotée Volonski. Pas étonnant de la part d'un vétéran d'Ishbal, mais cela n'achevait jamais de l'étonner, d'autant plus qu'il en faisait à chaque fois les frais de la façon la plus explicite qui fût. Florinda, que la colère rendait peu encline à libérer le pauvre Weaver de son entrave, balaya brièvement la pièce du regard. Son uniforme rouge jurait avec les costumes noirs de ces hommes d'affaires mornes, en outre, elle était la seule femme du lot. Mais un détail illumina malgré elle son visage d'un sourire presque malsain, et elle ne put réprimer un ricannement digne d'une maléficienne.

    « Mais, ma foi, je constate que je ne suis pas la seule retardataire ... souffla-t-elle, tandis qu'un grincement l'avertissait que la porte venait de s'ouvrir derechef. Oh, voyez-vous cela, messieurs ... Quand on parle du loup, on en voit la queue. Tu daignes enfin nous faire l'insigne honneur de ta présence ... Hasashi ? »


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MessageSujet: Re: Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski]   Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski] Icon_minitimeVen 1 Avr - 20:39

Je devais souvent réprimer des bâillements dû à cette ambiance ennuyeuse régnant en maitre dans la salle. Si les femmes de la haute société aimaient se raconter les derniers ragots ou bien commérer à propos d’autrui, je n’avais jamais compris, pour ma part, ce qu’il y avait intéressant là-dedans. Je me contentais d’ignorer leurs bavardages inutiles pour porter mon attention sur les conversations avoisinantes. Des hommes parlaient affaire, d’autres femmes se complimentaient sur leurs tenues disons… ridicules ? La soirée allait être longue. Par hasard, est-ce que Florinda Volonski cherchait à tester ma patience ? Si des années plus tôt, cette vertu me faisait défaut, j’avais appris à la maitriser. Avoir un enfant à la charge, ce n’était pas de tout repos. Pas que Melyhanna était turbulente, même au contraire, elle était un véritable petit ange se forgeant peu à peu une personnalité pour faire face à ce monde qu’elle découvrait jour après jour. Cependant, il y avait bien eu des moments où j’avais dû m’armer d’une bonne dose de persévérance lorsque je décidais d’apprendre à lire à la jeune fille. Elle reconnaissait quelques mots ou bien quelques chiffres, mais sans plus. Maintenant, elle savait même écrire. J’avais découvert avec étonnement la récompense de tous ces efforts acharnés destinés à aider ma protégée. Un sentiment de réussite, de paix intérieure et de joie, que je ne saurais parfaitement décrire. Dans ce cas-ci, je me demandais bien ce que m’apporterait la patience. Prouver à ma patronne que je savais restée éveillée malgré toutes ces discutions inutiles, ne servant qu’à se faire bien voir par les autres ? Me retenir d’exploser de frustration devant ces hommes me regardant de la tête aux pieds, se demandant quel âge j’avais ou bien auprès de ces pimbêches qui ne cessaient de se forçaient à rire haut et fort comme si on leur avait raconté la blague du siècle ?

À mon plus grand bonheur, je découvrais que la soirée allait se trouver plus mouvementée que ce que j’espérais. Je suivais la dirigeante de la Red Corporation, sans un mot, épiant les convives du coin de l’œil. J’avais remarqué que j’étais la seule personne de sexe féminin à revêtir le rôle de garde du corps. Fallait avouer que ce n’était pas les femmes présentes dans cette vaste pièce qui allaient se salir les mains avec un travail de ce genre. Elles avaient des activités beaucoup plus intéressantes dans leur vie comme prendre le thé avec une bande de femmes superficielles qui dépensaient sans compter l’argent que gagnait leur mari – et d’ailleurs ce dernier sans fichait bien jusqu’au jour où il sera obligé de déclarer faillite - ou bien en allant voir secrètement leur amant. D’ailleurs, je me demandais ce que faisait la femme étant censée me servir de mère lors de mon enfance pour préférer sortir si fréquemment de la demeure familiale plus tôt que de s’occuper de ses enfants ? Enfin, maintenant elle n’avait plus ce problème étant donné qu’Hitomi et moi avions décidé de prendre lâchement la fuite. Peut-être que tout aurait été différent si ma grande sœur avait osé élever la voix contre mon père, si j’avais eu l’audace de parler de tous ces coups récoltés à ma génitrice, si nous ne nous étions pas enfuies pour régler le problème. Cependant, je m’étais fait à l’idée qu’on ne change pas le passé. On ne peut pas revenir en arrière. Par contre, le passé, lui, peut nous rattraper. Quelques fois, il nous prend totalement au dépourvu, alors qu’on aurait dû se douter. Se douter qu’il nous attendrait au détour du chemin de notre vie, alors que nous avons simplement fait l’erreur de baisser notre garde…

Mademoiselle Volonski poussa une porte qui me laissa découvrir ce qui se tramait sous cette soirée. Tous des hommes. Ils étaient vêtus à la manière de tous les autres convives masculins, excluant bien évidement les gardes du corps. J’aurais dû m’y attendre. Ce genre de soirées devaient avoir une quelconque utilité, apporter quelque chose à ses organisateurs. Voilà que je venais de découvrir le tout. Sur quoi porterait exactement cette réunion ? Certainement pas sur la pluie et le beau temps. Jamais je n’avais eu l’occasion d’assister à ce genre de réunion, auparavant. Je n’étais qu’une simple tueuse après tout et ce genre de chose ne me concernait guère. Ce soir, j’allais en apprendre probablement un peu plus sur la Red Corporation ainsi que d’autres organisations qui ne m’était pas inconnues. Je reconnaissais quelques personnes pour avoir vu leur photo ici et là, mais je possédais que peu d’informations à leur sujet. Ainsi, la majorité des grands de ce monde baignaient dans des affaires pas très nettes ? Lorsque l’on a vu l’envers du décor de Central, ces ruelles si sombres et étroites d’où n’importe qui peut surgir et vous tuer sans scrupule, lorsque l’on a subit les coups d’un homme censé être digne et respectable alors que l’on était sans défense et lorsque l’on a connu des hommes censés de défendre les plus faibles, mais qui ne pensent qu’au pouvoir que leur apporte leur grade, il est impossible de croire à ceux et celles qui pourront prétendre désirer un monde meilleur. Central, sous ses apparences, est une ville de corruption et de magouilles de tout genre.


« Alors, tête cramée, on aime se faire désirer ? »

Eh bien, voici de quoi bien commencer cette réunion… Je ne pus m’empêcher de sourciller à cette réplique qui déclencha l’hilarité. C’était… censé être drôle ? Je voyais très bien d’où venait ce surnom, mais s’il suffisait de faire référence au physique pour lancer des insultes, je pourrais m’y mettre avec grande facilité. Je balayais la salle du regard. L’un des hommes présents, grand, pas très musclé et au teint livide me rappelait un certain animal… une autruche, voilà. L’autre, là-bas au fond, avait un nez qui ressemblait aux groins des porcs. Et puis, il ne fallait pas oublier cet homme dont les deux sourcils semblaient s’être soudés pour n’en former qu’un seul. Ils en voulaient des commentaires désobligeants ? En voilà. Cependant, ma très chère patronne ne jouait pas avec les mots. Elle utilisait des méthodes plus brutales pour s’occuper des petits plaisantins. Ce semblait être également le cas de mon coéquipier qui n’hésita pas à porter sa main à son arme. Pour ma part, mes deux bras tombaient le long de mon corps, mais j’avais jointes mes mains ensembles, attendant patiemment que cette fameuse réunion commence. À quoi me servirait le fait de tirer sur un abruti en sachant que la pièce grouillait d’hommes armés qui n’hésiteront pas à me descendre ? Je ne prendrais pas ce risque. Et puis, mademoiselle Volonski pouvait bien s’occuper elle-même de cas de ce pauvre taré dont le visage était toujours écrasé sur le bureau. Il aura reçu sa leçon de la soirée, lui...


« Mais, ma foi, je constate que je ne suis pas la seule retardataire ...

Ah ce moment, j’entendis la porte s’ouvrir derrière nous. Je ne me retournais pas, songeant que ce devait encore être un pauvre homme sans le moindre intérêt. Ce retardataire allait-il recevoir également des moqueries ? Ça ne m’étonnerait pas que cela ne soit guère le cas en fait. J’avais bien compris avec le temps que le monde de la mafia était surtout réservé aux hommes, malgré les grandes femmes telles que mademoiselle Volonski qui réussissaient à se faire remarquer et à diriger de grandes organisations comme la Red Corporation. Il fallait être forte et savoir tenir tête à ce genre d’homme pour œuvrer ainsi dans l’ombre de la ville. Les choses étaient loin d’être simple dans ce milieu.

« Oh, voyez-vous cela, messieurs ... Quand on parle du loup, on en voit la queue. Tu daignes enfin nous faire l'insigne honneur de ta présence ... Hasashi ? »

Avais-je bien entendu ? Hasashi. Elle ne parlait pas de moi, je le savais bien, mais j’aurais espéré que ce fut le cas, ne serait-ce que pour ne pas tomber face à face avec cet homme. Je sentais mon estomac se serrer. À moins que ce ne soit mon cœur ? C’était quelque chose à l’intérieur de moi, mais j’étais trop sous le choc pour déterminer ce que c’était, aussi évident à découvrir soit-il. Je n’osais pas me retourner tout de suite. Cependant, ce n’était pas parce que je ne le voyais pas qu’il n’était pas derrière moi. Je repensais à Melyhanna qui, lorsqu’elle était terrorisée, se cachait sous ses couvertures, pour ne pas voir si ce qu’elle craignait tant était là où non. Comme si, en se cachant, elle croyait qu’il disparaitrait. Malheureusement, ça ne fonctionnait pas ainsi. Je me retournais donc, retenant mon souffle, vers l’homme qui venait de mettre les pieds dans la pièce, également accompagnés de quelques hommes de mains. Si j’avais, à quelques occasions, déjà croisé les démons du passé, je faisais maintenant face à leur chef. L’instigateur de toutes mes peurs, de mes années de souffrance et de mes larmes étaient à présent devant moi. Si notre surprise était la même, nos réactions étaient bien différentes. Il plongea son regard dans le mien et aussitôt je me sentais défaillir. Je rompais le contact visuel, c’était trop pour moi. J’avais peur de sa réaction, j’avais peur de ce qu’il pouvait faire.

Mais pourquoi ? Il m’avait fait du mal pendant des années, il avait également blessé ma sœur. Je ne devrais plus avoir peur. Je connaissais ce monde de crime et d’hémoglobine dont il faisait également parti. J’étais en territoire connu, je savais ce que je valais en tant que tueuse. La preuve était que, malgré mon jeune âge, mademoiselle Volonski avait accepté de m’intégrer dans ses rangs. Je m’étais juré de ne pas la décevoir, je lui avais assuré d’être à la hauteur de ses attentes. Allais-je réussir ? J’étais confrontée à un si terrible épreuve… La dernière fois, je n’avais pu le supporter, j’avais tout simplement fondu en larme. Maintenant que cela était du passé, je me demandais pourquoi avoir versé des larmes face à des souvenirs du passé, aussi douloureux soit-il. À présent, allais-je également pleurer comme une petite gamine sans défenses ? Je sentais pourtant un liquide transparent monter à mes yeux, mais je ne voulais le laisser aller plus loin. Je devais être forte. Personne ne me défendrait maintenant. Ce n’était pas ma patronne qui allait lever le petit doigt pour moi, attendant probablement que j’affronte mon père, question de voir comment j’allais réagir. Cependant, elle ne connaissait guère mon histoire, elle ne pouvait pas savoir comment il me répugnait, il m’effrayait et à quel point je pouvais le détester. Je sentais son regard haineux et perçant se poser sur moi, me détailler de la tête aux pieds en une fraction de secondes, puis se poser sur mademoiselle Volonski. Oserait-il me frapper devant tous ces gens ? Pensait-il à lever de nouveau la main sur moi ?



-«Je ne savais pas que tu étais désespérée au point de recruter les enfants de tes concurrents, tête cramée !»


Il fit quelques pas vers moi. Je savais qu’il me regardait, son regard cherchant le mien. Il voulait percevoir ma peur, constaté qu’il avait toujours une emprise quelconque sur moi et qu’il pouvait me désarmer aussi facilement qu’autrefois. L’idée de sortir mon arme à feu ne m’effleura même pas l’esprit. Doucement, j’allais replacer une mèche de cheveux qui encadrait mon visage, évitant son regard à tout prix. Sa main se referma sur mon poignet, me forçant à tourner la tête vers lui et à plonger momentanément mon regard dans le sien. Je ne pouvais pas le laisser mon contrôler ainsi. Même si j’étais si faible face à lui, je ne pouvais pas faire en sorte que ça continue ainsi. Je devais me relever et être forte, malgré toute la peur qu’il m’inspirait. Oui… mais c’était plus difficile à dire qu’à faire. Déjà, ne pas fondre en larmes était un excellent début. Il ne devait plus avoir d’emprise sur moi. Sinon, comment pourrais-je dire à Melyhanna de ne pas avoir peur de ses parents, de les affronter le jour venu si je n’étais même pas capable de faire face à mon propre bourreau ? Tout cela devait cesser et je devais puiser en moi le courage pour y arriver. Je devais ravaler mes larmes, sortir les armes et me battre pour ma liberté. Ainsi, ces cauchemars cesseront, ces démons seront détruits et la peur fera partie d’une époque révolue.

-«Avec une garde comme elle, tu ne survivras pas bien longtemps… »

D’un coup sec je dégageais mon poignet de sa main. Si je n’étais toujours pas capable de le regarder dans les yeux, j’avais au moins osé me défaire de cette emprise.

-«Ne… me touche pas… »

Un murmure. Je n’avais peut-être pas haussé le ton, ma voix était peut-être tremblante, mais j’avais réussis à parler. J’avais dénoué ma gorge qui s’était serrée, bloquée dès que cet homme était apparu. J’avais prononcé quelques mots, mais c’était bien peu comparativement à tout ce que je voulais lui cracher au visage tel un venin mortel. Je ne savais comment il allait réagir et je ne pourrais le savoir pour le moment car une voix s’éleva pour interrompre ces retrouvailles familiales.

-«Hey Hasashi ! Tu règleras tes problèmes plus tard ! »

Alors que mon géniteur se dirigea vers son siège, je tentais de reprendre une respiration régulière avant de me placer aux côtés de mon coéquipier dont j’avais oublié le nom. Ricardo ? Richard ? Ricardes ? Non… Rigardes. C’était ça. Rigardes, cet homme à qui je n’adressais un regard, restant silencieuse alors que la réunion commençait. Je tentais de sécher ces gouttes d’eau qui n’attendaient que le signal pour faire la course le long de mes joues. Je sentais que cette soirée allait être pénible, encore plus pénible que tout ce que je pouvais imaginer.
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Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski] Empty
MessageSujet: Re: Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski]   Behind Blue Eyes [PV Florinda Volonski] Icon_minitimeMer 3 Aoû - 11:26

« Les hommes ont peur de la mort, comme les enfants du noir ;
Chez les enfants, cette peur est due aux histoires qu'on leur raconte,
Chez les hommes aussi ... »


    La Volonski souriait. Bien plus qu'un sourire, c'était un immense rictus qui voulait bien. Son regard bleu océan s'était posé avec une certaine langueur sur la porte de bois massif qui venait à l'instant de s'ouvrir, découvrant, au travers de l’entrebâillement, le visage de l'homme qu'elle avait attendu avec une impatience difficilement contenue. A peine quelques secondes plus tôt, elle avait prononcé le nom de son concurrent d'un ton méphistophélique, veillant à détacher chaque syllabe, espérant ainsi le faire résonner en écho, à l'infini. Elle aimait à sentir que chaque chose était sous son contrôle ; elle se délectait avec un sadisme ostensible de la situation actuelle, comme si elle avait été, en quelque sorte, le maître du jeu, jetant, en son âme et conscience, les dés sur le plateau, tout en sachant instinctivement ce qui allait se produire par la suite. Son influence grandissante la grisait véritablement, d'autant plus que ce nom, celui d'Hasashi, n'avait, dans l'absolu, rien d'innocent. Elle songea, l'espace d'un instant, à sa toute jeune recrue, qu'elle estimait pourtant prometteuse. Elle avait vu et ressenti l'ambition qui luisait au plus profond d'elle, et peut-être cela avait-il été l'élément déclencheur du complot qu'elle avait si ingénieusement fomenté. La confrontation s'avérerait certainement savoureuse, pensait-elle tandis que, sans un regard pour Ayame, elle observait son plus redoutable rival fouler le parquet fraîchement ciré de la salle de réunion improvisée. Elle se souvint qu'au début de sa carrière à la tête de la Red Corporation, le nom d'Hasashi était, dans le milieu des affaires, sur toutes les lèvres. A l'époque, Florinda, encore jeune et ivre d'idéaux, s'était lancée à la poursuite de la gloire et du pouvoir avec une énergie effrénée qu'elle ne se connaissait plus. Douces frasques de la jeunesse ! Ce temps béni était révolu depuis belle lurette, désormais. Quoi qu'il en fût, Hasashi avait été, dès le départ, l'homme à abattre, tout du moins aux yeux de la Rose noire de la Red Corporation. Il suintait tant le succès, il empestait l'argent à des kilomètres à la ronde. Florinda, alertée par la réussite de ce quidam, avait développé à son égard une sorte de fascination mêlée à une terrible concupiscence. La cupidité vorace de la jeune femme l'avait poussée à commettre toutes sortes de malversations, toujours sans le moindre état d'âme, sans la moindre once de pitié quelle qu'elle fût, et elle avait servi, par conséquent, dans tous les domaines possibles et imaginables. On disait d'elle qu'elle ne disposait d'aucune éthique, d'aucune morale, qu'elle était prête à tout, surtout au pire. Il aurait été mentir que de nier ces accusations. En outre, ce furent ces accusations qui valurent à Florinda Volonski sa réputation et sa renommée. On lui faisait de la réclame sans qu'elle n'eût rien demandé ; de quoi pouvait-elle donc se plaindre ? Elle s'en trouvait gagnante sur tous les plans et s'en réjouissait, elle ne s'en cachait pas. Au final, elle parvint, non sans peine, à évincer ce maudit Hasashi dont on avait tant parlé durant ces dernières années. Elle s'était frayée un chemin jusqu'au devant de la scène, illuminant le monde de ses sourires factices et de ses prétendues bonnes intentions. Si lesdites bonnes intentions étaient probablement le pur fruit de l'imagination de tiers, personne ne trouvait quoi que ce fût à redire en ce qui concernait les aptitudes et la rigueur de la Volonski. La jeune femme était féroce, foncièrement compétente ; cela suffisait à contenter l'appétit de la plèbe. Pourtant, elle avait beau avoir prétendument surpassé son prédécesseur, celui persistait et signait, à l'image d'un minuscule caillou coincé au fond d'un godillot. Quand allait-elle enfin se débarrasser de ce démon ? Elle ne se le demandait que trop souvent. Cependant, sempiternellement, elle constatait qu'Hasashi et sa présence asphyxiante était convié aux mêmes réunions, tiré à quatre épingles dans un costume hors de prix. Cette vision n'achevait jamais de la débecter au plus haut point, et secrètement, elle attendait le jour où elle pourrait se débarrasser de cet être profondément nuisible.

    Et ainsi, le grand rival avait fait son entrée, fracassante, grandiloquente, comme de coutume. Florinda n'osait le quitter des yeux ne serait-ce qu'une seule seconde. A vrai dire, elle jubilait intérieurement. Presque naturellement, la main qu'elle avait si violemment appuyé sur l'occiput de Weaver desserra son étreinte, mais le jeune fauteur de trouble habituellement si pimpant resta immobile, craignant sans doute d'autres représailles, ou tout du moins, tâchant de se tenir à carreau pendant quelques temps. Qui aurait souhaité plonger de nouveau la Volonski dans une colère noire ? D'autant plus que la présence d'Hasashi ne devait rien améliorer à son humeur crépusculaire. En cet instant précis, lorsque la voix de Florinda se fut éteinte, elle laissa place à un silence plus que glaçant. Elle devina le tressaillement presque imperceptible qui parcourut l'échine de la jeune Ayame à l'entente du nom que l'on attribuait, dans ce milieu, à son illustre géniteur. Une incroyable tension s'était installée entre le père et la fille, une tension palpable, empreinte d'une lourdeur indicible. En bref, il régnait, à cet instant précis, une atmosphère oppressante au possible, tant et si bien qu'elle parvînt presque à faire ressentir de l'inconfort à la reine de la désinvolture que s'enorgueillissait d'être Florinda Volonski. Celle-ci, par ailleurs, n'osait s'imaginer les atrocités qu'avait pu faire subir Hasashi à sa jeune subordonnée. Ainsi, afin de s'en donner une brève idée, la dirigeante de la Red Corporation finit par jeter un bref coup d'oeil dans la direction de la principale concernée, un coup d'oeil pourtant suffisant pour se figurer l'émotion qui la traversait en ce moment fatidique de son existence. En effet, la toute jeune femme s'était pour ainsi dire statufiée à la simple vue de son tyran de père. Ses lèvres tremblaient légèrement, et elle lançait à l'homme d'affaires un regard fou d'animal apeuré, tant et si bien que Florinda aurait presque pu ressentir une once de compassion à son égard. Pourtant, rien n'y fit, la dirigeante de la Red Corporation resta de marbre, l'océan glacial de ses yeux reflétant à merveille le plaisir malsain qu'elle éprouvait à se jouer des sentiments de sa subordonnée. Celle-ci semblait véritablement effrayée, et encore, le mot paraissait bien dérisoire. Mais le jeu ne faisait que commencer, et Florinda était bien loin d'être repue, au contraire, la réaction, certes prévisible d'Ayame, n'avait fait qu'attiser sa curiosité déjà exacerbée. Elle dictait les règles, menait les autres individus à sa guise, à l'image d'un despote dirigeant ses troupes de l'extrémité de sa baguette. Elle n'avait pas le moindre remord. Sa petite conspiration porterait tôt ou tard ses fruits, elle en était convaincue, et cela lui permettrait, en parallèle, de s'assurer de quel bois sa nouvelle recrue se chauffait. Elle avait eu de nombreux doutes concernant son entrée dans la Red Corporation ; elle pouvait de fait se rassurer quant au fait d'avoir fait, ou non, un choix judicieux. Comme elle s'en serait voulu de constater que la petite Ayame ne fût pas à la hauteur … Mais ce qui n'avait pas de prix, c'était d'admirer le visage de ce fourbe d'Hasashi se décomposer à une vitesse ahurissante. A l'instant même où l'homme avait posé les yeux sur celle qu'il avait reconnue comme étant sa progéniture, celui-ci s'était brusquement coupé dans son élan, son teint s'était fait blafard, son regard vitreux, et dans la seconde qui suivit, il fusillait Florinda du regard, au paroxysme de sa fureur. Et lorsque ses lèvres s'entrouvrirent finalement, il cracha au visage de la jeune femme son venin pernicieux :

    - « Je ne savais pas que tu étais désespérée au point de recruter les enfants de tes concurrents, tête cramée ! »

    Le voilà qui tâchait vainement de sauver les apparences. Le grand homme disposait d'un bon lot de fierté, il aurait été vain d'essayer de le nier. Pour faire suite à sa remarque acerbe, Florinda se contenta d'offrir à son plus illustre rival un sourire ironique, tandis que son rire faisait tintinnabuler à travers la pièce quelques charmantes trilles de cristal. La jeune femme observait la rencontre avec une curiosité loin d'être contenue, tant et si bien que cela pouvait à l'occasion s'assimiler à du voyeurisme, purement et simplement. Prostrée dans un mutisme vicieux, elle s'était lentement redressée, avec la jouissive impression que le temps s'était subitement arrêté, et qu'elle le détenait entre ses paumes. Toutes les possibilités, toutes les opportunités s'offraient à elle, elle n'avait qu'à tendre la main pour les saisir. Quelle sensation rafraîchissante ! Ayame, quant à elle, semblait bien moins enthousiaste que ne pouvait l'être sa patronne. Il semblait même qu'elle était à deux doigts de fondre en larmes, ou de s'avachir sous le poids de la situation. Mais Florinda avait foi en elle ; du moins, elle tâchait de ne pas la sous-estimer. Elle était persuadée qu'elle parviendrait à faire face à ses émotions, aussi fulgurantes fussent-elles. A présent, elle faisait partie de la Red Coporation. Elle ne pouvait guère se permettre de faillir, encore moins dans un moment pareil, auquel cas elle en subirait les conséquences, et Dieu savait qu'elles étaient à mille lieues d'être plaisantes. Le père s'était approché de la fille, doucereux, menaçant, et la fille, tétanisée par la peur, n'avait pas esquissé le moindre mouvement. Il était comme le prédateur se glissant pernicieusement derrière sa proie pour mieux l'égorger, se repaître de sa chair et de son sang – et en l'occurence, cela lui revenait de droit, et l'on pouvait presque, derrière les grondements du félin tragiquement dangereux, entendre les supplications désespérées de sa victime, terrifiée à la venue de la mort, de sa mort. La dirigeante de la Red Corporation s'attendait à un joli drame familial en perspective, un spectacle dont elle refusait de perdre la moindre miette. Coups, blessures et larmes d'aigreur, voilà ce qu'il lui fallait pour la sortir de l'ennui du quotidien. Et, tandis que la proie tremblait de façon presque imperceptible, Hasashi s'empara de son poignet frêle sans aucune douceur, voire même avec une violence inavouée. Ayame fuyait le regard de son géniteur, elle se refusait à l'affronter. Aux yeux de la pragmatique Florinda, cette attitude n'avait rien de digne, et à l'heure actuelle, elle n'avait pas le cœur à ressentir la moindre compassion pour sa subordonnée, ou à faire preuve d'altruisme. D'autant plus que l'altruisme n'avait jamais été son point fort, bien au contraire. Lorsque la jeune Hasashi osa enfin se dégager de l'emprise du tyran qui lui faisait office de père, elle se risqua à articuler quelques mots. Des mots prononcés d'une voix faible, chevrotante, mais qui étaient cependant le prix d'efforts incommensurables, efforts que Florinda saluait en silence de son cynisme inhérent. Et suite à cette scène burlesque au possible, ce fut la voix de l'alchimiste qui s'éleva enfin, tranchante, impitoyable, mais malgré tout empreinte d'une raillerie certaine :

    - « 'Survivre' ? A-t-on jamais dit que mon but était de survivre, mon cher ? Au contraire, je paierais une fortune pour voir de nouveau ton visage se décomposer de la sorte. Grâce à toi, je me suis beaucoup amusée. Et regarde un peu, voilà que tu as égayé une réunion qui s'annonçait profondément assommante ! Chapeau bas, Hasashi. »

    A ces mots, Florinda prit place autour de la table, tout comme le fit à son tour Hasashi. Rigardes était resté en retrait, non loin de la porte d'entrée, et la scène de retrouvailles à laquelle il venait d'assister le laissait particulièrement dubitatif. Parfois, il devait avouer ne pas comprendre le penchant qu'avait la jeune femme pour ce genre d'histoires sordides, et sa cruauté le surprenait toujours. Elle aimait à réduire les autres individus à ce qu'ils avaient de plus petit, de plus méprisable, et cela pour mieux réaffirmer sa propre supériorité. Elle avait ce besoin malsain de sentir que tout était sous son contrôle, qu'elle pouvait faire ployer quiconque d'un simple battement de cils. C'était dans sa nature, le jeune sniper avait fini par l'accepter, voire même par trouver cela naturel. Et parce que c'était Florinda, et non quelqu'un d'autre, il trouvait à ce désir de domination un charme certain et sans limite. Quoi qu'il en fût, lorsque Ayame prit de nouveau place à ses côtés, il se sentit mal pour elle. On appelait ce sentiment « compassion », il ne le connaissait que trop bien. Littéralement, cela signifiait « souffrir avec », atteindre une telle communion de l'âme et de l'esprit que l'on était capable de ressentir les émotions traversées par un tiers au même titre que lui. Et en effet, à cet instant précis, Rigardes ressentait la souffrance inextinguible qui tiraillait intérieurement sa comparse. Il sentait son corps, qui lui paraissait alors infiniment chétif et fragile, trembler avec retenue. Il lança une œillade discrète à la jeune fille, et la vit s'essuyer les yeux avec pudeur. Il eut l'étrange envie de fondre en larmes avec elle, la douleur incrustée en elle était tellement ostensible … Cela se propageait comme une vilaine tumeur. Alors, il déposa une main confiante sur son épaule, et chuchota quelques mots d'un ton qui se voulait rassurant. Il ne se rendit pas même compte de ce qu'il avait dit. Quelque chose comme : « Ce n'est pas le moment de perdre la face. Sois forte. » Oui, quelque chose dans ce registre, mais sa confusion l'empêchait de s'en rendre clairement compte. Rigardes se gaussa de lui-même, intérieurement. Depuis toujours, il se montrait excessivement gentil et compréhensif envers autrui, prêt à défendre la veuve et l'orphelin au prix de sa vie. Florinda le lui reprochait sans cesse, mais peut-être était-ce uniquement car il était tout ce qu'elle ne pourrait jamais être, et que cela l'irritait. Souvent, le paradoxe de son existence le rattrapait. S'il pouvait être fier d'être, au fond, un homme plutôt bon, il n'avait jamais véritablement l'occasion de le démontrer. Comment un homme bon pouvait-il se démarquer dans un milieu aussi abrupt que celui de la mafia ? Et que faisait-il là, d'ailleurs ? Si Florinda ne lui avait pas permis de remonter la pente, si elle ne lui avait pas offert une renaissance, jamais il ne serait là. A vrai dire, il serait certainement dans les bas-fonds de la capitale, en train de ruminer son affliction. Il était à sa place, désormais. Il en était intimement convaincu. Et tandis qu'il se faisait cette réflexion, les dirigeants de la pègre s'agitaient devant lui, et les effusions de voix s'élevaient en multiples échos. Cette réunion promettait d'être animée, comme de coutume …

    C'est donc sur les chapeaux de roue que la réunion débuta, entre discussions d'un sérieux outrancier et joutes verbales virulentes, la plupart du temps concernant l'économie de la capitale en dents de scie, et surtout l'influence des différents gangs en son sein. En effet, certains dirigeants se plaignaient de l'assiduité des entreprises de gros calibres, telles que celles menées par Hasashi ou Volonski, et revendiquaient le contrôle d'un plus grand nombre de flux. Ce à quoi l'homme répondait par un dédain de tous les diables, et la femme par une agressivité plus que contenue. Pour qui se prenaient-ils, ces idiots ? Pensaient-ils sérieusement que tout allait leur tomber entre les doigts s'ils se donnaient la peine de le réclamer, faisant fi de l'amabilité, qui plus est ? Florinda, elle, n'avait pas attendu qu'un tiers prenne son destin en mains à sa place. Elle s'était levée un beau jour, et avait décidé d'en finir avec l'inertie. Elle avait marché droit devant elle, le regard vers l'horizon, et le sol s'était mis à trembler sous la force de ses pas. Voilà ce qu'elle avait fait, voilà comment elle en était arrivée là. Et elle abhorrait plus que toute autre chose les benêts qui levaient les yeux au ciel, hagards, persuadés d'y déceler un signe de leur réussite future. Par ailleurs, la furie à l'opulente chevelure blonde ne tarda pas à les remettre à leur place, haussant le ton, tapant du poing sur la table, s'emportant plus que jamais. Elle répétait que la pègre n'avait rien d'un milieu reposant, et qu'il fallait y mériter sa place. Puis elle enchaînait, venimeuse, attribuant des noms d'oiseaux à ceux qui s'essayaient à la contredire. Comme toujours, les autres hommes d'affaires attablés lui jetaient des regards atterrés. Décidément, quoi qu'on pût en dire, la Rose noire de la Red Corporation semblait en grande forme, en très grande forme. L'entretien ne s'attarda guère suite à l'intervention plus qu'explosive de la jeune femme ; en effet, ses compères, refroidis par son attitude belliqueuse, s'étaient enfermés dans un mutisme loin d'être coopératif, et avaient savamment courbé l'échine, vaincu par la hardiesse de la Volonski. Après s'être salués de façon prétendument cordiale, la plupart des dirigeants prirent congé, trop amers pour musarder dans cette pièce froide et terne, si bien qu'il ne resta bientôt plus que Florinda et Hasashi, accompagnés de leurs subalternes, se défiant perpétuellement du regard à travers un bras de fer musclé. Florinda Volonski, nonchalamment installée autour de la table massive, avait déposé son menton au creux de ses mains, ses paupières battant avec frénésie, un cigare évanescent entre les doigts. Elle fixait sans relâche celui qu'elle considérait comme son plus brillant adversaire, lui qui, à l'autre extrémité de la pièce, rangeait minutieusement quelques documents dans son attaché-case.

    - « Ma foi, ce fut intéressant, si je puis dire … clama-t-elle suffisamment fort pour que son interlocuteur puisse percevoir ses paroles. Cela n'a démontré qu'une chose : l'influence de la Red Corporation au sein de la capitale n'est plus à prouver. Pour ce qui est de ta compagnie, elle me paraît être sur le déclin, me trompe-je ? Triste, triste ironie du sort. »

    La jeune femme ne put réprimer un éclat de rire qui résonnait comme une victoire personnelle. Elle aimait jouer avec le feu, c'était évident, et par dessus tout, elle s'amusait beaucoup des réactions sèches de son concurrent, ce qui prouvait, malgré tout, que cela ne le laissait pas indifférent. Après tout, titiller Hasashi était l'un de ses passe-temps favoris, et elle ne pouvait s'en lasser tant que celui-ci persistait à se trouver sur son chemin.

    - « Comme quoi, l'ancienneté ne fait pas tout, reprit-elle fatalement, tandis que ses yeux bleu-cobalt se posaient sur Ayame. Oh, j'oubliais ! Il est amusant de constater à quel point les liens du sang sont surprenants. Qu'une paramécie de ton espèce ait engendré une enfant si pleine de ressources … Cela me dépasse. »
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