Brotherhood [Pv : Jaremy]



 
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 Brotherhood [Pv : Jaremy]

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MessageSujet: Brotherhood [Pv : Jaremy]   Brotherhood [Pv : Jaremy] Icon_minitimeSam 23 Oct - 18:31

« L’amour veut vivre aux dépens de sa sœur,
L’amitié vit aux dépens de son frère »


-« Mais pour qui vous prenez-vous donc, JASDERO ?! »

Un poing vengeur et grassouillet vint s’abattre sur la surface du bureau, faisant voler les feuilles et les traités. Le général était furieux, ça se lisait jusque dans sa moustache élégante qui frémissait. Combien de temps avait-il passé à la peigner, ce matin ? Cette question incongrue fut posée mentalement par le colonel Aisya Jasdero qui se tenait présentement devant le bureau de son supérieur hiérarchique. Droite et fière comme une tour de cathédrale, elle semblait malgré tout défier l’homme qui avait dressé un rempart entre elle et lui, de peur de se faire foudroyer. Au sens propre comme au sens figuré. Il n’était pas indifférent à sa réputation, mais, pour une fois qu’il avait l’occasion de la réprimander, il ne ratait pas sa chance. En effet, Aisya était un peu comme un démon au sein du QG ; mais un démon qui n’était pas au plus haut grade. De ce fait, lorsque la faute qu’elle faisait était assez grave pour alerter une bonne partie des hauts cadres de l’armée, il s’y mettait à plusieurs pour lui passer un savon.

Mais qu’avait été la faute commise par le terrible Thunder Alchemist ? Non pas qu’elle était irréprochable mais, apparemment, cette fois-ci, elle avait dépassé les bornes. Et encore, ils ne savaient pas tout : Aisya avait pénétré un lieu formellement interdit de Central et ce, en toutes connaissances de causes. Ce qu’on ignorait par contre, c’est ce qu’elle y avait fait. Et heureusement pour elle, on ne le saurait jamais. Et c’était tant mieux.

-« Estimez-vous heureuse d’être un effectif si important au sein de l’armée, sinon vous auriez pu faire une croix sur votre carrière ! Un seul trouble-paix dans un ensemble homogène suffirait à y semer le chaos ! Remerciez votre talent et votre hargne ! »

A ce dernier mot, une veine apparut sur la tempe d’Aisya et palpita violemment. Quelle audace ! Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait tôt fait de lui faire ravaler ses paroles. Mais il y avait un fond de vérité à ce qu’il lui reprochait. Elle devait faire attention à ne pas trop attirer l’attention sur elle si elle voulait tirer sa révérence sans trop ébruiter la foule, afin de pouvoir revenir, son heure venue. Elle n’avait pas non plus prévue ces remontrances. Tout ce qu’elle avait voulu, c’était interroger Scar sans être dérangée. Au moins, les autorités ne les avaient pas vu ensembles. Là, ç’aurait été la peine de mort pour trahison.

La jeune femme, les mains le long du corps, serra les poings, faisant grincer le cuir de ses mitaines. Comme elle haïssait les bureaucrates ! Si un jour le pouvoir lui appartenait, ils seront les premiers sur sa liste à être supprimés. Ils étaient le comble de la force militaire d’Amestris ! Et si nombreux ! Aisya fulminait de rage lorsque le général, qui paraissait avoir finir de la couvrir de réprimandes à moitié écoutées, conclut son sermon ainsi :

-« Votre égarement n’a pas laissé les hautes sphères indifférentes, vous vous en doutez bien, Colonel. Vous savez, si un soldat fait une gaffe, ça passe plus facilement que lorsque c’est un officier, surtout de votre envergure. »

Sa voix s’était quelque peu radoucie mais trahissait néanmoins l’agacement. Il passa une main dans ses cheveux gominés et donna une enveloppe à Aisya dans laquelle il avait glissé le rapport concernant cette affaire. Ainsi donc, ce n’était pas fini ! La jeune femme réprimanda un soupir et saisit le papier entre deux doigts.

-« Vous irez faire un tour chez le général de corps d'armée de la branche communication. Il sera sans doute plus qualifier que moi pour … »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que le colonel était partie, claquant la porte avec colère. L’homme derrière son bureau ne dit rien. Il secoua la tête, se désespérant à trouver une raison qui poussait cette si jeune femme à tenir tête à tout le monde. En relisant ses notes, il s’étonna devant l’identité dudit général de division, mais il était trop tard, Aisya était déjà partie.

Elle traversa à grands pas le quartier général, comptant bien en finir une bonne fois pour toutes avec cette histoire. Elle détestait se savoir juger par plus haut gradé qu’elle. Puis, elle ralentit le pas ; ce général, qu’elle était son nom ? Elle n’arrivait pas à se le rappeler. Ni de son visage d’ailleurs. Comme c’était étrange ! Sur qui allait-elle tomber ? Un autre croulant rondouillard coincé entre une table et une chaise ? Allez savoir. Arrivée devant la porte du bureau fermée, ou plutôt entrouverte, elle s’arrêta. Avant de frapper, elle ne put s’empêcher de jeter un œil dans l’embrasure. Le général était là : c’était un homme à fière allure, comme elle. Des cheveux d’ébène, comme elle. Cet air sauvage venu du fond des plaines d’Ishbal, comme elle. Mais Aisya ne fit pas le rapprochement. Pas tout de suite. Elle retint pendant quelques secondes sa respiration et frappa à la porte. Pourquoi tant de frustrations ? Elle ne le connaissait même pas. Comme c’était rare ! Y avait-il d’autres personnes dont elle ignorait l’existence ?

Oui.
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MessageSujet: Re: Brotherhood [Pv : Jaremy]   Brotherhood [Pv : Jaremy] Icon_minitimeDim 24 Oct - 13:46


Un rapport, des dossiers, le travail. Un quotidien immuable, la vie d'un bureaucrate, celle qui semble si simple, quelques papiers à remplir, puis de retour dans sa petite maison pour retourner le lendemain au travail avec un entrain tout particulier. Quelle ironie, il n'y avait rien de beau dans la vie, rien de beau dans le métier de bureaucrate, voir passer des militaires qui avaient déviés à longueur de journées, rester impassible face aux insultes, aux menaces et aux supplications. Rester impassible face à tout ces menteurs. Pensaient-ils réellement pouvoir échapper aux sanctions, à la cour martiale en pleurant et en jurant qu'ils n'y étaient pour rien, qu'ils n'avaient pas fait exprès ? On juge souvent un homme par ses actes, par ses paroles, est-ce que Jaremy avait le droit de juger ces hommes et ces femmes ? De se faire une idée d'eux par leur présence dans son bureau ? Dans cette prison ? Dans cette cellule, avec ces menottes aux poignets. Peut-on s'imaginer la vie d'un criminel, son enfance, ses douleurs, ses convictions lorsqu'il y a devant soi une liste aussi longue que le bras pour le rabaisser plus bas que terre, peut-on réellement juger quelqu'un par quelques mots sur un papier ? Non, ce n'est pas vraiment ce à quoi il faut s'accrocher. Ni à l'apparence physique, peut-on se faire réellement une idée du mentale de quelqu'un en le jugent à son physique ? Non. Non. Et encore non.

Tellement de gens étaient passés devant lui depuis Ishbal, tellement de crimes énumérés, mais aucun ne l'avait fait frémir, aussitôt jugé, aussitôt oublié. Aucune condamnation, aucune enquête aboutie ne lui avait procuré un frisson de plaisir, il ne ressentait absolument rien lorsqu'il faisait son métier, que l'on exécutait les ordres. Maintenant qu'il était haut gradé, il aurait dû se contenter d'envoyer des subordonnés, mais il se refusait de se contenter de rester assis sur sa chaise toute la journée pour être bien vu de ses 'camarades' hauts placés. Il n'avait absolument pas l'intention de finir vieux, décrépi et complétement sénile au bout de quelques années et encore rongé par l'ambition...

Mais malgré tout cela, il se sentait fatigué, las de toutes ces choses, plus rien ne l'intéressait réellement, il n'était pas heureux de quitter le boulot pour rentrer chez lui, il n'était pas heureux de retourner travailler et s'asseoir dans son bureau, à regarder des jeunes soldats lui tourner autour avec une mine faussement poli. Allumer une cigarette, tirer une bouffée et l'écraser, même ça il ne pouvait pas le faire seul, il devait toujours y avoir quelqu'un qui lui tienne la main pour lui dire de faire attention, de ne pas aller trop loin, pour le protéger soit disant contre un ennemi invisible, inexistant.. Oh, bien sûr que Jaremy avait des ennemis, on ne travaillait pas aux services internes sans se faire de nombreux ennemis et étant l'un des plus hauts gradés, il était l'un des plus connus, cela allait de soi. Mais mourir ne lui faisait plus peur. Personne n'est immortel, la vie finit toujours par nous avoir. Non, la mort ne lui faisait plus peur, il n'attendait plus qu'elle.

Jaremy poussa un énième soupir et passa la main sur son cache, il n'avait qu'une envie, envoyer tout ces soldats qui courraient partout loin d'ici, leur trouver une mission, qu'ils se taisent à jamais et cessent d'avoir autant d'ambition. Le mal de tête qui avait commencé à poindre dans la matinée lui transperçait maintenant le crâne de pulsations douloureuses. Tournant le dos à la porte qui n'était jamais réellement fermée, il alla poser sa tête contre la vitre dans l'espoir de calmer quelques instants les élancements douloureux. Il n'avait pas bu une goutte d'alcool depuis longtemps, peut-être devrait-il dépenser son argent dans ce genre de choses, et oublier, s'oublier complétement, se laisser guider lentement dans les tréfonds de l'inconscience et ne plus rien ressentir d'autre que la chaleur dans laquelle l'enveloppait l'alcool. Il n'avait jamais été un alcoolique, mais c'était une idée envisageable et tellement plus ..... humaine ?

Qui avait-il pour le juger dont l'opinion l'intéressait réellement ? Personne, personne de proche, il n'avait que de faux 'amis', quelques subordonnés ambitieux qui s'empresseraient de marcher sur son cadavre pour reprendre sa place et il n'avait pas de famille. Ou plutôt, plus. Il ne cherchait absolument pas du réconfort de la part de quelqu'un, ce n'était que faux semblants, il ne voulait pas de quelqu'un qui l'aime pour son argent, sa place, son grade, il ne voulait pas qu'on l'aime. Cette idée même lui déplaisait au plus au point. Il en avait peur, peur, tellement peur, une peur viscérale. De l'amour, de l'amitié et des attaches avec quelqu'un d'autres. Mieux valait rester imperméable à toutes morts, rire quand c'est le moment, sourire quand il le faut, faire le beau de façade mais n'avoir rien de plus. Tout cela se faisait d'un commun accord et tout le monde était content, c'était ainsi. Il pouvait chuter de son piédestal que personne ne le regretterait, tomber au plus bas de la nature humaine, mourir dans la boue, il aurait le droit à son nom sur une plaque dans un cimetière, une cérémonie funèbre, peut-être quelques larmes et ce serait fini, on l'aurait oublié, comme tant d'autres. Il n'était qu'un soldat.

Oui, sa soirée était toute tracée, un dernier dossier à régler et il filerait en longeant les murs pour qu'on arrête de le suivre et de le traiter comme un jeune enfant, plus qu'un dossier à expédier et il pourrait aller se perdre dans les méandres de l'alcool. Il se frotta la tempe et se retourna pour retourner à son bureau et relire ce qu'il avait à savoir sur cet Alchimiste d'Etat qui avait enfreint les règles. Ce n'était apparemment pas suffisamment mauvais pour l'envoyer en cour martiale mais assez pour qu'il fasse un rapport sur ses agissements. Le dossier trainait sous une pile d'autres où il avait rapidement griffonné son compte rendu sur une feuille et qu'il n'avait pas encore confié à quelqu'un pour classer le dossier définitivement.

La Thunder Alchemist, il en avait entendu parler, évidemment, qui n'en avait pas entendu parler au QG ? Mais il ne se souvenait pas avoir eu l'immense honneur de lui parler et d'avoir affaire à elle pour une raison ou une autre. Aisya Jasdero, hein ? Les coïncidences n'existaient pas pour Jaremy, mais il ne fit pas réellement attention au nom de famille de la jeune femme, elle ne pouvait PAS être de sa famille, n'est-ce pas ? Ou une simple cousine, peut-être, il était inconcevable pour lui que sa famille puisse encore le suivre. Bien sûr, ils avaient pu continuer à vivre, avoir d'autres enfants, mais il ne lui venait pas à l'esprit que cette Alchimiste puisse en faire partie. Elle n'était qu'une Jasdero, cela s'arrêtait là. On lui reprochait d'être entrée dans un bâtiment de l'armée interdit à Central, qu'à cela ne tienne..... Une longue soirée en perspective que de rencontrer cette jeune femme, elle n'était pas réputée pour être calme, douce et patiente, une véritable partie de plaisir que ça allait être cette 'mise au point'.

La vie de la jeune femme, son parcours militaire, tout cela ne l'intéressait pas, pas plus que les remarques de ses supérieurs sur son dossier et ses faits d'armes ou encore ses précédentes bavures, il n'en avait cure. Si elle était suffisamment honnête, elle saurait en parler, s'il en avait besoin il n'avait qu'à lui poser la question ou consulter le dossier. Il ne supportait pas les préjugés, que quelqu'un vienne lui parler, il ne l'écoutera que elle et la jugera parce qu'il avait véritablement vu et entendu et pas sur les ragots de couloir. Il se releva et se mit à marcher pour dégourdir ses jambes, cela le fatiguait de rester assis à longueurs de journées mais se promener dans les couloirs de Central sans croiser personne était de l'image du rêve et non de la réalité, il se contentait alors de faire des petits tours dans son bureau en soupirant à profusion. Le mal de tête était toujours là.

Il se frotta l'arrête du nez avec l'index en fixant la fenêtre, il n'y avait plus qu'à attendre que la demoiselle pointe le bout de son nez pour qu'ils puissent commencer. Enfin, si elle pointait le bout de son nez, il serait fâcheux de devoir aller la chercher pour avoir un entretien avec elle, ce serait du temps perdu inutilement pour les deux partis et ce n'était absolument pas la meilleure option à suivre, la jeune femme devait être bien assez intelligente pour comprendre cela et allait rapidement venir. Chacun en serait débarrassé.

Quelqu'un ne tarda pas à arriver pour le sortir de son moment d'apathie. Quelques coups à la porte, il ne se retourna que brièvement avant de se diriger vers la porte, il aurait pu tout simplement lancer un 'Entrez' et aller s'asseoir à son bureau, le menton sur les mains jointes. Il aurait pu faire ce que tout le monde faisait, oui, mais il ne le fit pas, il ouvrit la porte et sans un mot lui fit signe d'entrer, sans réellement la regarder, fixant le couloir par dessus son épaule et il ferma la porte derrière elle, le clic familier emportant toutes les paroles et les tous les bruits de couloir.

D'un geste, il lui indiqua la chaise en face de son bureau avant d'aller s'asseoir de l'autre côté, fixant à droite, à gauche, l'effleurant à peine du regard, soudain intéressé par une fissure au mur et là par une tâche sombre ou encore quelques toiles d'araignées qui avaient survécus au passage d'un plumeau. Il se refrotta l'arrête du nez, bien sûr, c'était à lui de commencer, cela avait toujours été comme cela, les gens n'osaient pas prendre en premier la parole quand ils étaient de l'autre côté de la chaise. Il repoussa les dossiers sur le côté, les feuilles, les stylos et resta presque avachi dans son siège, pas question de retoucher le bureau avant un moment.

Bien, cet entretien ne m'enchante guère et j'ose avancer qu'il en est de même pour vous, j'aimerai donc que vous me fassiez une explication et un compte rendu rapide de vos raisons dans ce bâtiment. De façon à ce que ce dossier soit rapidement classé.

Sans même l'avoir regardé un instant, trop obnubilé par le stylo qu'il tenait dans ses doigts, il lui avait parlé lentement, désabusé, d'une voix monocorde, il n'attendait rien d'elle, juste qu'elle lui dise ce qu'il s'était passé, qu'il le marque sur une jolie feuille de papier blanche et qu'il puisse le donner aux personnes qui voulaient savoir et aviser en cas de problèmes. C'était tout ce que l'on demandait de lui.

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MessageSujet: Re: Brotherhood [Pv : Jaremy]   Brotherhood [Pv : Jaremy] Icon_minitimeDim 24 Oct - 19:26

« Souviens-toi ce tour
Si gai, si facile
Ce n’est qu’onde flore
Et c’est ta famille »


-« Papa, qui est ce garçon sur la photo ? »
-« … C’est ****** »

Une photo. Un visage.
Quel visage ?
Une question. Une réponse. Un nom.
Quel nom ?

Pendant les quelques secondes qui précédèrent l’entrée d’Aisya dans le bureau, elle se souvint. Elle se rappela le lieu, salon miteux de la petite demeure de Dublith, juste derrière l’office de boucherie de son père. Elle se rappela le temps dehors, un ciel couvert, le retour de l’automne. Elle se rappela de son géniteur, penché avidement sur son plan de travail. Elle se rappela de la photo, une femme, sa mère, assise posément sur une petite chaise et accoudée à la fenêtre. Le soleil filtrait dans ses cheveux d’ébène. Son tendre époux debout près d’elle, ramenait à lui un enfant. Et cet enfant, ce n’était pas elle. Mais alors … qui ?

Qui est ce garçon ?
******

Il était bien rare que la mémoire fasse ainsi défaut à Aisya. Elle pouvait se souvenir d’événements très précis dans son histoire, ou alors les avoir totalement oubliés, au point d’en ignorer l’existence. Mais jamais encore un seul détail sur toute une scène ne lui avait fait défaut. Un seul détail. Ce visage. Comme si on avait pénétré son esprit pour brûler un morceau de cette image. Emportant au passage tout souvenir, aussi infime soit-il, de la personne en question.

La porte s’ouvrit et Aisya se retrouva face au général inconnu. Le salon, son père et la photo disparurent. La première chose qu’elle nota, c’est qu’il regardait ailleurs. Son unique œil observait le fond du couloir. Un cache-œil. Rouge. Son iris était rouge. Le sang ishbal. Le sang ishbal coulait dans ses veines. Il saignait comme elle. Mi-ishbal, mi-amestrien. Sa peau n’était pas hâlée comme la sienne. A eux deux, ils formaient le parfait Ishbal. Deux devenaient un. La seconde chose qui la frappa fut la pitié qu’il inspirait, malgré ses traits taillés dans la roche et ses galons. Ce n’était pas le même genre de compassion grotesque qu’elle éprouvait à l’égard des croulants en tout genre engoncés dans leur uniforme tant bien que mal. Non, là, c’était une compassion presque sincère si elle n’était pas venue d’Aisya Jasdero. De profondes rides endurcissaient la fatigue sur le visage de son supérieur. Ses mouvements étaient lents et distraits. Sa respiration lente et son regard vide. Comme s’il n’avait plus rien à faire là. Comme s’il était déjà mort.

*Encore un vétéran d’Ishbal. Comme il devait avoir fière allure autrefois ! Un jeune et vigoureux soldat, prêt à tout abandonner pour protéger son pays des fanatiques. Combien de ce genre de promesses a-t-il entendu ?*

Tout abandonner. Ses amis, sa famille.
Sa famille.

A moins que la Mort elle-même n’ait pas eu envie de lui. Tel était le sort réservé à tous les bourreaux d’Ishbal, peu importe d’où ils venaient. Peu importe les horreurs qu’ils subissaient, pour se faire pardonner ou non. Quelle erreur, quelle faute avait commise ce général pour perdre son œil ? Peu importe. Le plus important était ce qu’il allait faire d’elle. Pas grand-chose apparemment. Lui aussi voulait en finir au plus vite. Aisya devait simplement lui raconter. Raconter quoi ? Ce qu’elle faisait là-bas. Ah ! Comme si c’était facile d’avouer qu’elle y torturait un ennemi de l’Etat. Qu’allait-elle inventer encore ? En cherchant une réponse, elle s’était installée sur la chaise en face du bureau. Comme elle n’aimait pas être assise, ça l’empêchait de réfléchir. Réfléchir à quoi ? Pourquoi ne lui disait-elle pas la vérité, elle ne le connaissait que peu après tout. Parfois, il est plus rassurant de se confier à un inconnu. Malheureusement, il ne ressemblait que trop à ses hommes en mal d’action. Il avait l’air las de tout. Las d’écouter. Las de se battre. Las de vivre.

Devait-elle prendre ça comme se confier à un mourant ? Il ne fallait pas exagérer, il n’était pas prêt de lâcher la rampe non plus. Perdu. Il paraissait perdu dans les confins du ciel. De ce fait, il s’opposait radicalement à Aisya qui voulait plus que tout garder les pieds sur terre.

-« Je remplissais mon devoir de soldat, Général. Contrairement à certains, je n’ai pas abandonné ma terre natale afin de grossir les rangs d’un système basé sur l’apathie et l’inactivité. »

Cette phrase aurait eu tout son sens et sa vérité si Aisya avait eu quelques années en moins. Telle était sa justification de départ. Elle s’en souvenait. Seulement, en y réfléchissant, cette déclaration semblait viser quelqu’un. Mais qui ? Etait-ce le même que sur la photo ? Cette personne d’air, de flamme et de poussière ? Pourquoi le Thunder Alchemist avait-elle répondu une telle idiotie qui n’avait plus aucune authenticité à présent ? Seul le pouvoir comptait.

-« A votre avis, monsieur, que pouvais-je bien faire là-bas ? Comme vous l’avez si bien dit, il ne m’enchante guère d’être ici. Mais maintenant que j’y suis, autant pouvoir tirer une leçon de cette entrevue … »

A ces mots, elle planta son regard ambré dans l'oeil rouge de l'officier, comme pour le défier. Ou tout simplement pour l'éveiller ...


Dernière édition par Aisya Jasdero le Sam 6 Nov - 12:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Brotherhood [Pv : Jaremy]   Brotherhood [Pv : Jaremy] Icon_minitimeMar 26 Oct - 17:43


Il n'avait aucune envie de voir la jeune femme, qui qu'elle soit, quoi qu'elle ai fait, sa présence l'ennuyait au plus au point, mais son devoir de Général l'obligeait à l'écouter expliquer pourquoi elle s'était introduite dans un bâtiment interdit de l'armée. Eh bien ! Fusillez la et qu'on n'en parle plus, ah... oui, il est vrai qu'elle est une Alchimiste d'Etat, on ne touche pas aux Alchimistes, juste une petite tape sur le bout des doigts et on les renvoie dans leurs quartiers. Oui, ils avaient mérités d'être mieux traités dû au fait qu'ils étaient plus puissants, plus intelligents, plus instruits, plus... tout. Ils étaient le fleuron de l'armée d'Amestris, il serait mal vu qu'ils se fassent fusiller alors qu'ils représentaient tellement bien la puissance de leur nation. Il n'y avait plus qu'à l'entendre s'excuser ou se vanter et ne pas oublier qui elle était, cela suffisait généralement, on sourit, on ferme les yeux sur quelques actons et tout le monde s'en porte pour le mieux, c'était ainsi, la plupart du temps. Au dessus et au delà des règles, jusqu'au bout. Voilà ce qu'étaient les Alchimistes.

Toujours avachi sur sa chaise, il ne lui accorda pas un regard, il savait qu'elle avait du sang Ishbal, ou du moins ce n'était qu'une rumeur après tout, s'il écoutait ce que les gens disaient. Elle avait le teint mat et les yeux dorés, bien. Elle n'était pas un véritable Ishbale, elle ne serait jamais à cette place si cela avait été le cas, elle aurait été tuée avant d'avoir pu tenter une transmutation et cela aurait été à l'encontre des lois de leur dieu... Ishbala. Ahahah, il en aurait ri, rien que d'entendre ce mot, tellement de crainte, de morts, de haine... surtout de haine, maintenant. Il ne haïssait pas les Ishbals en général, non, il n'avait pas de préjugés sur ceux-ci qu'il n'en n'avait sur les personnes sur lesquelles il devait enquêter. Il soupira et posa doucement le stylo sur le bureau, relevant à peine la tête quand elle se mit à parler.

Le début était habituel, ce n'était pas comme s'il ne l'avait jamais entendu, c'était la plupart du temps une technique pour atténuer sa responsabilité sur l'action qu'on avait fait, ce n'était pas véritablement de sa faute, il l'avait fait parce qu'on lui avait dit de le faire ou tout simplement par procuration. Il n'avait obéit qu'à son instinct de soldat et tout le blabla qu'on pouvait inventer lorsqu'on a peur de se faire punir et juger par quelqu'un d'autre. Mais après le devoir de soldat arriva quelque chose qu'il n'apprécia pas du tout, il releva la tête, son œil brillant d'un éclat furieux, elle le cherchait ? Les lèvres tordues en un rictus il ne fit aucun commentaire, se contentant de se remettre à fixer au dessus de son épaule, il aurait bien reprit quelque chose entre ses doigts, pour le serrer, pour en faire quelque chose, pour s’occuper les doigts et calmer sa respiration, son envie de la foutre dehors…

Il remarqua un fil qui dépassait de la manche de son uniforme et se mit à le triturer et à tirer dessus tout en ignorant la jeune femme assise en face de lui, toujours à l’écouter mais pas à lui faire face, jamais, il ne faisait plus face à personne depuis longtemps, cela l’ennuyait, il aurait pu la regarder dans les yeux comme elle semblait le demander. Il ne le faisait pas, ce n’est pas qu’il avait peur de regarder les gens dans les yeux, de voir leurs actions, ce qu’ils pensaient, il n’avait pas besoin de cela pour se l’imaginer, il aurait pu voir leur dégoût de ses yeux, de son métissage, il aurait pu. Il ne fuyait pas par peur, il ne fuyait pas, non… non. Non. Il se remit à tirer avec rage sur le morceau qui dépassait alors qu’elle reprenait la parole.

Que faisait-elle là bas ? Il n’allait tout de même pas lui trouver une excuse lui-même non ? Aisya Jasdero, aussi détestable qu’on le laissait sous entendre, oh oui, il ne réagit tout d’abord pas, trop occupé à tirer sur le tissu, il ne réfléchissait pas, il n’en avait cure d’elle. Une leçon à en tirer ? Mais oui, peut-être qu’elle en attendait tellement de lui ? Non, pas du tout, il n’avait rien à lui dire, il était là juste pour lui tapoter sur les doigts s’il jugeait que cela était important mais dans la plupart des cas cela aurait été tout simplement un remerciement, quelques morts sur le rapport et il l’aurait renvoyé faire ce qui bon lui semblait. Il se redressa, presque toujours aussi amorphe, la tête penchée sur le côté pour la dévisager quelques courtes secondes avant de retourner son attention vers sa manche. Il ne haussa pas le ton, il ne frappa pas du poing sur le bureau ou sur l’accoudoir de son fauteuil, il aurait pu faire comme n’importe quel officier se sentant insulté aurait fait, mais elle n’aurait pas plus réagit si il l’avait fait.

’Mademoiselle Jasdero, pour être franc votre escapade, je n’en ai cure, que vous ayez outrepassé les règles, vos droits et tout cela, c’est votre problème, si vous êtes venu ici pour que je vous sermonne longuement vous pouvez retourner trouver votre supérieur et dites lui qu’il a ma bénédiction pour vous passer un savon, mais mon métier n’est pas de vous juger, Thunder Alchemist. Toutes ces choses m’emmerdent profondément, vous m’emmerdez profondément avec vos belles paroles et vos sous entendus puérils. Je ne suis pas ici pour jouer à la devinette et vous non plus, à moins que vous n’ayez pas grandi, ce qui ne serait pas étonnant venant de votre part, alors vous m’expliquez de manière succincte ce que vous faisiez là bas ou vous quittez la salle en sachant pertinemment ce à quoi vous vous exposez. Votre réputation n’est pas pour être inconnue dans le QG et je suis certain que quelques uns seraient tout à fait ravis de pouvoir en profiter pour vous attaquer.

Il n’avait rien à dire, il aurait peut-être dû faire comme à son habitude, encaisser le coup et ignorer superbement la remarquer jusqu’à qu’elle se taise et finisse peut-être par abandonner. Les gens pouvaient bien parler dans son dos, cela ne l’inquiétait pas outre mesure, qu’ils parlent, qu’ils disent ce qui leur chante, il n’allait pas pleurer parce que des gens ne l’aimaient pas, c’était le lot de tout un chacun, et ce serait toujours la même chose, il était officier, Général. Il ne devait pas avoir peur de cela. Il n’avait jamais caché qu’il détestait des gens, surtout pas à ceux qu’il aurait dû aimer, adorer, bénir et en faire ses modèles.

Il avait haït ses parents, pour tellement de raisons puériles, il le leur avait fait bien comprendre, tout d’abord par des petits gestes, des petits mots, des petites phrases par-ci par là. Puis il avait grandi et avait commencé à dire du mal de manière franche, de refuser des choses qu’ils auraient aimé qu’il fasse. Il alla même jusqu’à s’engager dans l’armée alors que son père n’avait jamais voulu et avait tout fait pour l’en dissuader, il voulait leur montrer qu’il les haïssait. Qu’il était stupide et puéril, un vrai petit rebelle, fier de lui à ce moment là, oh, oui, tellement fier de lui quand il leur avait annoncé qu’il partait, un sac sur l’épaule et prenant le plaisir de ne pas se retourner quand il était définitivement parti de la maison.

Peut-être aurait-il dû chercher à renouer des liens avec eux ? A retourner les voir après la guerre, s’excuser, retrouver un univers familier et rassurant, pour oublier toute sa souffrance, oublier quelques instants ce qu’était la guerre et revivre les bons moments de son enfance, remanger la cuisine de sa mère, se retrouver dans la boucherie de son père et peut-être tenir la caisse, se ranger et quitter cet uniforme qui ne l’avait que fait souffrir. Le prestige de l’uniforme, oui, un beau rêve que c’était là, cela attirait quelques femmes, les jeunes hommes en mal de sensations, et peut-être d’autres choses, mais il était peut-être plus rassurant de travailler plus dur et être sûr d’avoir des enfants, une famille et de vivre suffisamment vieux pour les voir peut-être grandir.

Par réflexe, il se toucha le bandeau, comme si son œil était toujours là. Il avait l’impression qu’il était là, dans l’orbite, et qui le brûlait, tellement. Cette sensation de brûlure, il lui arrivait de l’avoir et qu’il sente presque la lame chauffée à blanc qui s’approchait de lui et d’entendre les ricanements de ces soldats devant sa peur et sa souffrance. Il en rêvait encore la nuit, ou plutôt en cauchemardait et se réveillait en sueur, incapable de retrouver le sommeil, c’était ainsi presque toute les nuits, quand il n’était pas assez abruti par la fatigue. Il n’y avait alors rien à faire, il allait s’allumer une clope et errait lamentablement dans les pièces qui lui servaient d’habitation.

Il agita la main avec un soupir pour lui faire signe de commencer son exposé, puis en baissant la main qui était venu toucher son cache, il appuya sa joue sur celle-ci, le coude sur l’accoudoir, fixant avec intérêt la pile de dossiers qui tenaient en équilibre précaire sur son bureau.

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MessageSujet: Re: Brotherhood [Pv : Jaremy]   Brotherhood [Pv : Jaremy] Icon_minitimeSam 6 Nov - 12:15

« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis »




Une nouvelle vague de souvenirs, un embrun de l’histoire de sa courte vie se déposa sur le rivage ravagé de sa mémoire. Pour la plupart des êtres humains, c’était alors un spectacle grandiose mais éphémère, car, quelques secondes plus tard, il aurait disparu. Qu’en étaient-ils des souvenirs d’Aisya ? En ce moment, ils affluaient soudainement, mais, était-ce pour mieux disparaître après ? Ce n’était pas plus mal après tout. Elle avait fait tant d’efforts afin de cohabiter avec les démons de son passé ! Tel était une fois de plus le sort réservé aux bourreaux d’Ishbal. Tandis que certains se voyaient refuser l’entrée aux Enfers, d’autres contemplaient sans cesse leurs efforts vains pour subsister. Après toutes les horreurs qu’ils avaient vues et commises, ils n’avaient naturellement plus rien à faire en ce bas-monde, même pour les plus jeunes d’entre eux. Et quand bien même ils avaient dans l’intention de partir pour l’au-delà, l’accès leurs était refusé. Ainsi, ils étaient condamnés à attendre, patienter éternellement que la Mort accepte de les recueillir au creux de ses bras. Pourtant, il y en avait qui persistaient à vouloir devenir plus fort, plus puissant, plus célèbre. Etant donné que les choses et les événements simples, naturels de la vie leurs étaient ôtés, ils n’avaient la possibilité que de se rendre utile, ou de faire en sorte de laisser une trace de leur passage. Aisya était de ceux-là, qui voulaient marquer l’épisode de leur vie, faute d’avoir pu la mener dans la joie et l’ignorance de l’ignominie.

Mais les alchimistes d’état ayant pris part à Ishbal n’étaient pas seuls. Nombreux étaient les hauts gradés actuels qui avaient levés les armes contre les adorateurs d’Ishbala. La seule différence est que les soldats Amestriens, aussi terribles furent leurs actes, se battirent pour un peuple, dirigé par une seule entité certes, mais un homme. Les Ishbals, eux, ne brandissaient les fusils qu’au nom d’Ishbala, ce dieu qu’aucun d’entre eux, hormis les plus illuminés, n’avait vu. Aisya s’étonna d’ailleurs que sa mère, bien qu’elle mourut à sa naissance, ne lui ait pas laissé un héritage religieux, aussi infime soit-il. A moins que ce ne soit son père qui le lui dissimula. Non. Il aurait succombé et tout révélé un jour. Il ne pouvait rien lui cacher à l’époque. Il ne pouvait qu’espérer qu’elle soit trop jeune pour comprendre. Et pourtant, elle avait compris des tas de choses. Elle avait compris que l’être humain pouvait sombrer dans un état de désespoir, tellement proche de la folie, qu’on pouvait sous son joug sacrifier un jeune homme qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Elle parlait évidemment de ce déserteur. Contrairement à son frère, elle préservait un souvenir bien net de son apparition dans leur vie. Et de sa disparition, car cette dernière venait hanter le peu d’heures de sommeil qu’elle s’autorisait.

D’ailleurs, pourquoi son père, un homme simple qui ne voulait pas entendre parler de lui, avait-il si facilement recueilli ce qu’on appelait à l’époque un « ennemi de l’état » ? Avait-il déjà en tête ses sombres desseins ? Non, il devait à peine savoir ce que le mot « alchimie » signifiait. A moins qu’il cherchait simplement à remplacer son fils parti en guerre ? S’il savait ! S’il savait que son fils unique avait quitté le foyer dans l’unique but de les narguer ! Comme il aurait été triste ! Il serait sans doute mort de chagrin. Mais, au lieu de cela, il avait vécu et vieilli dans l’espérance que sa progéniture ne revienne sur ses pas. En vain. A la place, une seconde était arrivée, plus terrifiante que jamais. A présent, Aisya avait beau être terrifiante, elle n’était même pas certaine de l’existence dudit frère. Pourtant, à mesure que le temps passait et que la tempête faisait rage au fond de sa mémoire, plus elle se persuadait qu’il avait existé. A croire qu’elle voulait qu’il ait existé. Une nouvelle question fit son entrée : si elle le retrouvait, comment réagirait-elle ? Serait-elle en colère ? Heureuse peut-être ? Elle tenta de s’imaginer cette dernière option et un léger rictus de dégoût se matérialisa en elle. Non, si elle le retrouvait, elle devrait déjà le convaincre qu’ils avaient un profond lien de parenté. Oui, car, à sa naissance, il semblait être parti depuis bien longtemps. Et, son père n’étant pas du genre à correspondre par lettre, cela ne faisait aucun doute qu’il ne soit au courant de rien. Mais ce « il », comment était-il ? Mi-ishbal, mi-amestrien, comme elle. Mais de quelles tares ishbales avait-il hérité ? Des moindres, sans aucun doute, puisqu’il avait pris le risque de rentrer dans l’armée.

Dans l’armée ? Alors, pourquoi n’avait-elle jamais cherché à le retrouver ? Il lui suffisait de se rendre au service de recensement et de feuilleter, voir s’il n’y avait pas un homme susceptible de lui ressembler. Aisya n’était pas une femme stupide, loin de là. Elle avait de l’esprit, même si ce dernier était perverti par d’énormes défauts. Donc pourquoi ? Pourquoi n’avait-elle jamais fait ça ? Se pourrait-il qu’inconsciemment, elle ne veuille point en savoir plus sur lui ? Se pourrait-il qu’elle veuille indéfiniment entretenir ce mythe éphémère sur l’existence d’un frère ? Depuis toujours elle avait vécu dans le mensonge et l’illusion. N’était-ce pas une forme d’imaginaire ? Aisya avait développé l’esprit militaire, la conscience de l’homme ou de la femme se contentant d’obéir ou de donner des ordres. Elle n’aimait pas le changement. En avait-elle peur ? Certainement. Mais il fallait combattre le mal par le mal. Ainsi, c’était à elle de créer ce changement. Que les autres le veuillent ou non. Et ce n’était pas en restant cloîtrée dans un bureau comme le Général en face d’elle qu’elle y parviendrait !

D’ailleurs, ce dernier tirait maintenant avec une rage qu’elle lui croyait disparue sur un bout de fil bleu nuit dépassant de son uniforme. C’est alors qu’elle aperçut avec plus de précision ce qui était inscrit sur les dossiers. Ils étaient à l’envers par rapport à la place qu’elle occupait, mais elle parvenait tout de même à lire le nom de celui à qui ils étaient adressé, autrement dit, le nom de ce Général jusque là inconnu. Cependant, elle dut le relire à maintes reprises car elle craignait mal le voir. Etrangement, ce nom ne lui était pas inconnu. Et pour cause : c’était le sien ! Alors que ses pupilles s’écarquillèrent, tout s’enchaîna et elle ne comprit plus rien. Des flashs extrêmement brefs venaient lui barrer la vue, tandis que son supérieur hiérarchique avait repris la parole d’une voix tout aussi morne qu’auparavant. Lui n’avait donc rien saisi. Et pourtant. Et pourtant …

-« … A moins que vous n’ayez pas grandi, ce qui ne serait pas étonnant venant de votre part. »

Cette phrase qui était au départ, une simple remontrance venant d’un officier blasé de la vie et de son subordonné à l’intention de ce dernier. Mais elle résonna d’une toute autre façon dans l’esprit d’Aisya. Son imagination se mit en route toute seule et elle visualisa une scène, qui n’avait jamais existée : des années plus tôt, une fillette, un garçon. La petite fille boude, le garçon la gronde. Ils ont les cheveux noirs. L’un a les yeux rouges, l’autre la peau mâte. « Tu ne grandiras donc jamais ?! » demande l’aîné, les poings sur les hanches. La petite fille fait la moue mais ne répond rien. Elle sait que son frère a raison, mais, comme toujours, elle fera mine de ne pas l’écouter et le fera tomber dès qu’il voudra s’approcher d’elle. De nouveau un flash. Que venait-elle de voir ? Un moment de sa vie qui n’existait pourtant pas, mais qui aurait très pu advenir, si son prétendu frère était resté à la maison. Jamais encore elle n’avait eu le droit à ce genre de vague. Celle-ci avait été encore plus courte que les autres mais avait dévasté bon nombre de choses. Quelque chose ne collait pas … Elle devait en être sûre.

Cependant, quelque chose arrêta son élan. Pour qui allait-il la prendre ? Il connaissait son nom et pas une fois, il n’avait montré signe d’étonnement. Certainement devait-il croire à une banale coïncidence. Mais les Jasdero n’étaient pas une grande famille. Barriett n’avait qu’un frère qui n’avait jamais uni sa vie à celle d’une femme. D’ailleurs, on n’avait plus de nouvelles de lui depuis des lustres. Il n’était même pas venu chercher Aisya lorsque son père fut interné après sa tentative de l’Interdit. Comme un signe, il effleura le bandeau qu’il avait à l’œil. Plus la raison lui revenait, moins Aisya était déterminée à savoir s’ils avaient les mêmes parents. Pourtant, elle devait combattre le mal par le mal. Le changement. Elle avait l’occasion de le créer, là, tout de suite, dans ce bureau. Mais cet homme, quel qu’il soit, n’avait pas l’air très vif d’esprit, du moins, il ne voulait pas le laisser paraître. Pourtant, une flamme brûlait toujours en lui, elle l’avait entendue au son de sa voix, à la réponse récalcitrante qu’il lui avait fournie. Cet homme, quel qu’il soit, n’était pas encore mort. Elle devait savoir. Avant de sortir d’ici ? Peu importe. Au départ, sa seule intention était de le faire réagir et il avait réagi. Un signe.

-« S’ils veulent m’attaquer, comme vous le prétendez, qu’ils m’attaquent, répondit-elle finalement en serrant les poings, son regard ne pouvant s’empêcher de faire des allers-retours entre le nom sur le dossier et le Général. Je serai prête à les accueillir. Il ne faut jamais remettre en cause la détermination des Jasdero, mon Général, vous devriez être bien placé pour le savoir puisqu’apparemment, nous possédons le même nom. Pourtant ce n’est pas avec ce genre d’esprit de bataille qu’on nous a élevé. De ce fait, cela expliquerait la fuite de certaines personnes en mal de gloire, me trompé-je ? »

Ce n’était à présent plus du défi qui perçait dans sa voix ferme, mais cette détermination qu’elle évoquait alors. Cette détermination à savoir. Cette détermination qui avait fait défaut à son père mais pas à elle. Ni à cet homme en face d’elle, bien qu’ils eurent à traverser la période la plus sombre de l’histoire de leur deux familles …
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MessageSujet: Re: Brotherhood [Pv : Jaremy]   Brotherhood [Pv : Jaremy] Icon_minitimeDim 20 Mar - 17:24


Il y'avait tant de choses à dire, tant de choses à raconter, toujours. Mais personne n'avait suffisamment de temps pour pouvoir développer toutes ses pensées aux yeux du monde, faudrait-il déjà qu’un homme ait suffisamment de cran pour le faire. Pour exposer toutes ses idées, ses pensées et ses souvenirs à la face du monde. Évidemment, quelques personnes suffisamment courageuses l’avaient fait, mais personne ne pouvait prouver que tous leurs dires, tous les gestes qu’ils avaient racontés étaient bien réels. Alors il était de temps en temps nécessaire de se taire et de cogiter seul dans son coin, quitte à ne rien dire du tout et oublier définitivement cette chose et qu’elle ne sorte jamais plus des tréfonds d’une âme. La jeune femme qui lui faisait face ne semblait pas être apte à mâcher ses mots. Il était pourtant nécessaire de le faire lorsque l’on s’adressait à quelqu’un de potentiellement dangereux ou supérieur. C’était une de ces règles que l’on apprenait aux prolétaires et aux soldats, quelques soient leurs rangs. Être effronté ou faire preuve d’insubordination n’était pas un bon moyen de se faire valoir auprès de quelqu’un, surtout quand la personne en question est déjà en faute lorsqu’elle s’adresse à l’homme.

Jaremy quitta momentanément la pile de dossiers de l’œil et la jaugea du regard, pour une fois sans le détourner après le temps d’un battement de cil. La peau mâte, les yeux dorés… oui, et ? La peau mâte n’était pas nécessairement synonyme d’Ishbal. Même si cela allait souvent de paire et elle n’avait pas les yeux rouge sang. Elle n’en était pas réellement une… Enfin, cela allait de soi, si elle avait été une Ishbale, sa place n’aurait pas été dans l’armée Armestrienne en tant qu’Alchimiste d’Etat mais en tant que cadavre froid sur un champ de bataille de la guerre d’Ishbal. Un autre de ces cadavres anonymes et douloureux que chaque vétéran pouvait voir avec précision lorsqu’il fermait les yeux. Elle avait un petit quelque chose qui lui rappelait quelqu’un, mais il n’aurait su dire ni de où, ni de quand et surtout pas qui. Peu importait de toute façon, elle n’aurait pas un traitement de faveur parce qu’elle ressemblait à X. Il posa son menton sur son poing et, malgré quelques coups d’œil à droite et à gauche, il ne la quitta presque plus de l’œil. Il n’aurait même pas été étonné de voir son regard luire de sentir son aura. Mais il n’y avait rien d’autre qu’une mine… déterminé et de fréquents coups d’œil jetés sur son bureau comme si elle tentait de se rassurer sur un point.

Il est exact que je n’ai aucun souvenir d’un quelconque Jasdero qui soit emprunt d’une quelconque détermination. Il me semble également que c’était tout le contraire. Mais je ne connais rien de vous et ce n’est ni le lieu, ni le moment d’en parler, à moins que vous n’ayez une quelconque opposition à faire sur le sujet et m’expliquer en quoi cela a un rapport avec le sujet qui vous amène ici.

Reposant ses yeux sur le dossier qui trônait sur son bureau, il l'ouvrit distraitement pour jeter un rapide coup d'oeil au compte rendu sur l'affaire Jasdero. Pas grand chose à dire, l'affaire était suffisamment claire et il n'y avait pas eu besoin de faire une interminable enquête sur le pourquoi du comment ou de chercher pour remonter jusqu'à elle. Cela l’arrangeait donc d’un certain côté, car la version des faits du colonel n’auraient pas dû être bien compliqués et surtout rapides. Mais il avait fallu que cela se passe autrement. Évidemment, rien ne pouvait se passer simplement, il fallait toujours que tout dévie et vienne interrompre ses projets de soirée… qui étaient relativement inexistants, certes, mais bien plus intéressants que devoir se battre verbalement avec une tête de mule.

Avec un soupir, il referma le dossier et reporta à nouveau son attention sur l’épaule du colonel Jasdero. Il avait toujours cette désagréable sensation de la connaitre, de l’avoir déjà vu quelque part, de connaitre ces formes et ces courbes. Mais il n’y avait absolument aucune femme dans l’armée qui lui ressemblait et peu avaient une couleur de peau aussi mâte. Elle devait être né quelque part où le soleil tapait fort et où il faisait bon de rester dehors plus longtemps qu’à l’accoutumé. Probablement le Sud, quelque part dans ces horizons, il était toujours difficile de définir la provenance de quelqu’un lorsqu’on ne connaissait rien de lui. Bien sûr, il est facile de se reposer sur les caractéristiques physiques, mais ceux-ci sont bien trompeurs quand les hommes se ressemblent tous.

Ce fut par simple curiosité qu’il posa la question.

D’où venez vous, colonel ?

Léger sous-entendu pour demander si elle était né d’un quelconque métissage ou si elle était né dans une région où avoir une peau foncée était normale. Il ne connaissait pas d’autre famille de Jasdero et ils n’avaient qu’un oncle à Dublith. Mais rien ne prouvait qu’il n’y ait pas une autre famille avec le même patronyme que le leur quelque part à Amestris. Une famille proche de la leur… très proche. Peut-être ? Il n’avait jamais réellement posé la question à son père. Celui-ci ne s’étendait pas sur ce sujet, il ne parlait que de l’oncle Barrieth et n’invoquait jamais le nom de ses parents lors d’une quelconque discussion. Comme s’il était arrivé sur terre comme cela, déjà homme fait. Alors que sa mère, elle, se plaisait à lui raconter des histoires sur sa famille, sur Ishbala et sur sa terre natale. Elle aimait lui raconter des histoires et le pousser à réfléchir à sa manière, à la manière de son peuple tout en laissant son père façonner à sa façon son fils.

Toujours la tête posée sur son poing, il fixait maintenant le vide. Dublith lui manquait… enfin. Oui, cela faisait bien longtemps qu’il n’y avait pas pensé et il avait abandonné sa correspondance. Il avait cessé d’écrire des lettres qu’il n’envoyait jamais. Il ne savait même pas si ses parents étaient toujours à Dublith, s’ils étaient morts ou s’ils s’étaient séparés. Il ne savait rien et n’avait pas cherché à le savoir. Il n’avait pas l’impression d’avoir souhaité couper tous les ponts avec son passé, mais tenter de chercher cela lui faisait … peur. Peur, oui, peur de tout cela. Il avait peur d’aller à Dublith, de retourner dans les quartiers de son enfance, de se faire happer par ses souvenirs et d’être complètement impuissant. Il ne saurait jamais quoi faire, ni aller, ni quoi dire… il ne saurait pas s’excuser, non. Il ne saurait pas. Presque immédiatement, il enchaina.

Vous … connaissez Dublith ?

Question pathétique et inutile. Pourquoi l’avoir posé ? Il n’aurait pas dû, ce n’était pas le genre de chose que l’on posait. Et il l’avait même sermonné car elle sortait du sujet, pourquoi le faire à son tour ? Pour se rassurer ? Pour sentir la douleur de la nostalgie ? Non. Non. Il devait encore oublier, reformer cette carapace autour de ses souvenirs.
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MessageSujet: Re: Brotherhood [Pv : Jaremy]   Brotherhood [Pv : Jaremy] Icon_minitimeSam 9 Avr - 19:25

« Oh mom ! How could it happen to me ? But even worse : how could it happen to you ? »



Aisya n’était en rien réputée pour son obéissance aveugle. Elle obéissait, oui, comme tous les autres. De plus, lorsqu’elle exécutait un ordre, elle ne le faisait jamais qu’à moitié. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle tenait une terrifiante réputation. Aisya, celle qui n’allait jamais de main morte pour donner la mort. Quelque chose comme ça, ce genre de dicton à deux sous circulait sur elle dans le quartier général. Et ce, depuis son entrée à la caserne de Central. Toujours, elle avait été redoutée, aussi bien par ses subalternes que par certains de ses supérieurs. Mais ces derniers ne le montraient pas, contrairement aux petits soldats qui s’écartaient de son chemin, la queue entre les jambes, comme les bons chiens qu’ils étaient. Ils faisaient en sorte de ne rien laisser paraître, en se voilant derrière un masque sévère, un masque autoritaire. Un masque qui servait à réprimander les plus forts. Car c’était ainsi que la jeune femme, désabusée, se considérait elle-même. Un élément-clé de l’armée amestrienne qu’on ne pouvait en aucun cas, se permettre de supprimer. Depuis la nuit des temps, Amestris était en guerre contre toutes sortes de fléau. C’est pourquoi les alchimistes d’état étaient là. C’était pour ça qu’elle était là. Elle, l’enfant jetée de sang-froid au creux de la fosse militaire, vouée à manger de la terre dès son plus jeune âge, faute de n’avoir eu des parents assez forts. Etait-ce là une seconde raison qui la poussait à sans cesse rejeter les limites de sa puissance ? Inconsciemment, elle ne voulait pas finir comme sa mère, alitée et rendant son dernier soupir en échange d’un enfant. Elle ne voulait pas non plus se voir enfermer dans le noir, comme son géniteur devait l’être actuellement. Et ce frère dont elle ne savait rien, jusqu’à l’existence, comment avait-il fini ? Quel avait été le prologue pour cet homme qui avait laissé sans l’ombre d’un remord sa famille pour la poussière du champ de bataille ? Tant d’interrogations à propos d’un mythe. Ce n’était pas coutumier chez elle. Son instinct la trompait rarement. Il y avait quelqu’un. Forcément. Il manquait une pièce au puzzle. Un puzzle brûlé et sur le point de tomber en miettes, tant les pièces en étaient effrités par le temps et le malheur.

Les Jasdero étaient à l’image de ce tableau incomplet. En effet, jamais la petite famille ne s’était retrouvée au complet. Toujours, il manquait quelqu’un. Il manquait un visage sur la photo. Sur le puzzle noir, blanc, brun, or et rouge. Rouge comme le sang répandu. Rouge comme la prunelle de leurs yeux. La prunelle de cet œil. Cet œil las qui, enfin, s’essayait à la fixer. A première vue, plus rien ne se dégageait de cette pupille. Du froid, du vide, de la poussière. Mais pas n’importe quel froid. Pas n’importe quel vide. Pas n’importe quelle poussière. Le froid mortuaire. Le vide sur la photo. La poussière des terres ishbales. A croire que toute la chronologie se résumait en ces trois éléments. Trois éléments bien tristes qui émanaient du fond de cet œil impénétrable. Un regard qu’Aisya associa à celui de son père, chaque fois qu’elle avait tenté d’engager la conversation auprès de lui. Un regard à première vue totalement détaché et indifférent et, dans le fond, rempli de remords et d’ingratitude. Quelque chose persistait à être différent. La couleur. L’iris du général n’arborait pas les dorures de celui du père d’Aisya ; il était rouge. Et il n’y avait qu’une population tristement connue pour posséder une telle teinte au fond des yeux. Comme cet Ishbal était-il parvenu à un tel grade ? Vu son âge, il avait forcément participé au génocide. Mais à quel prix ! Nombreux avaient été les officiers ishbals exécutés lors du conflit. Néanmoins, il y avait une explication : la peau de ce second Jasdero n’avait rien du cuivre des plaines d’Ishbala. Non, c’était bien un épiderme amestrienne. Un bâtard. Tout comme elle. Né d’une union ishbalo-amestrienne. A quel prix avait-il pris part à la guerre ? Combien des siens avait-il tué pour pouvoir se morfondre dans ce siège si confortable ? Aisya aurait dû connaître la réponse. Au fond, bien au fond, ces deux-là se ressemblaient bien plus qu’ils n’osaient le croire. Malheureusement, l’estime de chacun était encore trop embrumée pour faire quelconque rapprochement. Il n’y avait qu’à écouter la réponse de l’officier. Il niait toute connaissance commune avec Aisya. Cette dernière ne répliqua rien. Tout portait à croire qu’elle commençait à être intriguée par ce pathétique personnage, à sa manière, du moins.

Le général saisit le dossier et le feuilleta machinalement. Ainsi, sa petite visite du laboratoire avait même été l’objet d’une minutieuse enquête. Comme c’était ridicule, puisque le principal élément était inconnu des bureaucrates ! L’alchimiste d’état en aurait bien ri si son attention n’était pas aussi obnubilée par la prestance de l’homme d’âge mûr en face d’elle. Bien qu’elle ne porte pas son père dans son cœur de foudre, elle ne pouvait s’empêcher de retrouver par moments, un geste, une expression caractéristique du boucher de Dublith chez ce général. Pourquoi avait-il fallu qu’elle se retrouve dans le bureau du seul militaire de la capitale à réussir à avoir des traits de ressemblance avec son maudit père ?! Nouvelle question qui resterait certainement sans réponse. Puis, comme si leurs pensées s’enchaînaient, comme des engrenages rouillés, il demanda d’une voix caverneuse d’où elle venait et si, plus précisément, elle connaissait Dublith. Aisya avait beau être un phénomène très compliqué du genre humain, elle écarquilla les yeux durant quelques secondes, les lèvres entrouvertes, considérant son supérieur. Etait-ce une mauvaise blague ? Avait-il l’intention de lui faire réciter tout son dossier ? Lui qui voulait en finir au plus vite, voilà maintenant qu’il voulait la faire mariner. Non, c’était impossible. Ça ne sonnait pas juste. Comme s’il ne lui demandait pas la version officielle. Sans pour autant que ce soit prémédité. On aurait pu remonter loin comme ça ! Et si, pour une fois, elle essayait de ne se défilait pas sous ses grands airs ? Et si, pour une fois, elle essayait de tout lui raconter, franchement ? Cela représentait beaucoup de risques. Toutefois, peu de détails existaient entre la version officielle et la vérité. Elle pouvait simplement lui répondre sans aller dans les détails. Tout dépendrait ensuite de l’intérêt qu’il porterait à ces détails omis. La plupart se contentait d’écouter, et encore personne ne s’était essayé à en savoir plus. Essayons, encore une fois.

-« Mon père tenait une boucherie à Dublith. J’y ai donc passé la plupart de mon enfance. Une enfance en plein air. Vous savez, cet air chaud qui balaye les rues, tout l’après-midi durant. Un vent sec qui fait danser la poussière dans les cheveux des enfants. Je passais mon temps à courir, souvent accompagnée des chiens du village qui venaient réclamer les restes d’abats. Pourtant, chaque fois, j’étais seule. J’étais l’enfant. Invisible peut-être ? Aux yeux de mon père, c’est certainement ce que j’étais. Ma mère … n’était pas là pour me réconforter. Je crois que depuis un certain temps, quelque chose s’était brisé. Le vent s’était levé en elle. Le vent sec qui fait danser la poussière dans les cheveux de l’enfant … Avez-vous déjà vécu seul, Général ? Avez-vous déjà couru dans les rues de Dublith, éternellement seul ? Je ne vous le souhaite pas en tout cas. C’est quelque chose que je ne souhaite à personne … »

Sa voix s’éteignit. Son regard, il fixait un point, un peu à droite du général. Sa voix n’avait pas tremblé. Pourtant, une profonde mélancolie s’était retranscrite malgré elle dans son récit, qu’elle avait raconté sans s’arrêter. Ses yeux brûlaient toujours mais ils n’étaient pas tournés vers cet avenir plein de gloire qu’elle ne quittait pas une fois. Ils avaient bifurqué vers un passé plus d’une fois révolu. Un passé qui formait comme une tache d’encre sur le puzzle. Une tache qu’elle s’était efforcée à effacer. En vain. Bien qu’elle soit l’un des plus puissants officiers de Central, elle avait échoué quant à la disparition de ses souvenirs. Elle s’était, en conséquences, contentée de les emmurer. De les attacher à une chaise électrique, prête à les détruire s’il en allait de sa vie. Mais là, il n’en allait de rien du tout. De ce fait, elle ne bougeait pas et, malgré la désinvolture et la splendeur de l’orage qui émanait de sa silhouette, elle ne laissait à présent que l’impression d’être redevenue une enfant. L’enfant. L’enfant invisible en quête d’achever un puzzle rempli de froid, de vide, et recouvert de poussière.
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