Rappel du premier message :

Musique! http://soundcloud.com/propellerrecordings/a-bar-in-amsterdam

Un soir comme les autres à la folle Ivresse, un des bars les plus bancales du nord de Central, loin des beaux quartiers mais proche de la faculté de médecine entre autres, ce qui incita Tom Whateley, simple étudiant en médecine à y postuler comme serveur à temps partiel il y a de ça quelques mois maintenant.

Oui, Tom c'est moi, et il faut bien que je gagne ma vie à côté des études, du coup je me retrouve ici à servir des piliers de bar et autres soulards de la dernière heure. Heureusement le barman est sympa même s'il regrette un peu la serveuse qu'il y avait avant moi, paraît qu'elle était bien roulée d'après lui.
L'autre aspect qui m'a motivé à travailler ici, c'est qu'on peut croiser pas mal de joueurs clandestins qui veulent tenter leur chance dans l'arrière salle, et mes talents d'apprenti croupier ont nettement facilité mon embauche il est vrai. Le problème c'est quand les plumés refusent de payer, et pire quand ils sont alchimistes d'état ou militaires, mais heureusement je touche du bois, je n'ai pas encore eu affaire à ce genre de situation embarrassante merdique!
Et puis en parlant d'alchimistes, il y en a parfois qui fréquentent le coin en soirée, Phil (le barman) m'a même dit qu'un jour il y a croisé une paire d'alchimistes d'état d'une discrétion relative, sans doute venu négocier un contrat en douce ou quelque chose du genre...A l'époque je n'étais pas encore là mais j'espère croiser ce genre de personne un de ces soirs histoire d'en apprendre plus sur l'alchimie au détour de quelques verres bien tassés.

J'en étais à ces digressions personnelles lorsqu'un type albinos entra dans le bar (ce qui me rappela une blague vaseuse d'un type qui rentre dans un bar et fait plouf) portant un costume noir, visiblement armé le tout couronné d'une mine sérieuse...Le genre super héros venu noyer sa pénible fin de mission dans l'alcool qui sait? Dans tous les cas il ne fait pas partie du commun c'est certain, et il pourra peut être m'en apprendre plus sur les magouilles alchimiques qui ont lieu sur le continent en ce moment même... Sans plus attendre je l'accueille avec toute l'empathie dont je suis capable:

-"Dure soirée monsieur?
-..."

Puis j'enchaîne:

"-Whisky?
-Double. Avec glace."


Devant le manque de conversation de mon interlocuteur, je m'en retourne à d'autres tables ou des filles font abusivement boire un pauvre pigeon qui finira sûrement par se ruiner à une de mes tables de jeu en fin de soirée. J'envisage déjà le réveil pénible demain matin suivi des cours intensifs puis de la visite à l'hôpital où le Dr Montgommery va encore nous poser des colles invraisemblables sur les cas internés...

-"Hé garçon! Sers m'en un autre de suite! Hé garçon, mon Gin n'est pas encore arrivé! Hé garçon, hé garçon..."

Je retourne au bar chercher les commandes et en passer d'autres tout en m'attardant sur l'albin...Quoi? Il a de drôles de pupilles pour un albinos...Et puis quelque chose cloche physiquement parlant. Il capta mon regard insistant:

-"Quoi?
-un autre verre?
-il n'est pas encore vide.
-...Cadeau de la maison!"

Je m'empressais de le resservir, ce qui apaisa ses soupçons pour le moment. Serais-ce une chimère? Dans tous les cas je compte le faire boire toute la soirée, quitte à l'inviter à une de mes tables pour le garder à l’œil le plus longtemps possible.
Plus tard dans la soirée, je l'accostais au détour d'une commande et lui glissais discrètement à l'oreille:

-"tenté par un poker après le service?" et lui montrais d'un rapide coup d'oeil la porte menant à l'arrière salle, pour l'instant close, attendant sa réaction.

Au moment ou il me répondit négativement j'essayais d'argumenter:

"-Il ne s'agit pas de recréer la vie mais de voir le gardien des portes! Je ne suis pas f..."

Son regard de tueur me dissuada de continuer ma tirade. Je pouvais comprendre, chimère ou non qu'il serait difficile pour lui de retourner sur le billard après toutes les manipulations qu'il a dû subir...Il était cependant très calme et me répondit sur un ton poli et courtois, comme si il voulait mettre de la distance pour éviter d'aborder son état physique actuel. Il se  dirigea ensuite d'un air détaché vers la porte et ce prononça les paroles que je craignais le plus:

- Je prend conge. Je te remercie pour ton hospitalite et tout mais je ne desire aucunement rester. Peut etre nos routes se recroiserons t elles mais pour le moment je ne desire pas discuter plus avec toi.

Laisser filer un aussi beau spécimen? Hors de question! De plus je crois bien que j'avais fini par me prendre d'affection pour ce type... Je me jetais contre la porte d'entrée afin de lui barrer la route, l'alcool et le stress m'ayant mis dans un état hystérique dont je n'avais pas coutume. Malgré sa stature et sa détermination j'étais prêt à lui tenir tête.

"- Tu as pris tous ces risques ce soir pour au final rentrer chez toi et reprendre ta routine? D'ailleurs, pourquoi les avoir pris si c'est pour ensuite me planter là sans même accepter mon offre!"

D'un mouvement vif je sortis alors une seringue de derrière mon dos pour tenter de la lui planter dans la cuisse.

Il se jeta vivement pour me barrer la sortie. Cela m agacait au plus haut point. J estimais avoir ete assez gentil et patient avec lui. Je doutais de pouvoir rester plus en sa presence sans compromettre sa sante. Sante qui me semblait d ailleurs pas etre tres presente chez cet etre, au niveau mental. Il essaya de me planter quelque chose dans le corps. Rompu a la dure vie des ghettos j etais sur mes gardes et quand il m attaqua de front de maniere temeraire, j eus un regard legerement hautain a son egard. Pauvre fou. D un mouvement fluide et inhumainement rapide j evitais l arme pour ensuite le pousser brutalement de la sortie et enfoncer la porte qui ceda facilement.

En blessant la femme et l homme au bar j avais senti leur douleur m emplir d une energie nouvelle. Je savais que ce boost de mes capacites physique ne serai que temporaire, aussi je me depechais de rentrer a la maison. Ces pouvoirs d homonculus je les decouvrais a peine et j avais du mal a realiser qu ils ont toujours ete en moi. Il ne me fallut pas longtemps pour rejoindre mon appartement au 36 bis rue des Peupliers. Mes vetements etaient dechires en plusieurs endroits autant par la rafale de balles que les eclats de la bouteille. En rentrant je me lava et me changea vite. Il me faudrais un peu de temps pour balayer cet homme de mon esprit. Mais j imagine qu une fois Solf rentre il saura aisement me distraire...

La suite des événements, je ne m'en souviens que par bribes: J'ai essayé de planter cette seringue pour injecter un sédatif à Ian, puis il m'a poussé. J'étais en train de calculer comment l'assommer en tapant sur sa carotide d'un coup sec quand je tombais. Je m'aperçus trop tard que la seringue avait pénétré dans mon bras lorsqu'il m'avait éjecté pour pouvoir sortir. Du sol je le vis défoncer ma porte puis partir en trombe sans mot dire. Ce fut mon dernier souvenir avant de sombrer dans un sommeil comateux dont je me réveillais une douzaine d'heures plus tard.


Suite au tapage nocturne, la propriétaire vint et me demanda de rembourser les dégâts faits la nuit dernière. Je lui donnais l'argent que Ian m'avait laissé la veille et compris à son regard qu'elle me prenait pour un prostitué. Qu'importe, la journée était déjà bien entamée et j'avais raté la plupart de mes cours...Je ne sais même pas si je recroiserais ce type un jour d'ailleurs.

Je me dirigeais vers l'armoire dans laquelle était enfermé un pigeon encore vivant, contrairement à son compagnon d'infortune qui gisait sur mon bureau. J'ouvris la cage, le pris dans mes mains et l'envoya voler par la fenêtre. "En tout cas, cette histoire m'a appris une chose. On ne tente pas le diable avec un simple pigeon, maintenant il me faut des spécimens beaucoup plus gros."
Je pris ma veste, rangeais mon trousseau médical puis je partis me noyer dans la masse de Central, là ou personne ne remarquera mes agissements futurs.

Fin.