Et bien, sois convaincue du contraire, ma petite Winry, pensa-t-il. Il savait que de simples paroles, même sages et réfléchies, ne pourraient changer ses idées, du moins, pas de suite. Tout ceci était encore bien trop nouveau. Et cela le fit doucement rire qu'elle veuille essayer d'arranger les choses avec Edward. Il était plus borné qu'un âne et le faire changer d'avis c'est comme parler à une vache. Ça sert à rien, il comprend pas ! Cela l'amusait et lui réchauffait ce coeur inexistant de voir qu'elle voulait que tout s'arrange, comme d'habitude. Lorsqu'on connaissait mieux Winry, on pouvait s'apercevoir qu'elle avait un coeur un or sous ces airs de brutes épaisses et d'insensible. C'était une fille douce et charmante, qui se souciait de son prochain avant d'elle même. Et cela lui jouerait des tours, un jour... Trop naïve en plus.

Il regarda la belle demoiselle se lever avec rapidité avant qu'elle ne se dirige en courant vers sa maison. Il l'attendit ici, se remémorant cette discussion... Oui, elle avait sûrement raison, ils s'étaient emportés tous les deux, et avaient dépassés des limites imposées inconsciemment. Enfin bon, ne plus y penser ! Ils allaient aller dans le Sud, voir de belles choses et se dorer la pilule au soleil, du moins, pour Winry.
Alphonse se leva lorsqu'il vit la demoiselle arriver, toujours en courant, un grand sourire au visage, vers lui. Il était heureux, il souriait même si son visage demeurait impassible. Il savait parfaitement où aller dans le sud pour faire plaisir à son amie de toujours. En parfait gentleman, il prit la valise de sa grande soeur de coeur et marcha à pas régulier vers la gare.

L'après-midi était avancé et à n'en pas douter que s'ils prenaient le train du soir, ils arriveraient le lendemain dans l'après-midi. Une fois à la gare, il s'affaira à acheter deux billets en partance pour Rush Valley avant d'aller s'assoir près de son amie pour attendre le train. Ce dernier arriva relativement en avance.
Le voyage se déroula en silence. Personne ne venait le rompre, seuls deux enfants, dont une charmante fillette de cinq ans environ, s'amusaient et leurs rires s'estompaient face au bruit du train. La nuit tomba bien vite et avec elles les paupières qui se fermèrent les unes après les autres bien que certains vaillants tentèrent de lutter face au sommeil.

Lui même se laissa bercer par les doux mouvements du train et le son régulier que produisait les roues sur les voies en fer. Il se perdit dans la contemplation d'un paysage assombrit par la nuit. Tout ceci lui rappelait ses multiples voyages avec son ainé. Mais ne parlons pas de lui comme s'il était décédé... Enfin... Oui, cette dispute avait laissé des blessures chez Alphonse qui était beaucoup plus sensible que le Fullmetal et se remettait plus difficilement de ce genre de situation. Surtout s'il y était confronté seul. Le jeune homme soupire doucement.
Et la nuit passa, calme et paisible...

Au lendemain, ils cherchèrent un hôtel. Une fois ce fait, ils s’installèrent. Cela avait surprit Alphonse qu'ils n'aient pas prit de chambre séparée... Enfin bon, elle faisait comme elle voulait Winry, il n'était pas son père et ne voulait pas le remplacer, cet homme fabuleux de ce qu'il s'en souvenait.

— Repose toi, Winry, je doute que tu aies bien dormis cette nuit... Ou alors, si tu veux, vas te promener dans Rush Valley, il faut que je passe ce fameux coup de fil, dit-il en passant une main derrière son casque, quelque peu gêné.

Il savait que si elle restait ici, il allait soit mourir, soit elle allait être triste. Dans tous les cas, l'ambiance si bonne enfant allait être brisée par des mots échangés avec peut-être trop de violence. Il voulait tout de même la préserver...

Alphonse avait saisit le combiner et avait composé le numéro de Mustang. Il appréhendait et cela s'était vu dans le fait qu'il avait mit bien deux minutes avant de se décider à composer ce fichu numéro et à porter l'appareil à son oreille inexistante. Qu'allait-il dire ? Demander ? Le colonel était-il déjà au courant qu'ils s'étaient disputés ? Edward était déjà rentré de sa permission ? Tous ces éléments, aussi petits soient-ils, inquiétaient grandement l'armure qui n'arrivait toujours pas à se remettre de sa dispute et de la façon dont Edward l'avait envoyé paitre bien que cela fasse plus d'une semaine.
Il soupire et se concentre à nouveau sur ce qu'il pourrait dire, tout en écoutant d'une oreille distraite la mécanicienne sur le lit.

En effet, l'envoyer se balader dans ce paradis des automails seule n'était pas la meilleure des choses à faire. D'abord parce qu'il ne savait pas ce qui pouvait bien lui arriver et ensuite parce qu'elle pouvait très bien lui piquer son porte monnaie et le trouer plus qu'il ne l'était déjà. Pourquoi Alphonse n'avait-il pas pensé à sous tirer de l'argent à son frère avant de se disputer ? Il ne serait pas sur la paille à l'heure qu'il est et aurait pu faire plaisir à sa grande soeur de coeur... Enfin bon, il était con et puis c'est tout.

Il attendait toujours, personne ne semblait vouloir décrocher à l'autre bout. Peut-être que le colonel n'était pas là ? Ce qui l'arrangeait un peu dans le fond car... Et si jamais Mustang lui passait Edward ? Car ce dernier était avec le colonel en train de gueuler sur il ne savait quelle mission foireuse ? Et s'il appelait à un mauvais moment ? Genre Ed est en train de raconter leur dispute au gradé et ... Rho, suffit les films, faut arrêter d'être parano ! Edward c'est ton frère et pas un monstre nain difforme bouffeur d'enfants ! Le cadet soupire doucement tout en secouant la tête d'exaspération. Parfois, il se demandait où il pouvait bien trouver toutes ces idées tordues... Non mais, comparer son frère avec un monstre nain difforme bouffeur d'enfants c'était être loin de la vérité qui était... pire ? Mais quelle image négative avait-il de son grand-frère chéri et adoré ? N'importe quoi !

Bon, puisqu'il semblait que ça ne décrochait pas, Alphonse reporta toute son attention à Winry qui semblait s'ennuyer ferme. S'il eut peu sourire, il lui aurait offert son plus beau sourire d'excuse. Car après tout, c'est lui qui avait insisté pour qu'elle prenne des vacances. Certes, c'était la demoiselle qui avait demandé à ce qu'il appel le colonel lorsqu'ils arriveraient mais... S'il ne s'était pas engueulé avec Ed, il ne serait jamais venu à Resembool et n'aurait jamais embarqué Winry dans ses magouilles et elle ne se serait jamais fait chier ici, en attendant qu'un certain Flemme Alchemist ne veuille bien se donner la peine de décrocher ce maudit téléphone !
Toujours l'appareil à l'oreille, Alphonse regarde Winry, dubitatif:

— Que veux-tu me demander, Winry ?

Tuuu, tuuu, tuuu... Et ce fichu téléphone qui continuait à sonner dans le vide. Surtout prenez votre temps colonel, on est pas pressés, on a toute notre putain de vie ! Mais c'est qu'il devenait impoli le petit Alphonse lorsqu'il était impatient...

La grande armure s'était à nouveau détournée de Winry. Le colonel venait de répondre, c'était pas trop tôt, et Alphonse parla d'une voix peu rassurée. Toujours cette peur au ventre. C'est qu'il eut été réellement choqué par tous ces évènements le petit cadet fragile émotionnellement.

— Allô ? Colonel ? C'est moi, Alphonse... J'espère que vous allez bien. Je peux vous parler ou vous êtes occupé ?

Il fit une pause, laissant le temps à Mustang de répondre avant de continuer:

— Ah, et... Si y a Edward, je rappellerais plus tard. Je ne voudrais pas vous déranger.

Il soupira doucement. Non, vraiment, il faisait tout de travers ! La grande armure, attendant que le colonel ne lui répondes, se détache de la contemplation du mur pour revenir à Winry qui avait l'air dans une concentration extrême. C'est comme si elle se parlait à elle même, se battant avec sa conscience. Mais il devait se faire des illusions car cela se saurait si la demoiselle était schizophrène. Bon, certes, elle n'était pas loin de la bipolarité avec son caractère lunatique, mais bon.

Le jeune homme était quelque peu perdu dans ses pensées lorsque soudainement il eut un hoquet de surprise. Mais, mais... Pourquoi elle faisait ça ?! Elle en avait presque lâché le téléphone tant il eut été surprit par les agissements de son amie. Il était sûr que s'il avait pu rougir, il serait d'un rouge pivoine et il serait aussi au garde à vous... Enfin bref.
Pourquoi elle montrait ses sous-vêtements là ?! Et puis pourquoi lui poser cette question ?! Elle le prenait pour son meilleur ami gay ou quoi ?! Et puis non, désolé, c'est pas parce qu'il était dépourvu de corps qu'il ne pouvait pas ressentir le... Ah bah si en faite, il ne ressentait rien d'autre qu'une gêne immense et incomparable.

Pourquoi... Il tenait fermement l'appareil à son oreille, essayant de se concentrer sur ce que disait le colonel, sans succès. Il poussa un hurlement lorsqu'elle se mit en sous-vêtements. A ne pas en douter que les autres résidents de l’hôtel devaient se demander pourquoi l'on criait comme si l'on égorgeait un cochon. Il aurait eut des sueurs froides s'il avait eut un corps.

— Pourquoi t'es en sous-vêtements Winry ?! hurla-t-il, perturbé. Et puis pourquoi tu me demandes ça, à moi ?! Je... Je... J'en sais rien ! Je suis un homme ! Je connais pas ces choses là ! finit-il en bafouillant.

Il en avait oublié le téléphone qu'il tenait en main et donc que Mustang entendait tout. Mais dans quel pétrin s'était-il encore fourré ?

Il avait vraiment de plus en plus de mal à se concentrer sur ce qu'il disait. Et pour preuve, il en venait à penser à des situation salaces et impossibles. Fallait se calmer Alphonse. Mais toute cette histoire était folle, simplement et purement ! Ah, s'il avait pu se masser les tempes à cet instant là... Enfin bon, il devait se concentrer et ne pas céder à la colère qui grandissait en lui. Il en avait marre de tout ceci, marre de devoir fournir des efforts surhumains pour des gens qui n'en avaient que faire, qui ne le voyaient même pas. Entre Mustang qui se foutait ouvertement de sa gueule, Edward qui l'accusait encore de faire des conneries et Winry qui ne cessait de hurler, plus menaçant que jamais, pour avoir un avis qui de toute façon lui passait au dessus de la tête...

Il serre le poing avant de le poser sur le petit meuble en face de lui. Il avait toujours le combiné à une oreille inexistante et écoutait ce qu'avait à dire le colonel avant de répliquer sèchement, s'emportant presque:

— Parfaitement qu'on y arrive pas ! Et pour cause, il m'envoie paître à Resembool pendant qu'il se paye du bon temps ! s'emporta l'armure, maintenant piqué à vif avant de se calmer pour demander d'un ton des plus interrogatifs. Des cris féminins ? Heu... Winry qui... me demande de lui donner un avis sur ses sous-vêtements ? se hasarda-t-il en guise de réponse.

Et maintenant il devait se justifier sur ce qu'il se passait autour de lui ? N'importe quoi ! On était dans un pays libre où on avait le droit à une vie privée ! Pourquoi irait-il annoncer sur tous les toits que sa meilleure amie le prenait pour un homme gay et donc lui demandait son avis sur des sous-vêtements de toute manière moches et surtout qu'on ne voyait pas sous la tonne de vêtements qu'elle portait ?

Voilà, c'est bon, elle venait d'ajouter la goutte d'eau qui allait faire déborder le vase d'Alphonse, la personne la plus calme de l'univers. Il soupira grandement, fronça intérieurement les sourcils. S'il avait eut un corps, il aurait le souffle court, le visage rouge, les veines qui ressortaient tant il en avait marre et était énervé. Ça suffit, qu'on arrête de le prendre pour un objet ! Mais non de dieu ! Ça suffit de disposer de lui comme on dispose d'un larbin ! Déjà son grand frère qui se croit tout permis au point de l'envoyer paitre à Resembool parce que môssieur l'alchimiste était énervé et ne voulait plus le voir dans ses pattes, puis Mustang qui se permettait des commentaires sur un sujet qui ne le regardait pas et surtout la mécanicienne qui avait cru qu'il était une critique féminine en matière de mode. Il explosa, tout simplement, déversant sur ces trois personnes sa colère et sa rage non dissimulées.

— Une chose en son temps, bordel ! Colonel, il ne se passe rien entre Winry et moi, du moins, rien que vous ne vouliez savoir ! Edward ! Tu te calmes ! Je suis pas le fautif dans l'histoire ! C'est pas de ma faute si TA PETITE AMIE décide de se foutre à poil devant moi ! Winry, arrête de hurler, tu vas réveiller tout le monde. Et puis merde ! Vous me faites chier ! hurla-t-il d'une seule traite en ayant au moins insisté sur le "petite amie" à l'attention de Ed.

Il se retourna pour faire face à Winry et à son soutient-gorge rose bonbon. Il passa une main sur son visage de fer avant d'annoncer, de but en blanc:

— Trop rose, et puis qu'est-ce que j'en ai à faire ? De toute manière cette fine lingerie ne m'est pas destinée. Pose plutôt directement la question à Edward, je suis sûr qu'il se ferra un plaisir de te répondre ! Tiens, je vais même demander à Mustang d'envoyer mon cher frangin ici, comme ça, vous pourrez parler mode, mais sans moi.

Il avait dit tout cela d'un ton sans appel, froid et sec. Il n'en pouvait vraiment plus. Là, tout ce qu'il voulait, c'était se poser sur une plage ou une berge de lac et ne rien faire durant des heures. Se perdre dans sa contemplation d'un ciel faussement bleu. La vie était dure, surtout pour lui en ce moment. Il essayait vraiment de joindre tous les bouts mais personne ne semblait vouloir l'aider... Bande de crétins !

Alphonse s'était réellement énervé et avait finalement fini par raccroché après avoir dit ce qu'il pensait de son grand frère et de ses méthodes pour les moins tyranniques. Il était au summum de sa colère et ne savait pas quoi faire pour se calmer tout en évitant de tuer quelqu'un si possible. Ce n'était pas le moment de devenir un meurtrier et surtout de tâcher de sang le nom de famille Elric qui était celui de leur défunte mère, ne l'oublions pas. Il ne voulait pas faire du tord à celle qui l'avait mis au monde, surtout en faisant une connerie aussi absurde et abjecte. Le crime n'était pas une solution, tout comme le suicide...

L'armure soupire avant de constater les dégâts qu'elle avait fait. Dans son excès de rage, elle avait fait un léger trou dans le mur en face d'elle ainsi que renversé un nombre incalculable de choses allant du simple vase au meuble en bois. Galère, comment allait-il rembourser tout cela ? Avec les maigres moyens dont il disposait ? Travailler ? Mais qui voudrait embaucher une grande armure sans connaitre le visage inexistant qui se cachait dessous ? Piller ? Aussi mauvaise solution que de tuer...

Al, un peu dérouté, passe une main derrière son casque et s'affaire à remettre du mieux que possible la chambre en état grâce à son alchimie approximative. Bon nombre de casses furent réparées mais il en restait tout de même pas mal. L'alchimie ne pouvait pas tout résoudre même si elle aidait beaucoup. Il soupire puis remarque un morceau de papier poser sur la table. C'est vrai, avec tout cela, il en avait oublié Winry, la principale raison pour laquelle il se trouvait à Rush Valley.

Encore un soupire tandis qu'il lit avec rapidité la missive noircie par l'encre et la belle écriture soignée de son amie avant de la ranger à la va vite dans son armure. Il saisit les clé qui reposaient à côté du téléphone désormais devenu sa némésie avant de sortir de la chambre et de la fermer à double tours. Il se dirigea vers l'entrée, en chemin, il croisa un bon nombre de personnes qui le dévisagèrent avec curiosité mais aussi crainte. Ils avaient peut-être entendu ses hurlements injustifiés. Il ne serait pas étonné que le patron les vire de son hôtel pour dérangement à la clientèle et autres conneries dans ce genre. Enfin bon, après tout, ça ne serait pas la première fois qu'il se ferait jeté, la première étant avec Edward. Et une belle première en plus ! Un combo même puisqu'il l'avait envoyé chié pour la deuxième fois en moins de deux semaines tout à l'heure au téléphone.

Le jeune cadet, encore sur les nerfs, serre les poings alors qu'il s'approche de la mécanicienne au téléphone. Il se plante à ses côtés, croisant les bras et ne bougeant plus, attendant avec impatience qu'elle ait terminé son long discours pour porter des nouvelles à mamie Pinako. Ah, elle était le rayon de soleil qui illuminait sa journée même qu'il était vrai qu'elle l'avait un peu beaucoup énervé il y a peu de temps. Mais il y avait tant de choses qui l'emmerdaient aujourd'hui à commencer par son crétin de grand frère qui n'essayait même pas de comprendre qu'il traversait une période difficile d'instabilité mental qui le rendait irritable et surtout douteux de lui même.
Alphonse pétait tout simplement un câble et rompait son mariage avec son contrôle et son calme olympien.

Le jeune homme recula un peu en voyant le sourire carnassier se dessiner sur les lèvres de sa meilleure amie lorsqu'elle eut fini de téléphoner. Ce sourire... Elle avait un truc derrière la tête et ça ne présageait jamais rien de bon... S'il avait eut un visage, il aurait affiché une grimace assez significative, mais hélas pour lui, il n'avait qu'un casque de métal pour figure et il ne pouvait pas le tordre à ses envies, fautes de souplesse mais surtout de muscles faciaux... Il se contenta donc de lever doucement les mains, faisant signe à la femme qui lui faisait face de se calmer un peu, mais elle semblait n'en avoir rien à faire puisqu'elle lui saisit le bras et l'entraina à sa suite.

Alphonse soupira. Il était, certes, encore énervé mais il devait bien avouer que l'insistance de la jeune demoiselle le faisait doucement rire et surtout le calmait un peu. Voilà qu'ils sortaient pour affronter le chaud soleil du Sud. Oui bon, la journée déclinait et avec elle la chaleur. Les magasins seraient-ils encore ouverts ? Bah, peu lui importait à vrai dire, du moment qu'il ne pensait plus à son frère. Frère qui partait en mission périlleuse à ce qu'il avait comprit dans l'un des rares moments où il daignait écouter Mustang déblatérer ses âneries.

Oh, il aurait pu s'inquiéter sur le moment, et même maintenant, mais il avait encore trop les nerfs à vif pour penser quoi que ce soit. Et puis il n'allait pas aller se mêler de choses qui ne le regardait pas, surtout qu'il avait clairement annoncé vouloir de la solitude mais surtout vouloir s'éloigner de son ainé durant un moment. Et puis il n'était pas utile d'aller mettre la vie de Winry en danger, un seul problème à la fois.

Il se reconnecta au monde et regarda, avec un sourire invisible, sa meilleure amie courir dans tous les sens dans ce monde qui était le sien. Elle semblait heureuse. Tant mieux, vraiment. Après tout, ils étaient là pour s'amuser et non pour s'engueuler ou se prendre la tête inutilement. Croisant les bras dans le dos, à la manière d'une personne âgée, il commence à suivre doucement cette furie au travers ses hurlements hystériques. Ses yeux pétillaient de joie et le sourire qu'elle affichait en disait long sur ses sentiments présents.
Néanmoins, il soupira doucement. C'était étrange de vivre quelque chose sans Edward à ses côtés pour râler, commenter les moindres faits et gestes de la jeune demoiselle, se quereller avec elle. Oui, c'était bizarre, pour une fois, il n'avait pas à faire l'arbitre ni même à retenir les élans meurtriers de son cher frère.

A vrai dire, il ne regrettait pas vraiment. C'était reposant, c'était calme. C'était tout ce qu'il voulait. Le jeune homme s'arrêta soudainement. Son frère, mission, dangereuse... Dans le sud en plus ?! C'était pas loin et si... et s'il venait à mourir ?! Alphonse serait alors perdu sans son modèle, sa référence ! L'armure se prend la tête dans ses mains avant de relever cette dernière. Il était fort, très fort même. Après tout, c'était le Fullmetal Alchemist, il ne pouvait pas mourir aussi bêtement, hein ?


— Winry ? appela-t-il, espérant que malgré la cohue, elle entendrait sa voix métallique.

Il était campé en plein milieu de l'avenue, il avait les bras le long du corps et une posture qui laissait voir sa grande et soudaine inquiétude. quoi de plus normal que de s'inquiéter pour sa famille même si l'on venait de s'embrouiller sévère avec ? Après tout, ils partageaient le même sang.

Alphonse se laissa faire, docile. Il était vraiment en train de gâcher ce qui devaient être de belles vacances au soleil du Sud. Mais... Oui, il y avait toujours un mais, malheureusement... Mais son frère, son grand frère, seul en mission, qui risquait sa vie parce que lui, cadet stupide, con, avait osé l'abandonné. Il ne savait plus quoi faire. Il se haïssait, il haïssait cet être égoïste qu'il était devenu, il se détestait tellement. Aucun grand frère n'avait à vivre cela. Les disputes étaient normales, mais pas à ce point. il n'avait pas le droit de rejeter la faute sur son ainé qui depuis le début faisait tout pour l'aider.

En même temps, il avait du mal à réellement admettre. A rejeter la faute sur lui. Edward n'était pas blanc non plus, il avait joué un grand rôle dans cette dispute également. L'armure secoue la tête, chassant ses idées de là. Elle regarde Winry avant de la prendre dans ses bras, n'ayant pas réellement de difficultés à soulever ce poids plume. Il la regarda, souriant, du moins intérieurement avant de soupirer doucement. Ainsi, ils donnaient l'impression d'un père et de sa gamine, quoi qu'un peu vieille la gamine pour être ainsi portée par son paternel mais bon.

- Rien, rien du tout, affirma-t-il d'un voix claire et nette, un peu trop fausse cependant.

Il reposa la mécanicienne, lui prit la main et l'emmena se perdre dans les dédales de boutiques et de mécaniciens. Elle était dans son élément ici et personne ne pouvait lui gâcher ce plaisir, pas même lui avec ses stupides doutes. Après tout, Edward n'était pas le plus jeune alchimiste d'Etat pour rien pardi ! Il joua donc le jeu, le jeu d'un ami hautement intéressé par les gouts hystériques de la demoiselle. Mais son esprit était ailleurs, il voguait bien plus au Sud, là où devait se trouver réellement son frère avec qu'il il était lié par le sang.

[HRP: Dsl de la taille, c'est un effet d'optique et j'ai plus d'inspi pour répondre plus longuement U.U]

Evidemment qu'elle n'était pas cruche. Qu'il avait été idiot de croire qu'il pouvait l'embobiner en changeant ainsi de sujet. Après tout, ils avaient grandis ensemble et même s'ils ne lui disaient pas tout, elle était assez intelligente et maligne pour deviner toute seule lorsqu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et son visage de fer, pourtant rempart pour ses émotions, n'y changeait rien. Tout était dans la voix, la façon de faire, la gestuelle... La moindre petite chose pouvait être interprétée. Qu'il soit une armure vide de deux mètres dix ou bien un petit garçon en chair et en os... pour elle il n'y avait vraiment pas de différence. Elle était bien trop perspicace et cela lui faisait peur de temps en temps. Eux qui lui cachaient tant de chose pour son bien. Il avait peur qu'elle découvre le pot aux roses, qu'elle découvre dans quoi ils s'étaient lancés. Un chemin dangereux et tortueux, un chemin où la mort guettait à chaque pas, un chemin d'où ils pourraient très bien ne pas en revenir. C'était une réalité, il ne fallait pas le nier.

Alphonse regarda Winry lui prendre les mains, tel un enfant. A vrai dire, il n'était pas adulte, il était même le moins adulte des trois. Mais dans ce monde, ce monde où il vivait, il ne pouvait faire autrement que de se considérer comme tel. Agir en adulte responsable, protéger ceux qu'il aime, protéger son grand frère, sa meilleure amie. Et même protéger tout un pays s'il en croyait les magouilles et les rumeurs murmurées. Le pays allait mal et il allait tout mettre en oeuvre pour le sauver. voilà qu'il parlait comme s'il était un super-héro... Mais ces personnages là n'existaient que dans les histoires pour gamin. Les héros avec des pouvoirs n'existaient pas, les vrais héros partaient avant. Les vrais héros c'étaient ceux qui sacrifiaient leur vie pour les autres. Les vrais héros c'est tout ce qu'il n'était pas.

Et sa meilleure amie qui n'y comprenaient sûrement rien et essayait de l'amadouer de sa voix mielleuse. Mais cela faisait longtemps qu'il ne se laissait plus prendre par ce piège. Ce piège qui vous forçait à parler une fois qu'on était dedans. Alphonse resta à la fixer avant de la tirer à lui, l'emprisonnant dans une étreinte des plus... glaciales. Mais il n'en avait que faire, il se foutait pas mal des ressentis de la jeune femme en ce moment. Il avait juste besoin de la sentir dans ses bras, ses bras où il savait qu'en ce moment, elle y serait en sécurité. Il n'avait jamais cessé de l'aimer, jamais. Même s'il essayait d'oublier ces sentiments douloureux, il savait pertinemment qu'elle avait déjà donné son coeur à une autre personne. Et cette personne ne le voyait même pas. Cela le rendait dingue. Edward n'était qu'un triple idiot, elle avait bien fait de le dire.

- Je ne sais pas Winry, je ne sais pas si je m'inquiète pour lui où si je deviens fou. Je le déteste, oui, en ce moment, je le déteste tant Winry, murmura-t-il avant de soupirer pour reprendre ensuite, toujours sans avoir conscience des regards curieux qui se posaient sur ce couple pour les moins atypique. Tu ne sais pas dans quoi on s'est embarqués, Winry, tu ne connais pas ce chemin truffé de mines que l'on arpente chaque jours durant. Si l'on te cache des choses, c'est parce qu'on veut te protéger. Le monde est cruel et tu n'as pas besoin d'en savoir plus, tu n'as pas besoin de verser plus de larmes que maintenant. Ecoute moi Winry, si je peux te dire quelque chose, je te promet de le faire...

Puis il se tut tout en brisant cette étreinte fragile. Il laissa ses bras pendre le long de son corps et soupira. Pourtant, il souriait, oui, il souriait, fier de cette proximité qu'il venait de gagner avec Winry. Une chose qu'il avait en plus sur son frère. C'était ignoble de penser comme ça mais c'était normal dans une fratrie que de vouloir être le meilleur. C'était normal, oui...

Le jeune homme qu’il était regarda Winry qui désignait du doigt le soleil couchant. Magnifique chose, en effet. Trop beau pour être réel en cet instant. Il le haïssait, ce soleil qui venait réchauffer tous les cœurs sauf le sien, il le haïssait de se montrer si chaleureux envers les autres, mais pas lui. Comme s’il n’était pas humain, simple armure, âme coincée sur Terre contre son gré. Pourquoi lui ? Pourquoi cette vie ? Cette armure ? On lui promettait, il se promettait de retrouver son corps, mais en réalité, il n’en savait rien. Peut-être que cela était impossible, qu’il était condamné à attendre son heure, une heure qui ne viendrait sûrement pas avant des dizaines d’années. Il ne voulait pas vivre comme ça, ne pas connaitre l’amour, ne plus manger, ne plus dormir. Rester seul avec les étoiles… Et même si sa meilleure amie essayait de lui remonter le moral, il y avait bien trop de choses qui se bousculaient dans son esprit pour qu’il puisse se concentrer sur ces paroles réconfortantes.

Où était Edward ? Que faisait-il ? Et cette haine, ce sentiment, pourquoi maintenant ? Il était son frère bon sang ! Le même sang coulait dans leurs veines ! Il ne pouvait pas le détester ! Mais il fallait croire que sa raison commençait à se perdre dans toutes ces questions sans réponses. Oui qu’il pouvait le haïr, c’est à cause de lui s’il n’avait pas eut droit à une enfance normale, à cause de lui s’il se retrouvait dans ce corps de métal, sans pouvoir montrer d’émotions ni même ressentir la chaleur de cette mains sur son visage. Il était figé dans le fer, emprisonné dans cette armure. Il donnerait tout pour retrouver un corps de chair, peu importe que ce soit le sien ou non. Il ne désirait plus vivre comme ça, comme un objet vivant. Il voulait être lui, être Alphonse Elric. Enfant de quinze ans qui ne se préoccupait que de sa petite amie et de ses études. Pas une personne qui courait après des chimères. Ce n’était pas lui ça. Et même avec toute la bonne volonté du monde, même s’il essayait de se le convaincre, ce n’était pas lui. Il devait s’éloigner, le dire clairement à Edward : il voulait vivre égoïstement désormais. Il avait trop donné de sa personne, et malgré qu’il ai un cœur en or, il restait humain et toute humain était égoïste. Sinon pourquoi Edward l’aurait sacrifié pour vouloir ramener leur mère à la vie ? Commettre ce crime contre nature ? Oui, il se faisait du mal, oui, il ressassait les souvenirs douloureux, mais il avait besoin de cela pour avancer, pour trouver le courage de regarder le chemin sans fin qui s’étendait devant lui. Pour trouver le courage d’avancer, quelque en soit le prix à payer. Désormais, il voulait vivre avec égoïsme, penser à lui avant les autres.

Alphonse prit la main de Winry et la guida au travers les passants qui commençaient à retrouver le chemin de leur maison. La ville n’allait pas tarder à s’endormir pour de bon mais avant de rejoindre l’hôtel pour laisser la jeune fille s’endormir, il voulait lui montrer quelque chose. Quelque chose de magnifique qu’il avait découvert par hasard alors qu’il s’était perdu dans cette ville la première fois qu’il était venu. Il voulait lui montrer le soleil, l’horizon, là où la terre embrassait le ciel. Un point si loin et pourtant si proche, un point qui défiait les lois de la réalité. Car malgré toute la bonne volonté du monde, malgré tout leur amour, le ciel et la terre ne pourraient jamais être ensemble, sauf en ce point qu’était l’horizon. Une ligne d’illusion.
Ils gravirent ainsi les marches menant à un mini plateau qui surplombait la ville. De cet endroit, on pouvait voir l’horizon et la ville qui s’étendait avant de s’arrêter net pour laisser place à de grandes étendues désertique. Mais le plus beau restait ce ciel dégagé, qui se déclinait en plusieurs teintes, allant du bleu au rouge en passant par le jaune, le vert et le rose. Toute une myriade de couleurs, un tableau éphémère. C’est cela qu’il voulait lui montrer.

« Ce tableau est l’œuvre du plus grand peintre qui soit, mais hélas, il est éphémère et chaque soir, au crépuscule, un nouveau vient se dessiner au même endroit, là où la terre et le ciel s’embrassent » dit-il avant de se tourner vers Winry, observant ce visage qu’il avait toujours aimé et qu’il n’avait jamais pu oublier malgré les années passé à se convaincre du contraire. « Winry, je déteste mon frère parce que… parce qu’il ne se rend pas compte à quel point il à de la chance d’avoir une femme comme toi qui l’aime. Et je le déteste aussi parce que je t’aime et que je le vois comme un potentiel rival. Je suis horrible, n’est-ce pas ? Ca et le fait de ne jamais rien te dire sous prétexte de sécurité. C’est qu’on est cons, vois-tu, on est cons et on à peur de l’avenir. »

Il soupire avant de rire doucement et de se retourner pour contempler à nouveau ce ciel qui s’assombrissait de plus en plus, emportant avec lui le tableau du maître.