Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]



 
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 Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]

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MessageSujet: Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]   Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero] Icon_minitimeJeu 14 Juil - 18:50

Detsien Lysheart était mal. Ca pouvait facilement s'expliquer : son dos avait été labouré, laminé, détruit, réduit à l'état de charpie sanguinolente, tous les muscles sectionnés, les artères broyées et les veines arrachées, les os griffés, sa moelle épinière protégée miraculeusement par ses vertèbres intactes. Puis une opération alchimique qu'il ne comprenait pas vraiment lui avait permis de se redresser, de marcher en portant sa bienfaitrice, bref, de se sentir mieux et d'accomplir sa mission. Bien sûr, ça n'avait été que provisoire. Pour résumer, la guérison alchimique opérée par Aisya avait ressoudé les plus grosses artères aux fibres musculaires grossièrement recousues, donc le résultat était fonctionnel, mais pour réparer médicalement tout ce qui avait été détruit, eh bien... l'opération alchimique devenait un gène qu'il fallait éliminer. Et là, ça avait fait plus mal que tout.
Le médecin qui s'était occupé de lui était un médecin militaire, et surtout, c'était un médecin militaire de Briggs. Il avait beaucoup de mal à appréhender la notion d' « anesthésie », et avait tendance à penser que les gens guérissaient mieux s'ils avaient eu mal durant l'opération. Ca restait assez arbitraire, mais personne n'avait encore voulu se porter volontaire pour effectuer un test statistique véritable. Et comme la plupart du temps les gens qui passaient entre ses mains en ressortaient vivants, et que se plaindre à une quelconque autorité pour « avoir eu mal quand on m'a soigné » était un motif de rétrogradation assez pertinent dans l'armée de Briggs, ledit médecin n'avait jamais eu aucun problème quant à l'application de ces méthodes.

Voilà pourquoi Detsien hurla à s'en déchirer les cordes vocales, tandis que ses plaies étaient ouvertes pour une deuxième fois afin de replacer tous les éléments qui devaient être replacés. C'est aussi pour cette raison que l'éclaireur de Briggs tomba dans un état d'inconscience pas forcément voulu mais nécessaire à son corps pour retrouver un état mental à peu près normal à la fin de la séance... Tout se noircit. Sa mission, son rôle, son grade. Il cessa d'être le militaire, et redevint l'être humain. L'être humain vit un voile passer devant ses yeux. Puis plus rien.

Il ouvrit un oeil. Pas de douleur... C'était agréable, mais d'un certain côté inquiétant. Ne ressentir aucune douleur après avoir subi une telle opération pouvait faire penser à une mauvaise reconnexion des nerfs, et le sous-lieutenant voulut vérifier un peu trop vite si ce n'était pas justement ce qu'il s'était passé. Il se trouvait que non. Lorsque Detsien tendit le bras pour le faire passer derrière son dos dans le but de palper une de ses épaules, il comprit que ses muscles n'étaient pas près de se remettre de l'intervention qu'il avait subi. Une vague de douleur l'assaillit avec une telle force qu'il en resta complètement essoufflé pendant de longues minutes. Rien n'était possible. Réfléchir, penser, percevoir une émotion ou un sentiment, toutes ces options étaient bannies de sa palette émotionnelle pour ce qui sembla durer une éternité à ses yeux. C'est donc avec un soulagement assez intense qu'il émergea de cet état de panique impuissante, préférant mille fois pouvoir ressentir une chose telle que la douleur plutôt que de ne plus rien ressentir.

Après un temps qu'il lui fût impossible d'évaluer, Detsien put enfin se concentrer sur autre chose que lui-même et son état. Son regard balaya la chambre dans laquelle il se trouvait. Visiblement, il était dans un lit de la chambre 514, réservée aux haut-gradés ou invités de marque. Pour ce qu'il en savait, il n'était pas haut gradé, et encore moins invité à Briggs... Pourquoi était-il là ? Il comprit enfin lorsqu'il aperçut une sorte de momie en face de lui qui semblait le dévisager en émettant un grognement animal très peu engageant pour toute forme de conversation. Il n'aurait jamais reconnu l'être qui se cachait malgré lui derrière ces bandages sans les éclairs que lançaient ses yeux en permanence, comme si tout interlocuteur potentiel méritait un châtiment pire que la mort pour avoir osé parler avec lui. La colonel. Bien sûr. Pourquoi bien sûr ?

« Pourquoi on est dans la même chambre ? » Ca, c'est ce qu'aurait voulu prononcer Detsien en regardant Aisya dans les yeux, pour lui montrer qu'il était encore apte à assurer ses fonctions, qu'il réfléchissait par lui-même, et qu'il pouvait prendre des décisions sur les événements à venir, par exemple en ce qui concernait l'enquête possible sur les chimères qui les avaient agressé en plein jour dans les rues de la ville. Sauf que ça ne se passa pas tout à fait comme il l'avait prévu. Pour tout son, il produisit un :

« oursoi on éééaaaaaahhh ! 'uain ! »

Ce qui, il faut l'avouer, n'était peut-être pas la phrase la plus intelligible qu'il ait jamais sortie. Pour ce qui est des yeux, ses deux yeux bleus de glace fondirent en larmes alors que son épaule gauche lui faisait souffrir le martyre, flinguant par la même occasion toutes ses chances de rester digne et maître de lui. C'est devant ce tableau navrant que le général de brigade Aleys et les deux lieutenants Fenz et Anders arrivèrent en ouvrant la porte de la chambre sans frapper. Aleys retira les gants qu'il portait, et commença à jouer avec tout en penchant légèrement la tête sur le côté, comme s'il cherchait bien ses mots avant de commencer.

« Je vois que vous allez mieux... Hum. Bon, pour commencer je vous prie d'accepter nos excuses quant à... l'incident qui s'est produit hier, colonel Jasdero. Nous n'aurions pas dû envoyer un garde du corps aussi médiocre que Lysheart, c'est vrai (le concerné essaya de répliquer, mais sa phrase se perdit dans un gargouillis lamentable qui arracha un sourire au général de brigade) , mais quelque chose cloche dans cette affaire. Ceux qui s'en sont pris à vous savaient quelle était leur cible, ils avaient toutes les informations concernant votre arrivée, et ils étaient au courant que vous n'auriez qu'un seul homme avec vous... Je vais informer mes supérieurs de la situation, et lancer une enquête sur ce problème. »

Tout en parlant, Aleys s'était rapproché de la porte, et finalement il ressortit de la pièce à l'instant même où il prononçait ses derniers mots, empêchant ainsi toute réplique qui aurait contesté sa décision. Les lieutenants Fenz et Anders, le visage grave, observèrent un instant de silence, puis Anders prit la parole.

« Colonel Jasdero, vous avez été envoyée ici pour une... formation, me semble-t-il. Pour la débuter, nous avons pensé vous assigner une tâche utile et gratifiante. Si vous voulez bien me suivre... »

Detsien sourit intérieurement. Ca sentait le cassage de stalactites à plein nez ça ! La joie du sous-lieutenant ne dura cependant pas. Fenz prit la parole d'une voix mielleuse :

« Vous, Lysheart, maintenant que vous êtes rétabli, je crois qu'il vous appartient d'aider celle à qui vous devez la vie...
_Mffgh ?
_Allez hop, aux stalactites ! Vous devez avoir fini la façade sud avant midi, peu importe comment vous vous y prenez tous les deux ! »
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MessageSujet: Re: Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]   Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero] Icon_minitimeSam 16 Juil - 10:51

    A peine eut-elle fini d’enfiler sa veste d’officier –ce qui s’avérait être un exercice difficile lorsqu’on ne possède qu’un bras valide et qu’on vient de dormir pendant une longue durée indéterminée- qu’un gargouillis venant de la forme allongée sur le lui s’échappa dans l’atmosphère, à son intention qui plus est. En réalité, elle avait bien à faire à Detsien Lysheart qui s’était peu à peu redressé. Toutefois, tout ce qu’il pouvait tenté de dire ne ressemblait guère plus qu’à un balbutiement qui encombrait sa gorge. Ne comprenant naturellement rien à ce qu’il avait demandé –l’intonation ne trahissait pas le fait que ce soit une question-, elle n’eut pour seule réponse que l’obligeance d’hausser les sourcils abusivement, histoire de le dévisager comme il se doit. Etant donné qu’elle avait eu l’audace de le soigner et de s’évanouir à ses pieds, elle jugeait bon de lui rappeler à quel point elle n’était pas facile à vivre. Drôle de raisonnement certes, mais gare à ceux qui viendraient à en rire ! Ils risquaient de ne voir pour dernière chose sur cette terre que le tonnerre de son regard et de son alchimie. Comme ils se mariaient si bien ! C’était aussi pour ça qu’elle aimait l’alchimie. Cette science avait beau être usée à des fins meurtrières, elle restait toujours majestueuse ! Surtout lorsque les éclairs explosaient entre ses doigts ! Malheureusement, vue dans l’état dans lequel elle était encore, elle aurait un peu de mal à se contrôler et devait éviter au maximum d’utiliser ses mitaines alchimiques.

    A ce moment-là, le spectacle auquel elle assista lui fit autant d’effets qu’un puissant orage, mais pas dans le même sens ; car, à ce moment-là, le sous-lieutenant éclata littéralement en sanglots. Aisya ignorait ce qui lui faisait penser qu’elle était en face d’un enfant. Un tout petit enfant. Bien entendu, on ne lisait aucune pitié dans son regard ; ce sentiment s’était effrité depuis bien trop longtemps. Néanmoins, ses yeux ne lancèrent plus d’éclairs pendant d’infimes secondes. Des yeux qui pleurent. Des yeux éteints. On avait du mal à reconnaître les deux combattants de la veille. Loin de douter de la dignité de Lysheart –même s’il n’en était pas autant de sa docilité-, elle se rendait bien compte qu’il devait atrocement souffrir. Quand bien même elle avait l’habitude de se faire trouer de toute part, lui devait être assigné aux tâches dangereuses, certes, mais qui ne conféraient pas autant de blessures physiques que le cœur du champ de bataille. Et puis, tout son dos avait morflé, tandis qu’à présent, elle avait seulement du mal à marcher et à mouvoir son bras. Elle essayait de se rappeler s’il lui était déjà arrivé de pleurer de douleur. Apparemment, non. Elle, quand elle pleurait, c’était seule, et c’était à cause de blessures, certes, mais de blessures qu’on ne soigne pas avec des onguents ou des opérations chirurgicales. Les siennes ne devaient même pas se soigner tant elles étaient profondes. De plus, elle ne la faisait souffrir que momentanément. Peu importe, là, c’était Detsien qui pleurait et, comme d’habitude, elle ne savait pas quoi faire de ça. Le consoler ? Ça ne lui vint même pas à l’esprit. Lui parler, peut-être, pour insinuer que, malgré le fait qu’il n’arrivait même plus à s’exprimer, elle le considérait à sa juste valeur.

    C’est pourquoi l’entrée en scène de trois militaires fut pour elle comme un soulagement. Mais très fugace car cela ne signifiait rien de bon. Cela signifiait qu’on allait l’entraîner dans cette soi-disant « formation » qui n’était en réalité qu’une vulgaire « punition ». A croire que le sous-lieutenant n’était pas le seul à être assimilé à un gosse. Celui qui devait être le plus haut-gradé eut tout de même l’amabilité de s’excuser de cette périlleuse arrivée, insistant sur le fait que l’éclaireur ne s’était pas montré assez compétent. Ne tenant pas les plus puissants qu’elle dans son cœur –surtout ceux qui s’avéraient être des gratte-papiers-, elle se dit en elle-même qu’elle aurait bien aimé voir le général dans ce genre de situation … Ce dernier enchaîna ensuite sur les causes de leur séjour ici, et, tout de suite, le visage du colonel s’assombrit à l’idée qu’on voulait s’en prendre à elle. Cependant, la raison pour laquelle elle avait fait le voyage ne lui permettait pas de se joindre à l’enquête, d’une autre manière qu’en tant que victime présumée. Sérieuse, elle se contenta d’hocher la tête, pensive. Puis, un second militaire l’invita à la suivre, pour une « tâche utile et gratifiante ». Tant d’adjectifs bénéfiques pour un seul travail ne la rassuraient guère. D’un autre côté, elle n’avait pour ainsi dire, pas le choix. Le regard orageux, elle passa son manteau encore humide sur son dos, avec la très mauvaise impression qu’elle avait aussi froid qu’au dehors. Elle se chaussa avec une lenteur maladive et, avant de rejoindre pour de bon le soldat, elle s’empara d’une béquille qui avait été appuyée contre le mur, certainement pour qu’elle s’en serve.

    Quel spectacle navrant ! Le terrible colonel de foudre réduit à se servir de ça pour marcher ! C’en était presque risible si pas autant dangereux. En son for intérieur, elle bouillonnait de rage, si bien qu’elle n’eut même pas le réflexe de compatir ironiquement avec le sous-lieutenant qui était apparemment assigner à la même besogne. Toutefois, elle se retourna, le bas de son visage dissimulée dans son col, et considéra d’un regard inquiétant par son stoïcisme celui qui allait devoir l’accompagner dans son séjour à Briggs. Le troisième militaire venait de révéler la nature du labeur qui se résumait en un mot : stalactites. Mais encore ? Le colonel arqua un sourcil en rétablissant son attention sur le lieutenant Anders :

    -« Et ça consiste en quoi, concrètement, les stalactites ? J’imagine que ça n’est pas bien glorieux, à entendre la jubilation malsaine dans la voix de votre comparse … A croire que vous, au moins, vous ne perdez pas de temps à respecter les plus hauts gradés que vous … D’un côté, je vous envie, même si, en ce moment, j’ai davantage envie de vous réduire en poussière, vous et votre citadelle glaciale … »

    De nouveau, son regard électrique vacilla sur les hommes qui l’entouraient et on pouvait presque sentir son aura chargé de mépris qui manquait à tout instant d’aggraver ses blessures … physiques ou non.

    [Si jamais tu as besoin que j'avance dans l'explication des stalactites, fais-moi signe \o]
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MessageSujet: Re: Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]   Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero] Icon_minitimeMer 20 Juil - 11:19

La première réaction de Detsien fût un raclement de gorge incrédule, comme une note de musique étouffée et à demi-jouée, le son cristallin qu'elle aurait pu produire perdu à jamais dans l'oubli. Ses yeux s'écarquillèrent, les larmes qui avaient coulé quelques instants plus tôt sur ses joues durcies pas le froid n'étant plus qu'un lointain souvenir, et sa bouche s'ouvrit dans une posture très peu esthétique. Il resta ainsi un moment, incapable d'esquisser ne serait-ce que les prémices d'un mouvement, les bras le long du corps, la peur de mettre en mouvement les muscles de son dos lui collant à la peau à la manière d'une odeur persistante et entêtante. Puis petit à petit, il se reprit. Il fallait faire avec, toujours. Vivre. Il regarda le lieutenant Fenz dans les yeux, et soutint son regard un instant. Les yeux de Fenz ne lançaient pas les éclairs caractéristiques de ceux d'Aisya, c'étaient des yeux calmes et glacés des gradés de Briggs, habitués à voir la neige emporter des patrouilles entières d'hommes sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Ce qui ne voulait pas dire qu'ils possédaient une grande expérience des charniers comme la guerre d'Ishbal cependant. Le duel de regards se poursuivit un petit instant. Puis les deux hommes baissèrent les yeux exactement au même moment. Ils se montraient ainsi qu'ils se respectaient l'un l'autre, et qu'aucun ne prenait le dessus sur l'autre. Dans l'état dans lequel se trouvait Detsien, c'était un petit exploit, mais il était vrai qu'il avait à Briggs la réputation plutôt méritée de ramener vivants les hommes qu'il commandait lors de patrouilles compliquées. C'est pour cette raison que Fenz fît disparaître toute trace de sourire narquois de son visage, et s'employa plutôt à aider Detsien à se relever sans qu'il n'ait besoin d'utiliser ses muscles dorsaux. Pendant ce temps, la colonel avait semblait-il « repris du poil de la bête », pour reprendre une expression commune, et s'employait à remettre à sa place Anders, qui semblait... très peu concerné.

« Ecoutez, vous êtes ici en « formation », et c'est pas moi qui ai décidé de ce que vous alliez faire. Alors si vous tenez tant que ça à tuer quelqu'un, adressez-vous plus haut... Moi je dois m'assurer que vous fassiez bien votre boulot, et croyez-moi, c'est ce je vais faire ! »

Tournant la tête vers son collègue, il eut la surprise de constater que ce dernier aidait Detsien à se remettre d'aplomb, et il lui adressa une petite mimique désabusée. Visiblement, Anders n'allait pas faire long feu dans l'armée... Paradoxalement, c'était à Briggs, où régnait une discipline de fer, qu'il avait été le plus épargné par les affaires hiérarchiques, car il était coutume de juger les gens selon leur valeur et non selon leur grade, mais la réalité d'Amestris était toute autre. Le pauvre Anders risquait fort de se retrouver dans des situations très délicates s'il persistait à parler de cette façon à des hauts-gradés, les yeux d'Aisya pouvaient en témoigner. D'autant qu'il n'avait même pas répondu à la question première de l'alchimiste. Mais le fait était que dans le cas présent, il était en position de force, et le seul capable de réellement lui tenir tête était son collègue. Fenz lui répondit d'ailleurs par un haussement d'épaules, avant de s'adresser à Aisya sans la regarder.

« Votre boulot, c'est de couper les stalactites qui se forment sur les toits des chemins de ronde. Pas très compliqué, mais pas très glorieux non plus. L'ordre vient de l'Etat Major, vous devez nettoyer la façade sud, et quiconque étant surpris à vous aider aura une semaine de mise à pied avec passage devant le conseil disciplinaire... »

Detsien leva les yeux au ciel. Avec de telles mesures, les offres de coups de main n'allaient pas pleuvoir sur eux... C'est donc ainsi qu'il se laissa conduire, tant bien que mal, à l'extrémité Est du fameux chemin de ronde, la partie Ouest invisible à cause de l'éloignement mais aussi des sinuosités que décrivait le chemin pour contourner les avancées de bâtiments ou les armes de guerre lourdes entreposées sur des plate-formes sur-élevées et prêtes à tirer vers l'intérieur du pays. Les ennemis pouvaient venir de partout. Si Drachma parvenait à les prendre en tenaille, la forteresse de Briggs ne serait pas plus démunie que ça. Anders accompagna Aisya près de Detsien, puis leur adressa un vague signe de main en guise d'adieu, visiblement contrarié par le revirement de son camarade Fenz, avant de repartir à grands pas vers une destination connue de lui seul. Le lieutenant Fenz, quant à lui, leur tendit deux perches de bois ressemblant à s'y méprendre à de vieux manches à balais auxquels on aurait retiré la brosse, puis leur désigna les premières stalactites à abattre.

« Voilà, c'est ici... Le sous-lieutenant Lysheart connaît, de toute façon. Reposez-vous autant que vous le souhaitez, mais faudrait que ce soit fini ce soir quand même. Je serai au poste 7 si vous avez besoin de moi ou quand vous aurez fini. »

Puis le lieutenant s'éloigna à son tour, laissant les deux compagnons d'infortune seuls avec leurs manches à balais et leurs stalactites, dans le vent glacé qui balayait sans cesse le chemin de ronde désert pour le moment, dans le froid et l'isolement le plus total. Detsien avança prudemment ses mains pour qu'elles entrent en contact l'une de l'autre, et entreprit de les frotter pour produire un peu de chaleur, éphémère mais réconfortante mentalement. Il avait trouvé un compromis avec ses muscles dorsaux ; tant qu'il n'allait pas très vite dans l'utilisation de ses bras, son dos était exempt de contraction musculaire, et il parvenait à agir à peu près normalement. Sauf que pour briser de la glace, il fallait aller vite et frapper fort. Impossible de couper la moindre stalactite dans l'état où il était. Observant les bras d'Aisya avec un intérêt non dissimulé, le sous-lieutenant commença à se poser des questions sur la réussite de leur « mission », ayant avisé la béquille que la colonel était obligée d'utiliser pour rester debout. Il avait la maîtrise des jambes, et Aisya avait celle des bras. Un savant fou aurait peut être tenté de ne former qu'un être entièrement fonctionnel à partir des deux moitiés utilisables. Cependant, manque de chance (où pas, ça dépendait des avis), ils ne disposaient pas d'un savant fou actuellement. Comment se débrouiller pour abattre les colonnes de glace dans leur état ?

Detsien tourna un visage un peu dépité vers la colonel, puis il essaya à nouveau d'articuler quelques mots. Soulagé, il s'aperçut qu'il avait retrouvé l'usage de la parole, et c'est donc d'un ton aussi morne que l'étendue de neige qui leur faisait face que le sous-lieutenant prononça ces mots :

« Je me charge des petites qui sont sur l'avant. Pour les plus importantes, j'aurai pas la force... Il faut taper au centre de la formation de glace ; plus bas, seul le bout se casse ; plus haut, on perd le bras de levier et on doit y mettre deux fois plus de force. Si vous tenez pas sur vos jambes, je vous tiendrai pour couper les plus hautes. »

Joignant le geste à la parole, le sous-lieutenant commença à briser les allées de stalactites de moindre taille, avec un geste fluide qui témoignait d'un peu trop d'entraînement à cet exercice. Décidant de parler pour rendre la corvée moins pénible, Detsien interrogea à voix basse :

« Vous avez une idée de qui a pu envoyer ces chimères ? Pour ma part, je pense qu'on se serait pas dérangé pour moi, c'était donc bien vous la cible. Mais le général de brigade Aleys est connu pour ses enquêtes « sans suite », si on l'a chargé de l'affaire c'est que l'Etat-major ne veut pas s'appesantir sur le sujet... »
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MessageSujet: Re: Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]   Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero] Icon_minitimeSam 17 Sep - 13:32

    Heureusement pour Anders, Aisya, avec une épaule en moins, n’était pas des plus employée à pratiquer son alchimie. De ce fait, il ne risquait pas de se voir enlever une bonne partie de son énergie musculaire, et de se la voir infliger en morsure électrique … La jeune femme était démangée par l’envie de lui en faire voir de toutes les couleurs. Toutefois, malgré son grade, elle n’était pas en position de force. Et puis, elle n’était même pas chez elle, ici. Tout semblait jouer contre elle, si bien qu’elle ne bougea pas d’un pouce, elle qui aurait sauté directement à la gorge de quiconque s’en prendrait à elle. Non, cette fois-ci, elle devait être une petite fille sage … Juste le temps que cet impertinent s’en aille. Et, histoire de l’enfoncer encore un peu plus, Fenz s’attarda sur le but de leur manœuvre appelée « stalactite ». L’alchimiste avait, jusque là, vaguement pensé à un nom de code, qui dissimulait une mission, certes peu plaisante, mais au moins plus … militaire, quoi ! Elle failli perdre l’équilibre tant l’explication lui parut absurde. Son poing se crispa autour de sa béquille, manquant de déformer son aide pour marcher. C’était donc ça, une formation ?! C’était donc ça, le prix à payer pour avoir laisser un criminel s’échapper ?! Casser des bouts de glace, dans le fin fond glacial d’un pays au bord de la ruine ?! Elle ignorait si elle devait s’esclaffer grassement, ou au contraire, sombrer dans une colère des plus noires. N’arrivant pas à se décider, elle serra les dents, faisant crisser sa mâchoire, les yeux lançant des éclairs tout autour d’elle. Allez savoir si elle les attribuait à Fenz, à Lysheart ou encore à son lit d’infirmerie … Bref, elle se trouvait totalement subjuguée par la tournure de la situation. Comme c’était humiliant, pour elle ! Son ego en aurait volontiers pris un coup, si elle le lui avait permis. Non, elle ne devait laisser absolument rien paraître, hormis ce rictus outré et ce regard démoniaque. On se contenterait de ça. Si elle voulait atteindre le Pouvoir, elle se devait de rester stoïque à mort et de ne réfléchir qu’aux réactions adéquates.

    Un grognement s’échappa d’entre ses lèvres bleuies par le froid, et fut aussitôt masqué par la mise en mouvement du sous-lieutenant qui se déplaçait avec encore plus de difficulté qu’elle. On lui procurait une aide, mais une aide hors d’état de service ! Apparemment, Briggs avait tout compris sur ce qui pouvait agacer la demoiselle. Allez savoir pourquoi … peut-être qu’au fond, tous les supérieurs de chaque caserne étaient reliés mentalement et savaient quel soldat il était délicieux de mater … Avide de vengeance, Aisya suivit les hommes en silence, resserrant avec fermeté son manteau sur ses épaules, tant le froid lui mordait le corps. Arrivés sur les lieux, on se prêta à de dernières recommandations avant que le soldat de Briggs ne disparaisse, laissant derrière lui un Detsien dépité et sans aucune force, et une Aisya au bord du massacre à la berserker. Sa béquille en prolongement de son bras et le manche à balai dans l’autre, elle ressemblait pitoyablement à la parodie d’un combattant qu’on avait armé avec ce qu’on avait déniché au grenier. Accordant à peine une miette de regard aux pics de glace au-dessus d’elle, elle ne bougeait plus, transie de froid, un regard assassin sur la place qu’avait occupé Fenz avant de prendre congé d’eux.

    Finalement, Detsien prit la parole. A ses premiers mots, l’alchimiste se retourna subitement vers lui, manquant de lui balancer tout son matériel à la figure. Mais elle se retint tant et si bien qu’il ne s’aperçut certainement que de cette crispation nerveuse au coin de ses lèvres. Après tout, il n’y était pour rien, lui, dans cette histoire. Au contraire ! Il aurait dû beaucoup en vouloir au colonel, car, c’était à peine s’il lui devait la vie ! Enfin, elle était apparemment tombée sur quelqu’un qui n’avait pas aussi mauvais caractère qu’elle. Qui fallait-il plaindre ? Detsien, très certainement, même si ça n’avait pas l’air de l’embêter plus que ça. Comme s’il avait eu l’habitude. En tout cas, pour ce qui était d’Aisya, elle n’avait encore jamais eu à casser de stalactites. Et ça n’était pas aujourd’hui qu’elle allait s’y mettre, quand bien même le sous-lieutenant lui expliqua son champ d’action. Elle se contenta donc, d’un port de tête altier, de s’asseoir sur une caisse de munitions qui végétait là, s’agrippant à sa béquille comme à un sceptre, le manche à balai à ses pieds, en signe de refus silencieux de se mettre à ce travail de bleusaille. Elle observa tout d’abord tout autour d’elle, frissonnant à chaque seconde, lorsque le vent glacial se frayait un passage dans ses bandages. Puis, son regard mordoré se posa sur Detsien, au même moment que celui-ci s’adressa de nouveau à elle. Cette fois-ci, l’alchimiste tendit davantage l’oreille, lorsqu’elle s’aperçut que cela concernait leur combat avec les étranges créatures. L’éclaireur semblait viser juste, en plus. Maintenant qu’elle y repensait, elle arrivait aux mêmes sombres conclusions que lui. Mais il manquait l’identité de ses agresseurs. Qui lui en voulait à ce point ? Elle n’était certes pas beaucoup aimée des autres, mais pas au point qu’on voulait la supprimer ! Ses supérieurs ? … Non, ils avaient besoin d’elle, elle le savait … à moins que … ça n’ait un rapport avec ce qu’elle avait vu, tout au fond des laboratoires ? Arg, elle ne parvenait pas à aller plus loin dans ses réflexions, son crâne était encore trop engourdi par le froid et le sommeil dans lequel elle avait été trop longtemps plongée. Elle commença, laissant échapper d’entre ses lèvres gercées, un épais nuage blanc :

    -« Et bah, c’est rassurant à entendre … Je savais d’ores et déjà qu’on ne tenait pas les impulsifs en très grande estime, chez les hauts-gradés, mais peut-être pas au point de les laisser en pâture à des … monstres ? A quoi avons-nous eu à faire, Lysheart ? »

    Elle le dévisagea, presque perplexe, mais surtout toute à l’écoute, histoire de voir ce qu’allait lui répondre le sous-lieutenant. Elle, elle avait déjà sa petite idée, au vu de tout ce à quoi elle avait pu assister jusqu’à présent …

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MessageSujet: Re: Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]   Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero] Icon_minitimeSam 15 Oct - 14:35

Le sous-lieutenant arma son bras, serra les dents, puis abattit sa magnifique arme sur une rangée de somptueuses statues de cristal. Sauf que pour toute arme, il serrait dans sa main engourdie un vieux manche à balai. Et au lieu de travailler sur de belles statues, il s'échinait à réduire en miettes des stalactites formées sur la morne construction qu'était le chemin de ronde. Et ce n'était pas tout. Sur deux êtres assignés à la stupide tâche de nettoyer la voie bétonnée, un seul s'échinait à accomplir sa mission, tandis que le deuxième se prélassait à la manière d'un lézard au soleil, ce qui il était vrai donnait une certaine envie à Detsien de dévier un brin la course de son instrument de travail pour que celui-ci frappe le front de l'alchimiste... Peut-être cela lui remettrait-elle les idées en place ? A bien y réfléchir, ce serait plutôt le sous-lieutenant qui serait remis en place, et de manière fort peu enviable, s'il tentait cette bravade physique. Il contint donc son impulsion et se contenta de balayer un peu plus violemment la stalactite suivante, même si cela lui arracha un grognement de douleur. Mais s'il n'allait pas céder à la violence, cela ne signifiait pas non plus qu'il n'aurait aucune réaction. Il acceptait les brimades de ses supérieurs, il acceptait les sanctions injustifiées, il acceptait même de passer pour le bouc émissaire d'un certain nombre d'affaires dans lesquelles il était pourtant blanc comme... neige. Mais il refusait que quelqu'un partageant ses conditions de travail ne fasse pas sa part du boulot. Et il allait lui faire comprendre.

Detsien reposa donc son manche à balai délicatement, s'appuyant sur la partie supérieure d'un air presque nonchalant, fixant Aisya avec un petit rictus crispé -sans doute la seule expression qu'il pourrait conserver si la douleur de ses muscles prenait de l'ampleur- et se passa la langue sur les lèvres pour les humidifier avant de prendre la parole.

« A quoi avons-nous à faire Lysheart... Nous avons à faire « Lysheart », à un travail divisé en deux, ce qui signifie que chacun de nous doit faire la moitié de ce travail, sinon nous aurons à faire « Lysheart » à nos supérieurs ! ET IL Y EN A DES PLUS HAUTS QUE VOUS ALORS AU BOULOT ! »

Le visage du sous-lieutenant avait viré au rouge, et il hoqueta ses derniers mots avec la force de la colère noire qui le rongeait de l'intérieur. Elle n'était pas spécialement dirigée contre Aisya, mais plutôt contre un ensemble d'éléments dont l'alchimiste faisait partie, et son refus d'aider quelqu'un en difficulté avait été la goutte d'eau qui avait mis le feu aux poudres... enfin l'étincelle qui avait fait déborder le vase. Ou l'inverse. Bref.
Detsien reprit le manche à balai d'une main experte, le fit tourner deux fois entre son index et son majeur, mais loupa son enchaînement en entamant la troisième rotation. Le morceau de bois resta bloqué une demi-seconde entre les deux phalanges du militaire, avant de repartir en sens inverse de façon totalement incontrôlée, pour finir par asséner un bon coup sur son front découvert, le faisant reculer de deux pas en marmonnant des injures concernant à peu près tout ce qui existait, en particulier les manches à balais. Son effet ainsi brisé net, toute sa magnifique mise en scène théâtrale tombée à l'eau de la manière la plus belle qui soit, le sous lieutenant se retourna en emportant les parties volantes de son manteau d'un vaste et ample mouvement censé le draper dans ce qui restait de sa dignité. Recommençant à travailler en tournant ostensiblement son dos meurtri à Aisya, le militaire laissa sa rage se consumer au gré des coups réguliers qu'il portait aux formations de glace malgré les tiraillements ressentis dès que les muscles de ses épaules allaient chercher un point d'appui un peu trop dorsal. Finalement, il ne pensa plus à rien d'autre qu'à sa tâche, certes peu reluisante, mais qui avait au moins le mérite de lui occuper les mains et l'esprit. Lorsque le corps travaille, on ne pense pas à autre chose.

C'est pourquoi le sous-lieutenant mit plusieurs longues secondes avant de se rendre compte qu'il n'était plus seul avec l'alchimiste sur le chemin de ronde. Lorsqu'il se retourna, prenant son élan pour tenter sa chance sur une série de stalactites ayant l'air particulièrement coriaces, et qui -lui semblait-il- le fixaient d'un regard méchant, son regard tomba sur deux hommes en costumes noirs et gris qui s'approchaient à pas calculés des deux mis à pied. Un moment hébété par cette vision complètement inattendue, Detsien prit le temps de les détailler méticuleusement, gravant toutes les incongruités de tels individus en un tel endroit.
Tout d'abord, des complets gris striés de rayures noires parfaitement ajustés recouvraient ce qui semblaient être des chemises noires assorties, le tout porté avec une aisance qui trahissait l'habitude de ces individus d'arborer de tels vêtements. Tous deux avaient une paire de gants blancs habituellement réservés aux officiers du corps militaire... Mais peut-être en étaient-ils ? Le fait qu'ils ne portent pas l'uniforme ne voulait rien dire après tout. Les deux hommes semblaient être une seule et même personne et son reflet dans un miroir. Tous deux avaient une petite moustache noire taillée de manière impeccable, les tempes un rien grisonnantes, un nez un peu crochu mais sans que cela soit visible au premier coup d'oeil, quelques rides creusant leurs joues de la même façon... En fait, une seule chose différenciait les deux hommes. Celui de gauche portait une petite mallette métallique qui se balançait au rythme de ses pas réguliers, alors que celui de droite arborait le plus naturellement du monde... un revolver. Un revolver qui n'avait absolument rien à voir avec une arme de service. Au contraire, l'objet semblait être passé entre les mains d'un fabricant d'automails fou à lier. Tout en cette arme transpirait la lourdeur trahissant des mécanismes n'ayant certainement pas pour but de servir du café. D'ailleurs, pourquoi ces hommes étaient-ils là ? Les soldats en faction les avaient laissé passer, donc ils avaient sûrement une raison officielle bien importante et un joli papier signé d'une main puissante, mais pourquoi se dirigeaient-ils vers eux ?

Detsien n'allait pas tarder à le savoir.
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MessageSujet: Re: Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]   Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero] Icon_minitimeDim 11 Déc - 13:08

    S’il y avait bien un côté de la personnalité d’Aisya qu’il était facile de ne pas supporter, c’était bien son égocentrisme. On pouvait, au départ, douter de l’existence de cette tare, étant donné qu’elle ne prêtait pas grande attention à sa propre personne. En effet, qui pouvait s’imaginer que cette femme, dont on doutait parfois même du genre, se croit mille fois supérieure aux autres ? Celle dont le regard était toujours assombrie par le port d’une casquette, comme si elle désirait cacher son visage aux traits si peu communs. Celle qui s’efforçait de montrer aussi peu de sentiment qu’un homme. Celle qui, dans sa toute jeunesse, aurait voulu faire partie des moines combattants d’Ishbala. Oui, cette femme-là pouvait être plus arrogante que la pire des hyènes. Certainement pour compenser. Compenser tout plein de choses qu’elle ne voulait admettre avoir possédé ou ressenti ne serait-ce qu’un jour. Dans son flegme emblématique, elle observait donc son subalterne à l’ouvrage, sans que l’idée de lui venir en aide ne lui traverse une seule fois l’esprit. Cela aurait pu continuer longtemps, s’il ne s’était pas subitement arrêté, arrachant un haussement de sourcil à l’alchimiste. Il prit appui sur le manche de son balai, dévisageant plus ou moins involontairement Aisya qui elle, persistait à demeurer dans un stoïcisme presqu’anormal.

    Lors de sa tirade, elle l’écouta, sans protester. Au fur et à mesure, un rictus malsain avait pris possession de ses lèvres gercées. Elle se délecterait presque de cette piètre entreprise rebelle, venant de ce jeune homme qu’elle croyait si docile. Comme si la justice allait changer quelque chose. Il pouvait bien protester et souffrir quand il cassait les pics de glace, à quoi cela lui servait-il de perdre son énergie à lui faire des remontrances. Son comportement ne changerait pas, c’était pertinent. Elle se doutait même qu’il en est conscience, malgré sa montée de rage. La colère lui allait bien, en fait. Elle l’observa longtemps, de haut en bas, comme si elle le déshabillait du regard. Son rictus avait presque viré au sourire de requin. Et elle ne bougeait toujours pas, se complaisant dans son inactivité, comme un roi lion le ferait dans la savane, en plein midi. Sauf qu’elle n’avait pas aussi chaud que le noble animal. Elle aurait volontiers demandé une fois de plus le manteau de Detsien, mais elle sut qu’elle n’en tirerait rien lorsqu’il fit volte-face, décontenancé, et qu’elle découvrit son dos aussi lacéré que son vêtement, au travers des bandages sanguinolents.

    Juste avant, il avait voulu conclure son joli monologue qui se voulait subversif, en maniant son manche à balai, comme Madame la Mort manierait sa terrible faux … et Madame la Mort avait dû bien se marrer lorsqu’il rata son dernier mouvement, se prenant littéralement le bout de bois dans la figure. Ils étaient définitivement pitoyables. Toutefois, malgré leurs piteux états, Aisya ressentait en elle, une sorte de chaleur, comme un apaisement, que même le froid de Briggs ne pouvait altérer. Ce fut l’une des premières fois dans sa vie, où elle se sentait un peu en vie. Là, condamnée à faire un travail avilissant de bleusaille, une épaule et une jambe en moins, à ricaner sournoisement de la mise en scène risible de son camarade, alors qu’ils avaient failli mourir quelques jours avant. Oui, malgré tous ces facteurs peu avenants, elle oublia un court moment, les monstres, les homonculus, et les poursuites d’Ishbal. Ce soldat qui lui servait de porte-manteau, s’il l’avait su, aurait pu se vanter auprès de ses camarades d’être parvenu à faire rire le terrible colonel. Les supérieurs de Central de la terrible dame l’auraient tout de suite engagé et fait montrer suffisamment en grade pour qu’il puisse avoir autorité sur elle. Oui, pour les plus faibles d’entre eux, la décontenance les amèneraient jusque là. Peu importait. Et Aisya se réjouissait de cette certaine ignorance. Elle ne supporterait certainement pas de se faire donner des ordres par un type qui se pliait aux autres, à tel point qu’il en finissait par couper des stalactites.

    Mais tout ça ne pouvait pas durer plus longtemps. La preuve. Deux hommes aux allures de mafieux s’approchaient d’eux. L’un était armé. L’autre portait une valise qui ne devait certainement rien receler de bon. On ne transportait pas d’innocents présents dans un tel bagage blindé. C’était presque la griffe de la terrible Red Corporation. Bref, Aisya fut soudain de nouveau sur ses gardes. Presqu’automatiquement. Elle avait malheureusement trop l’habitude des traquenards. Elle se leva aussitôt, ramassant son manche à balai et tenant toujours sa béquille. Elle claudiqua jusqu’à Detsien.

    -« Tu crois qu’ils viennent nous donner un coup de main ? »

    Elle laissa échapper un léger rire nerveux, les sourcils froncés. Après les avoir vaguement désignés du menton, elle posa de nouveau son attention sur son compagnon d’infortune.

    -« Je propose qu’on se serve de ta petite stratégie qui nous aurait servis à mater les stalactites, sauf que là … c’est pour nous débarrasser d’eux. »

    Elle acheva sa phrase à temps. Les deux hommes étaient maintenant en face d’eux, rayonnant dans leur complet gris, tandis que le duo de militaires semblait revenir du monde des morts, Detsien en tant que victime décédée, et Aisya en tant que chef des zombis. Blague à part, il allait y avoir du règlement de compte dans l’air. L’homme armé les braquait presque, avec son revolver bien reluisant. Lorsque le second fut sur le point d’ouvrir la bouche, la jeune femme, redoutant qu’il donne un ordre à son compère pour les descendre, sauta littéralement sur le dos du soldat de Briggs, lâchant au passage sa béquille, mais pas son manche et, se hissant maladroitement sur ses épaules, grogna sauvagement :

    -« Bordel, vous pouvez pas nous laisser en vie, trente secondes ?! A l’attaque, Lysheart !! »

    Epic fail.
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MessageSujet: Re: Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero]   Et si on brisait la glace ? [Pv : Aisya Jasdero] Icon_minitimeMar 6 Mar - 7:15

Detsien avait mal. Mais la douleur s'était faite sourde, comme une musique de fond détestable qui passe en boucle depuis tellement longtemps que l'on finit par s'y habituer et ne même plus l'entendre. Mais elle n'en reste pas moins là, et une partie de l'esprit reste à l'écoute, malgré toutes les dispositions que l'on peut prendre. D'ailleurs, la moindre variation dans la mélodie, la moindre petite hausse ou baisse de volume attirera immanquablement l'attention de l'individu concerné. Detsien la ressentit la variation. Mais pour l'instant, ce n'était rien comparé à ce qui allait bientôt lui arriver... Le changement était pourtant minime, et il n'était pas apporté par la douleur elle-même, mais plutôt par l'anticipation que son esprit en faisait. Quelque chose avait été modifié, dans l'atmosphère qui régnait sur le chemin de ronde. Une impression de lourdeur dans l'air, comme le temps juste avant un orage, ce genre d'impression que quelque chose de mauvais est sur le point d'arriver et que l'on ne peut rien faire d'autre que de se préparer à le recevoir en pleine figure. Et le problème, c'est que Detsien n'était pas du tout prêt, pour quoi que ce soit et contre qui que ce soit ! Il n'était bien entendu pas armé, à moins que l'on puisse considérer un vieux manche à balai comme une arme efficace pour arrêter des balles de flingues mis au point par la red corp... Ce qui, il faut le dire, n'est pas forcément évident au premier abord. Detsien soupesa un moment ce qu'il était obligé de voir comme sa meilleure arme du moment, jaugeant du regard le potentiel meurtrier des deux mafieux. Sur une échelle de un à dix, environ quinze. Quant au potentiel défensif du couple d'estropiés qu'ils formaient, mieux valait ne pas y penser. D'ailleurs, Detsien n'y pensait pas.
Il eut cependant une lueur d'espoir lorsque l'alchimiste se rapprocha de lui en claudiquant. Non pas parce-qu'il se réjouissait de la voir claudiquer, puisque ça les condamnerait certainement si combat il y avait, mais parce-qu'elle avait peut-être une information de première importance, voire un plan assez osé et ingénieux à lui proposer... Voilà pourquoi en entendant Aisya lui demander si les deux gars venaient leur donner un coup de main, Detsien arbora la mine la plus dépitée qu'il avait jamais eue. Ils étaient foutus.

C'est alors que sa supérieur fit référence à la technique qu'il avait proposée pour... Non ! Pas ça ! Il était capable de porter très délicatement Aisya pour qu'elle atteigne des stalactites un peu hautes, mais ça ne signifiait en aucun cas qu'il pouvait supporter quoi que ce soit sur son dos meurtri pendant la durée d'un combat ! Même pendant quelques secondes en fait. Mais l'esprit un peu embrumé du sous-lieutenant ne lui permit pas de réagir assez promptement, et il n'arriva à cette conclusion qu'au moment où les deux compères arrivaient sur eux. Il se passa alors la chose que Detsien redoutait le plus au monde depuis quelques secondes. Quelque chose toucha son dos. Mais pas un effleurement doux et supportable, pas non plus une tape franche qui l'aurait certainement envoyé dans les tréfonds d'un enfer de douleur, non rien de tout ça. Une masse s'abattit sur ses épaules avec la même spontanéité que se serait abattue la hache du bourreau sur le cou du pauvre militaire. Durant l'espace d'un instant, rien ne se passa. Le temps sembla suspendre son souffle, et Detsien l'imita très certainement, même s'il ne savait plus trop ce qui se passait. Puis la douleur arriva à son cerveau. Detsien hurla.

Il cria d'une force à peine imaginable, force qu'il aurait d'ailleurs mieux fait de garder en prévision du combat à venir mais bon, ça c'est autre chose, et il existe des moments où le corps est plus fort que l'esprit. Essayez donc de ne pas uriner pendant trois jours, si vous n'êtes pas convaincus. Bref. Les yeux du sous-lieutenant se couvrirent de larmes qui gelèrent instantanément sur ses pommettes, tandis que tout son corps se crispait, ses muscles tétanisés se contractant par impulsions irrégulières et imprévisibles, tous les membres de son corps recouverts par une sueur glaciale qui circulait doucement entre les sillons de sa peau recouverte de chair de poule. Il cria à s'en briser les cordes vocales, qui au passage n'étaient déjà pas bien en forme simplement quelques heures auparavant. Envolée, l'image du guerrier froid et sûr de lui (quoique pour le coup ça faisait peut-être un petit moment que le mythe n'existait plus mais bon...), oublié, le combattant stoïque et désintéressé. Là il avait mal et même bien mal. Et surtout il ne s'y était pas vraiment attendu. Une anticipation d'une demi-seconde avant de recevoir un coup de poing ne compte pas. On a le nez pété tout pareil que si on a pas anticipé. Tout ça pour dire qu'en plus de crier, réflexe compréhensible et logique quand ça fait mal, il eut un autre réflexe, tout aussi logique et compréhensible que le premier d'ailleurs... Il essaya d'éloigner la cause de cette douleur insupportable. En l'occurrence, Aisya.

C'est donc avec une frénésie décuplée par la douleur supplémentaire qu'il ressentait à chaque mouvement, qu'il essaya de se secouer pour faire tomber l'alchimiste. Manque de chance, il n'y parvint pas vraiment. Au lieu de cela, il s'emmêla les pieds dans un reste de lambeau de manteau, et s'éclata la tête la première sur le sol glacial du chemin de ronde, juste aux pieds de leurs deux adversaires. Bien sûr, cela n'empêcha pas Aisya d'appuyer -lui semblait-il- de tout son poids sur ses pauvres épaules, le rendant fou de douleur. Juste à titre de comparaison, le menton qu'il s'était explosé en s'éclatant sur le sol le « picotait un peu » par rapport. Dans cet océan de douleur et de rage entremêlées, il entendit soudain des voix dont le volume s'abaissait avant de remonter en flêche au gré des allées et venues de la vague de douleur.

« Euh... Qu'est-ce qu'il... ....a pris soldats ?
_Nous nous sommes égarés sur le ch... ...ronde ! ...nous indiquer ce...
_Nous... ...livreurs de la Red...
_...allez bien ? Pas... »

Detsien cligna plusieurs fois des yeux, tentant de remettre ses idées en place. D'après ce qu'il comprenait, les deux gars n'avaient en aucun cas eu l'intention de les attaquer ? Mais mais ! Ils avaient l'air vachement menaçants pourtant !

Heureusement que le ridicule ne tue pas, autrement les deux estropiés auraient eu des belles places bien chaudes dans la fosse commune de Briggs...
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