Flashback sur la guerre d'Ishbal



 
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 Flashback sur la guerre d'Ishbal

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MessageSujet: Flashback sur la guerre d'Ishbal   Flashback sur la guerre d'Ishbal Icon_minitimeMer 22 Déc - 11:31

A la recherche d'un document dans les archives du QG de Central, le Général de Division Balkman tomba alors sur le dossier d'une ancienne militaire qu'il avait autrefois connu lors de la guerre d'Ishbal. Il s'agissait d'une certaine Florinda S. Volonski, anciennement lieutenant-colonel à Ishbal. Le Général parcouru le dossier rapidement, ça faisait un moment déjà qu'elle avait quitté l'armée. Il reposa le dossier, pas grand intérêt à s'intéresser au passé. Et pourtant, lorsqu'il réintégra son bureau, il s'assit confortablement sur son fauteuil et alluma un cigare, et en regardant la fumée montée vers le plafond il se remémora cette époque, ça lui revenait comme ça d'un coup...

...Ishbal avril 1907, la fin de la guerre approchée, l'ordre d'extermination avait été donné par le Führer qui avait refusé la rédition des Ishbals. Il pleuvait des cordes, depuis quelques jours le soleil avait laissé place à des orages fréquents, perçus comme une bénédiction par les soldats d’Amestris au début, ils étaient bien vite devenus insupportables. Les fortes pluies qui s’abattaient d’un coup n’étaient pas absorbées correctement par un sol devenu beaucoup trop sec. Ce-dernier se transformait donc en véritable bourbier. Lorsque les orages n’étaient pas présents le sol s’asséché de nouveau rapidement formant une fine pellicule de terre sur la boue qui se fissurait sous les pas se qui rendait le sol encore plus collant la boue devenant plus compacte en dessous. Bref se déplacer en voiture, à cheval et même à pied devenait rapidement un calvaire. L’air particulièrement lourd faisait que l’on transpirait sans rien faire et que l’on suffoquait facilement lors d’un effort trop important. Et avec de telles conditions une blessure devenait rapidement problématique, d’autant plus que les soins de qualité commençaient à manquer et que la boue épaisse gardait prisonnière bien des cadavres, ce qui lorsque le vent se lever donnait une odeur des plus désagréable et favorisait bien évidemment la propagation de maladie et de mouches en tout genre. Ce climat lourd ne tombait pas la nuit, il faisait trop chaud pour dormir correctement, le seul moment où la température baissée un peu était lorsque les orages s’abattaient la nuit, mais leur violence empêché bien souvent de dormir. Le camp était installé à environ deux kilomètres de la sortie de la ville qui tenait lieu de champs de bataille. Il était aussi boueux que les alentours, les passages de véhicule n’arrangeant rien. Il n’y avait que des tentes, les seuls bâtiments bâtiments en dur étant une sorte de hangar servant d’hôpital de fortune et une maison servant aux réunions du commandement.

Dans ces conditions il était plus que difficile de garder le moral des troupes. D’autant plus que les Ishbals avaient redoublé d’ardeur, sentant surement leur fin proche ils se débattaient d’autant plus qu’ils n’avaient plus rien à perdre. En face la détermination n’était plus le même. Les soldats d’Amestris étaient usés par ces conditions auxquelles ils n’étaient pas habitués, ils se faisaient harcelés par de petits raids lors de patrouilles. Lassés du combat, de voir l’acharnement des Ishbals, lassés de voir tous ces morts, amis, alliés et même ennemis. Lassés par la violence des assauts ordonnés par le commandement du camp qui ne leur laissait que peu de répits, lassés de ne pouvoir passer une heure sans se poser tranquillement, sans entendre les cris d’un blessé, les pleurs de quelqu’un qui vient de perdre un ami. Lassés par le ballet incessant des camions pourtant trop peu nombreux pour emporter les blessés les plus graves et ne ramenant au camp que des soldats à peine en état de se battre car tout juste remis de blessures et n’ayant aucune envie de retourner au combat, lassés par les bruits de combat plus ou moins lointains, bref lassés de la guerre.
Cependant tous obéissaient aux ordres. Tous, oui mais certaines voix commençaient à s'élever contre la guerre. Rien de grave quand il s'agissait d'un ou deux soldats lassés par la guerre. Personne ne les écoutait, et leurs plaintes cessaient souvent d'elles-même. En revanche c'était plus inquiêtant lorsqu'un gradé et surtout un officier, alchimste d'Etat remettait en cause les raisons de cette guerre. Ce qui était le cas de ce lieutenant-colonel Volnski. Les bruits circulaient qu'elle contesterait des ordres, ce n'était que des bruits de camps comme il y en avait souvent mais les généraux voulaient en avoir le coeur net, afin d'éviter tous désagremment. Aussi Balkman fût chargé de s'entretenir avec l'officier Volinski pour mettre les choses au clair.

Elle fût donc convoquée, en attendant son arrivée, le colonel Balkman s'alluma un ciagre. Il attendait assis derrière un bureau de fortune dans sa grande tente.
Laquelle était flanquée non pas de militaire en guise de garde mais de deux affreuses chimères de combat dont il avait ordonné et supervisait la fabricationpendant la guerre. Elle ressemblaient à des hyènes en plus laid et plus gros, elles devaient faire presque 1m20 au garot pour 120 kilos. Leur machoir et leur musculature étaient impressionantes. Aussi elles étaient solidement enchaînées pour ne pas qu'elles séchappent. Il faut dire qu'elles étaient extrêment brutales et féroces. N'obéissant qu'à leur maître.
Très vite l'entrée dela tente s'ouvrit et une belle femme apparut. C'était la femme lieutenant-colonel en question. Balkman ne se leva pas et lui fit signe de s'assoir en face d'elle. Elle put alors remarquée qu'une chimère de la même espèce que celles dans l'entrée était allongée à côté du colonel, elle était noire comme du charbon, des yeux rouges vifs, un air menaçant, mais surtout elle était plus grande que les autres devant faire près du mètre cinquante et de 200 kilos. Visiblement c'était la chimère préférée du colonel. Celui-ci figea son regard dans celui de la femme, mais elle ne pouvait que le devinait, les yeux de Balkman étant derrière ses lunettes tintées. Une voix légèrement rauque, extrêmement garve mais très calme et posé se fit entendre:

"Je vous écoute, racontez-moi tout, ces bruits de camps selon lesquels vous remetteriez en question le bien fondé de cette guerre sont ils exactes."

Il savait très bien que l'officier devait-être au courant de ces bruits qui circulaient de plus en plus sur son compte. Il avait décidé d'aller droit au but, pour ne pas laisser le temps à son interlocutrice de trop réfléchir.
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MessageSujet: Re: Flashback sur la guerre d'Ishbal   Flashback sur la guerre d'Ishbal Icon_minitimeVen 24 Déc - 8:42

« Feels like my wounds are too deep
The pain won't leave me
Will it ever go away ? »

    Subitement, la pluie venait de s'abattre sur la capitale, déversant des trombes d'eau sur l'asphalte glacé. Florinda venait d'abandonner ses principales tâches, et s'était installée près de la fenêtre de son bureau, plongée dans des rêveries insolites. D'aussi loin qu'elle s'en souvenait, elle avait toujours été fascinée par les aléas de la nature. Cette force soudaine, cette imprévisibilité ne pouvaient que forcer sa plus profonde admiration. Quoi qu'il en fût, à défaut de distinguer clairement la capitale à travers la vitre couverte de buée, elle ne put échapper à son reflet, ce même reflet qui semblait la fixer d'un regard dur, intransigeant. Avec le temps, elle avait perdu l'habitude de se mesurer à un miroir, elle cherchait plutôt à les éviter autant que possible. Non pas que sa propre image lui fût désagréable, mais elle lui rappelait tellement de souvenirs, des souvenirs pour la plupart douloureux, et ces souvenirs faisaient monter en elle une nostalgie humide qu'elle ne s'autorisait pas à ressentir. Et voilà qu'en ce jour funeste, ce reflet qu'elle haïssait tant se présentait à elle, innocemment. Ce visage couvert de cicatrices ne lui évoquait qu'une chose, une chose qu'elle aurait pourtant préférée oublier après toutes ces années. Ishbal. Sa trahison. Son châtiment. Son désespoir. Il y avait sept ans de cela, Ishbal avait été le théâtre de souffrances indicibles, et malgré les efforts qu'elle avait rassemblés afin de se débarrasser de ces maudits pans de sa mémoire, force était de constater que rien n'y faisait. Ishbal était, et resterait partie intégrante de son existence passée, qu'elle le voulût ou non. Elle se souvenait avec une précision inouïe tout ce qu'elle y avait vécu. Chaque menu détail demeurait profondément ancré dans son esprit. Les détonations multiples et chaotiques qui résonnaient de part et d'autre, le souffle de l'ennemi avant de s'éteindre, les pleurs des soldats suite à la perte d'un ami qui leur était cher, les cris des victimes face à une dévastation d'une telle ampleur ... Non, vraiment, rien de réjouissant n'était lié au souvenir de la guerre d'Ishbal, absolument rien. Elle n'entrevoyait que le sang répandu, que ce fût dans le camp ennemi ou dans son propre camp. Le sang rougeoyant dont elle avait fait son emblême. Les rares fois où elle songeait encore à la guerre d'Ishbal, Florinda n'avait pas véritablement de regrets. Regretter n'aurait pas changé les choses, au contraire, cela aurait été cracher sur le souvenir des défunts qui avaient bravement lutté durant le conflit. Et le regret n'appartenait pas au vocabulaire de la jeune femme. Elle avait toujours assumé les conséquences de ses actes, bien que par le passé, elle ait été bien plus impulsive qu'elle ne l'était dorénavant. Bien plus obstinée également. Elle estimait, malgré toutes les dures épreuves qu'elle avait traversées, que ses choix étaient justes. Elle n'avait pourtant rien d'une âme chevaleresque. Sa trahison était d'un tout autre ordre. Elle avait eu ses raisons, à l'époque. Des raisons bien plus complexes à comprendre qu'on aurait pu le penser ...

    Sept ans auparavant, Florinda Volonski était dès lors âgée de vingt-cinq ans. C'était une alchimiste de talent, certainement la seule à maîtriser l'alchimie sans cercles, aussi surprenant pût-il paraître à ses contemporains, et ses prouesses, tout comme sa vaillance, lui valurent d'obtenir rapidement le grade de lieutenant-colonel, malgré son très jeune âge. On la qualifiait de revêche, calculatrice, et particulièrement têtue ; elle n'était pas encore la femme acariâtre qu'elle aspirait malgré elle à devenir dans quelques années, mais certains traits de sa personnalité demeuraient néanmoins invariants. A l'époque, le conflit entre Ishbal et Amestris était à son paroxysme. Les alchimistes d'Etat s'étaient vus rejoindre le front en grande pompe afin d'user de leurs aptitudes au combien destructrices, si ce n'étaient exceptionnelles. Le lieutenant-colonel Volonski, que l'on nommait familièrement The Prodigy Alchemist, faisait alors partie de ces quelques alchimistes qui avaient juré de servir l'Etat envers et contre tout. Elle avait gagné le front, à Ishbal, sans se faire véritablement prier, et sans savoir que cela changerait sa vie à tout jamais. Dieu savait pourtant que la jeune femme avait vécu des atrocités en bon nombre avant de choisir de son plein gré de grossir les rangs de l'armée, mais elle était loin de se douter que ce qu'elle vivrait alors à Ishbal surpasserait de loin tous ses malheurs passés. La pression était à son comble sur le front. Si la plupart des militaires continuait de se battre sans broncher, et même parfois en donnant l'étrange impression d'y puiser une sorte de plaisir malsain, d'autres finissaient par se retourner contre les hautes instances de l'armée, et se questionnaient quant au véritable objectif de cette guerre. Ce massacre avait-il réellement un sens ? Ou cette violence était-elle purement gratuite ? A quoi bon toutes ces effusions de sang ? A quoi bon tout ce chaos ? Les interrogations avaient beau fuser dans les esprits de tout un chacun, elles ne recevaient jamais aucune réponse digne de ce nom. Florinda ne faisait qu'observer ses pairs, silencieusement, sans jamais énoncer à haute voix ce qu'elle pensait tout bas. « Quand cette maudite guerre prendra-t-elle fin ? » avait un jour hurlé un homme, un enfant Ishbal à l'aube de sa vie contre le coeur. Le lieutenant-colonel Volonski l'avait alors toisé avec un certain dédain, sans pour autant être capable de formuler une quelconque réponse à cette question. Tout n'était qu'incertitude à Ishbal. Il n'y avait place pour rien d'autre que pour le doute. Il n'y avait plus aucune notion de temps quelle qu'elle fût. L'horloge du monde semblait s'être glacée sur de sombres jours à venir.

    « Hé, Volonski ! On te demande ! »

    La visée tremblotait sur le crâne de l'ennemi. Rien ne semblait à même d'altérer la concentration suprême dans laquelle s'était murée cette jeune femme, à plat ventre dans la boue, pas même l'orage qui se profilait à l'horizon. Cette humidité, cette moiteur, cette chaleur oppressante qui emplissait soudainement son corps ... Son doigt se ressera vivement sur la détente. Une balle fusa, fendit l'air en un instant, et vint se loger dans le front de la victime, qui n'eut pas même le temps de se figurer sa propre mort. Le nom de "Volonski" résonna une seconde fois dans la tourmente. Imperturbable, la jeune femme tourna lentement la tête vers l'origine de l'appel, et découvrit l'un de ses collègues, un sourire ironique aux lèvres, qui d'un simple signe de la main lui désigna le camp principal, où se trouvaient les tentes des officiers haut-gradés. Il s'empressa de marmonner une autre nom. Celui de Balkman. La dénommée Volonski se releva lassement, son fusil de précision à la main, tout en réprimant un soupir plus résigné qu'ennuyé. Se trouver convoquée par un supérieur était un privilège dont il valait mieux être privée. Dans tous les cas, cela n'annonçait rien de bon. Et même si le lieutenant-colonel Volonski avait d'ores et déjà une petite idée du pourquoi de cet entretien, elle préférait la taire pour le moment. Acquiesçant à l'annonce un tantinet trop joviale de son collègue, la jeune femme passa une main sur sa nuque engourdie et se mit en marche vers le camp, ses lourdes bottes de cuir sombre s'enfonçant toujours plus dans la boue brunâtre et infecte qui tapissait le champ de bataille. Malgré son air perpétuellement sévère, la jeune femme n'en restait pas moins ravissante. Sa chevelure blonde lui caressait la nuque avec une volupté divine. Qui aurait alors pu imaginer que ce visage à la peau si laiteuse se couvrirait de cicatrices, que ce regard vif et impétueux se ternirait avec l'âge, et que cette délicate chevelure se transformerait en une crinière oppulente et volumineuse ? Personne, à priori. Elle-même ne s'en doutait pas. Peu lui importait, par ailleurs, puisqu'elle n'avait jamais porté un quelconque intérêt à son aspect physique, et ce n'était pas en temps de guerre que cela allait commencer. Quoi qu'il en fût, Florinda progressait avec sa nonchalance habituelle. Elle n'avait pas l'air plus frustrée que cela à l'idée de s'entretenir avec l'un de ses supérieurs, bien qu'elle savait par avance que cela ne s'avérerait pas être une partie de plaisir. Après quelques brèves minutes de marche, elle rejoignit finalement le camp. Son arrivée fut accueillie par un silence mortuaire. Autour des tentes réservées aux blessés, de nombreux soldats se réunissaient pour pleurer leurs camarades défunts, ou prier pour le rétablissement d'un pauvre estropié. Florinda abhorrait ce sentimentalisme à la manque ; rien de toutes ces larmes et de toutes ces lamentations ne feraient avancer les choses. Elle n'avait qu'une envie : prendre tous ces idiots par les épaules et les secouer violemment afin de leur remettre les idées en place. De les insulter, de les affubler d'opprobre, de leur faire ouvrir les yeux sur leur comportement de fillette. Mais elle n'en faisait rien. Elle n'avait pas suffisamment d'estime pour eux pour cela.

    Au final, elle atteint la tente du colonel Balkman plus vite qu'elle ne l'avait prévu. Aucune appréhension ne pouvait se lire sur son charmant visage, rien que de la lassitude. Lassée des combats, lassée de la mort, lassée de la grisaille, et peut-être tout simplement lassée de la vie. Devant cette même tente se trouvaient deux affreuses chimères, fruits des expériences du colonel, certainement. Peut-être pas si affreuses que cela, après mûre réflexion. Elles dégageaient une puissance, un condensé de force brute, qui plaisait beaucoup à la jeune femme. Elle se rappela alors que le colonel Balkman n'était pas un exemple de vertu, loin de là, puisqu'il s'investissait non seulement dans des expériences impliquant des animaux, mais pis que cela, il effectuait des pratiques encore plus scabreuses sur des êtres humains, d'après ce que l'on racontait. Mais après tout, Florinda ne s'en scandalisait pas véritablement. Ses actions ne concernaient que lui, et elle ne disposait pas d'une éthique suffisamment exacerbée pour oser avoir quelque chose à redire à ce sujet. Sur ces dernières pensées, la jeune femme pénétra l'antre de son supérieur, tout en ayant pris soin par avance de remettre un peu d'ordre à sa chevelure et sa tenue. Après avoir passé les dernières heures allongée dans la boue, c'était la moindre des choses à faire. Se présentant face à l'imposant homme, elle mima un salut militaire qu'on aurait pu qualifier de désinvolte, puis prit place en silence, appuyant son bras droit sur la crosse de son fusil.

    « Je vous écoute, racontez-moi tout, ces bruits de camp selon lesquels vous remetteriez en question le bien fondé de cette guerre sont-ils exacts ? »

    Une grimace emprunte de perplexité vint assombrir le visage de la jeune femme. Elle hésitait entre se gausser des précédentes paroles de son interlocuteur, ou, au contraire, d'y trouver un certain mécontentement. C'était donc de cela qu'il s'agissait. Elle se l'était figurée plus tôt, sans grande conviction, il fallait l'avouer. Il était pourtant véridique que, depuis un certain temps, la rumeur s'élevait sur le compte du lieutenant-colonel Volonski. Elle n'avait pourtant rien dit ou fait d'extraordinaire afin de s'attirer les foudres de ses pairs, elle gardait en général le silence quant à ses opinions, aussi fulgurantes furent-elles, et cela avait en effet le don d'agacer ses collègues. Son tempérament réfractaire faisait peur, on craignait qu'elle ne mène pas à bien les missions qui lui étaient dès lors confiées. On la voyait comme une sorte d'illuminée un tantinet idéaliste, ou encore une rebelle à l'agressivité à fleur de peau qui ne supportait pas les ordres. En somme, personne ne savait véritablement ce qui lui passait par la tête. Et Volonski se contentait de répondre à ces provocations diverses par une indifférence glaciale. Cependant, il était vrai que la guerre d'Ishbal lui apparaissait d'une absurdité profonde. Son origine était absurde, son déroulement l'était tout autant. Quand bien même Florinda s'était montrée obéissante et loyale jusque-là, cela ne l'avait pas empêchée de longuement réfléchir aux raisons qui avaient engendrées cette guerre. Un soldat avait tué "accidentellement" un enfant ishbal. Au vu des tensions qui règnaient dès lors entre les deux nations, il n'était pas étonnant de constater toute l'ampleur du drame. Mais cela était trop louche pour être crédible. Comme si quelqu'un tirait les ficelles dans l'ombre, comme si l'objectif majeur de cette guerre n'était pas celui auquel tout le monde croyait. En bref, Florinda se méfiait. L'idée d'exterminer tout un peuple ne lui faisait pas froid aux yeux, le problème se trouvait ailleurs. Le fait d'être un pantin, d'être utilisée dans l'optique de mener à bien un sombre complot ... Non, elle ne pouvait pas l'accepter. Voilà d'où venait son ressentiment quant à la guerre. Cela l'avait rendue hermétique à ce qui se passait autour d'elle. Profondément maussade, également. Et pour couronner le tout, on la convoquait. Ces militaires n'avaient-ils donc pas le sens des priorités ? Cela lui donnait presque envie de rire ...

    « Sauf votre respect, colonel Balkman ... Je suis ici en raison de rumeurs qui courent sur mon compte ? J'ai bien peur de vous faire perdre votre temps, et j'en suis navrée, énonça-t-elle d'un ton ironique qui se voulait faussement sincère. Je n'ai absolument rien à répondre à ces facéties fallacieuses. Il semble que l'on tente de m'accuser d'un crime dont je ne suis pas coupable. Mes actes parlent d'eux-mêmes. Je n'ai pas une seule fois remis en cause les ordres qui m'étaient donnés. C'est tout ce que j'ai à dire. »

    Florinda soutint le regard de son interlocuteur avec force ; dans ses yeux bleu cobalt dansait une mystérieuse flamme. Elle avait sèchement énoncé ces paroles, tout en sachant pertinemment que Balkman y trouverait quelque chose à redire. Après tout, elle n'avait sûrement pas été convoquée dans la tente d'un haut-gradé pour tailler une bavette ...
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MessageSujet: Re: Flashback sur la guerre d'Ishbal   Flashback sur la guerre d'Ishbal Icon_minitimeLun 27 Déc - 10:51

Ce regard, bleu, fort, froid, qui osait lui tenir tête, un regard que Balkman appréciait particulièrement. Il était signe des personnes ayant une âme forte, les seules pouvant survivre ici, les seuls militaires digne d'intérêt selon lui. Et cette Volonski en faisait partit. Elle lui répondit sèchement mais non sans une pointe d'ironie qui voulait tout dire. Toujours avec ses lunettes mais les yeux dans les yeux le colonel lui répondit après avoir tiré une grande bouffée de son cigare::

"En effet, je ne peux que vous donner raison, vos états de fait son irréprochables, et les rumeurs sont en effet bien souvent des racontars sans intérêt. Je ne prête d'ailleurs pas l'oreille à ceux me concernant."

Puis il retira une grande bouffée de son cigare:

"Bien souvent,..., mais parfois, même si c'est déformé cela part d'un fait réel, puis de bouches à oreilles on arrive à quelque chose qui n'a rien à voir avec le fait qui est à l'origine de ces bruits de camps. Et quelque chose me dit que la rumeur vous concernant fait partie de cette catégorie. Vous savez, il suffit parfois d'une attitude par moment déplacée pour faire partir une rumeur. Et la votre, est parfois,... déconcertante. Vous passez pour une femme à l'esprit rebelle, qui exécute les ordres sans conviction et pourtant vous menez à bien toutes vos missions. Malgrè ça les rumeurs sur votre tempéramment persiste et ce à tous les niveaux, du plus insignifiant des soldats au chef de ce camps. Vu vos états de faits ces rumeurs auraient du disparaitre, ce qui me laisse à penser qu'il peut-y-avoir un fond de vérité."

Il tira de nouveau une grande bouffée de son cigare, mais attendit plus pour reprendre avec un ton légèrement plus directif:

"Ce fond de vérité, aussi infime soit-il, est le signe d'une faiblesse de votre part. Seriez-vous lassée des combats pour agir de la sorte ? A moins que ce fond, soit la vérité pure, dans ce cas la les bruits sur votre compte s'avéreraient totalement exact ce qui serait, j'en ai peur, bien plus préoccupant."

Visiblement son opinion était faite, il y avait bien quelque chose qui clochait chez cette femme, pourtant son ton se radoucit:

"Concernant la première hypothèse je doute qu'une femme avec une telle réputation puisse avoir de tels moments de faiblesses, concernant la seconde, vos états de fait prouvent le contraire. Alors miss Volonski, éclairez-moi, êtes-vous une belle femme perdue dans cette guerre et qui joue les terreures, ou êtes vous une personne qui se pose trop de questions ? Et si ce n'est rien de tout ça qu'êtes-vous dont et pourquoi agissez vous comme ça ?"

Même si il ne le montrait pas, Balkman ne trouvait que peu d'intérêt à mener ce genre d'interrogatoire à proprement parler, ce qui l'intéressé dans cette situation c'était de jouer au chat et à la souris avec le lieutenant-colonel, aussi il finit sa phrase avec une pointe de satisfaction dans la voix, c'était presque imperceptible. Maintenant il attendait la réponse de son interlocutrice.
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MessageSujet: Re: Flashback sur la guerre d'Ishbal   Flashback sur la guerre d'Ishbal Icon_minitimeDim 30 Jan - 13:42

« Do you believe I will forget ?
Do you think that I won't see
All the lies that you are hidding behind ? »


    A travers le verre teinté de ses lunettes, l'officier Volonski parvint à entrevoir le regard de son interlocuteur se poser sur elle. Un regard pénétrant, presque glaçant. La jeune femme ne prit pas la peine de le relever, fixant Balkman avec une sorte de lassitude toute commune, tandis qu'elle s'enfonçait davantage dans son siège, et dévoilait ainsi d'une manière ostentatoire l'ennui profond qui l'habitait en cet instant précis. Cette situation l'agaçait véritablement au plus haut point, et cela avait le don de titiller intempestivement sa hargne intérieure qui atteignait dès lors des nues vertigineuses. Au fond, elle aurait aimé cracher ses quatre vérités à son supérieur, se lever de façon théâtrale en élevant la voix un peu plus, puis quitter la tente sur des paroles religieusement justes. Cependant, les convenances l'en empêchaient. Toujours ses convenances, cette fausse rigueur toute caractéristique de l'armée qui abaissaient les soldats au niveau de simples pantins en servage. Pourtant, cette rigueur, elle aurait pu la supporter. A dire vrai, elle aurait été en mesure de tout supporter, absolument tout, si tant était qu'elle le faisait de son propre chef. Elle avait suffisamment pris sur elle par le passé pour connaître sur le bout des doigts ce qu'était cet étrange concept que l'on nommait "abnégation". Mais le fait était que, malgré toute sa bonne volonté, malgré ce désir ardent de s'offrir une résurrection, elle avait failli quelque part, elle s'était lourdement trompée. Elle avait eu une telle envie de s'extirper de son nid d'obscurité qu'elle n'avait pas même pris la peine de se rendre compte des parcelles d'ombre qui gravitaient indolemment sous la lumière de l'astre. Âpre négligence. Force était de constater qu'elle avait mal joué, cette fois-ci. Florinda se souvenait si clairement de son entrée au sein de l'armée que cela faisait monter en elle une amertume considérable. Elle se souvenait de son intime détermination, de sa soif de vivre après s'être laissée aller à des choses qu'elle aurait dès lors préféré oublier. Elle avait pensé trouver dans l'armée de quoi s'occuper, de quoi exploiter ses talents : pratiquer l'alchimie, et, d'une autre part, prendre la vie. Mais, avant tout, elle avait pensé trouver, sans pour autant se l'avouer, l'unique chose qui manquait à son existence morne. Une chose qui lui avait été brutalement arrachée. Un manque qui l'avait en quelque sorte mise à l'écart du reste de l'humanité. Une famille. Ou, du moins, un quelconque sentiment de camaraderie ; quelque chose qui aurait pu la tirer de sa solitude glaciale. Oui, elle avait pensé trouver cela. Cependant, elle avait eu beau chercher, et chercher encore, elle n'avait reçu rien d'autre que des injonctions. Ou peut-être était-ce de sa faute, peut-être était-ce elle qui avait profondément changé. Changé à un tel point qu'elle n'était plus capable d'accorder sa confiance à qui que ce fût. Changé à un tel point qu'elle choisissait la solitude à toute autre forme de procès. Tout cela était triste, terriblement triste. Mais Florinda n'y voyait que le juste reflet de son expérience passée. Elle ne pouvait pas oublier, revenir en arrière, et s'épanouir. Elle était condamnée, condamnée à vivre dans la violence, le sang, le chaos. Privée à jamais d'un bonheur qui lui avait échappé il y a bien longtemps de cela. Bonheur. Elle avait même oublié ce que cela signifiait.

    Pourtant, lorsque son regard se posait sur ses pairs, l'officier Volonski parvenait à lire en eux cette petite étincelle de joie. Des sourires, des regards échangés. Des regards qui voulaient tant dire. Et elle, de son côté, demeurait morne, hermétique, inexpressive. Elle s'imposait en chef d'équipe froide et calculatrice. Pourtant, malgré cela, au-delà de la crainte que pouvaient lui porter ses subordonnés, elle surprenait des marques de respect, de la confiance, parfois, voire même une odieuse forme d'affection. Confiance et affection restaient pourtant des mots qui lui étaient fermement étrangers. Et elle ne comprenait pas ce qui lui valait ces soudaines effusions de sentiments. Elle ignorait encore si, dans cette guerre, elle se battait pour elle seule, pour ses subordonnés, ou même pour les hautes instances. Elle l'ignorait, mais elle tenait plus que tout à le découvrir. Car, au milieu des cadavres noircis de terre, au milieu de la symphonie des détonations, de ce véritable sons et lumières en direct, elle se devait de trouver une réponse, aussi infime fût-elle. Semer la mort avait quelque chose de grisant au départ, puis, lorsque l'on abattait son mille et unième ennemis, on finissait par s'en lasser. Cela devenait une routine intenable, ni plus ni moins. La première fois, on ressentait une sorte d'adrénaline mystérieuse qui prenait aux tripes. On tâchait de percevoir le dernier soupir de la victime s'échapper de ses lèvres encore humides de vie. On s'asseyait quelques instants aux côtés du corps inerte, et l'on admirait les pommettes perdre de leurs couleurs, le regard se faire vitreux, tandis que la mort prenait le dessus sur toute autre chose. Une once de soulagement. Un sentiment de délivrance. Et il fallait dès lors se rendre à l'évidence : en tuant, on se sentait plus vivant que jamais. Là était le paradoxe. Mais l'officier Volonski en était loin d'être à sa première victime. Sa première victime, elle l'avait tuée dix ans, si ce n'était onze ans auparavant. Et tuer faisait alors partie de la monotonie du quotidien. Ainsi, elle en venait à se demander si ce qu'elle faisait ici, à Ishbal, était véritablement plus louable que ce qu'elle avait fait durant des années lorsqu'elle s'était trouvée à North City. Elle avait voulu le croire, au départ, mais elle ne pouvait se voiler la face plus longtemps. Pour tout avouer, ce qui se déroulait à Ishbal dépassait tout entendement. Non pas que Florinda fût éperdue de justice, ou de quelque mièvrerie de ce genre, mais elle tuait pour des raisons qui lui échappait, et cela l'agaçait véritablement. Son orgueil l'avait toujours poussée à tuer pour elle-même, pour ses intérêts personnels, même parfois de façon totalement imprévisible et incompréhensible. Mais la situation était différente cette fois-ci. Elle tuait pour permettre à un sombre complot de voir le jour. Elle refusait d'être l'objet d'une telle machination.

    Déjà, Balkman reprenait la parole, énonçant une théorie absurde que Florinda n'écouta que d'une oreille. Presque inconsciemment, elle pianotait sur l'accoudoir de son siège de ses doigts métalliques, qui émettaient à chaque nouvelle vague un cliquetis horripilant. Et son supérieur se permettait de lui servir ce discours sur la véracité des rumeurs sur son compte d'un ton suffisant qui n'échappa pas à la jeune femme. Elle l'écoutait donc déblatérer sans d'autre choix, les paupières closes, comme dans un profond recueillement, attendant avec une impatience jamais contentée l'instant crucial où la voix caverneuse laisserait place à un silence sacré.

    « Alors, miss Volonski, éclairez-moi, êtes-vous une belle femme perdue dans cette guerre et qui joue les terreurs, ou êtes-vous une personne qui se pose trop de questions ? Et si ce n'est rien de tout ça, qu'êtes-vous donc et pourquoi agissez-vous comme ça ? »

    Les paupières pâles de la jeune femme se soulevèrent lentement à la question de son interlocuteur, dévoilant le bleu sombre d'un océan particulièrement agité. De prime abord, ses lèvres demeurèrent scellées, comme si elle réfléchissait, et ses prunelles brillaient d'une lueur d'animal effarouché. L'étreinte de sa main droite sur la crosse de son arme s'était faite plus marquée, et le cliquetis sourd des doigts de sa main gauche cessa immédiatement. Il aurait été difficile de définir l'expression qu'affichait désormais le visage de poupée de Florinda Volonski. Un mélange de dédain, de méfiance et d'incertitude, probablement. Elle n'effectuait pas le moindre mouvement, ne serait-ce qu'un éphémère battement de cils, pas un mot ne venait non plus rompre le silence qui règnait dans la tente. Elle ressemblait à une statue de marbre blanc, ou du moins, elle en avait la grâce, l'inertie, ainsi que le mutisme. Peut-être s'était-elle subitement statufiée par pure provocation, espérant démontrer de cette manière à son supérieur la parfaite inutilité de ses interrogations. Ou peut-être était-ce un simple moyen d'intérioriser la colère qui éructait au plus profond de son être. Car, en effet, l'officier Volonski commençait d'ores et déjà à perdre patience - il était bien connu que son impétuosité prenait toujours le pas sur sa patience. Par ailleurs, si l'on y faisait bien attention, on aurait pu voir une minuscule veine frétiller au niveau de sa tempe, comme une vague sur une mer trop calme. Il était cependant clair que la jeune femme en avait plus qu'assez de ces questionnements intempestifs, et de ces discours prétendument moralisateurs. Elle faisait son travail sans jamais rechigner, où était donc le problème ? L'armée avait véritablement le don de se compliquer la vie et de ne montrer qu'une piètre reconnaissance aux rares bons éléments qui peuplaient ses rangs. Parlait-on de ses lâches qui songeaient perpétuellement à déserter ? Venait-on les importuner comme on l'importunait en ce moment-même ? Non, on les laissait simplement mourir. Dans son for intérieur, elle se souffla qu'elle aurait préféré qu'on la laisse mourir en paix, dans l'honneur de s'être bravement battue jusqu'au bout. Mais non, voilà qu'on la privait d'un beau combat pour bavasser bien gentiment dans la tente d'un officier supérieur, et que, faute de vanter ses prouesses, on médisait sur sa réputation. Fichu système ! De toutes les déceptions et de toutes les bévues qu'elle attribuait déjà à ses employeurs, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Rompant le fragile silence, la jeune femme abattit son poing de métal sur le bois glacé de l'accoudoir, tandis que son regard bleu cobalt s'assombrissait davantage.

    « Quelle monumentale perte de temps ! pesta-t-elle d'une voix dans laquelle se lisait toute son irritation. Vous rendez-vous compte qu'au lieu d'être ici, à écouter vos insanités à propos de quelques bruits de couloir, je pourrais être sur le champ de bataille à combattre ceux que l'on prétend être nos ennemis ? N'avez-vous donc pas le sens des priorités, colonel ? »

    Plus que jamais, Florinda défiait son interlocuteur du regard. Au fond, peut-être n'était-elle que faussement indignée, mais dans tous les cas, elle refusait fermement de se défendre face à de bêtes rumeurs de comptoir ; cela aurait été une entaille à sa dignité. De tout temps, l'alchimiste n'avait jamais craint de laisser entendre son mécontentement à ses supérieurs, bien que cela ne lui ait pas toujours valu des félicitations. Personne n'ignorait que Volonski n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, ni à se battre pour recevoir une tape sur l'épaule. Non, la plupart du temps, elle faisait les choses à sa façon, ce qui ne l'empêchait pourtant pas d'obtempérer. Elle était le genre d'officier à s'attirer les foudres de ses supérieurs, et la grâce de ses subordonnés. De ce fait, dans la présente situation, elle n'hésitait pas à faire part de son agacement, sans compter qu'elle ne supportait pas de perdre son temps. Mais ce qui, plus que tout, faisait naître en elle cette colère insoutenable, était le fait qu'on cherchât à lire en elle. Florinda n'avait jamais été véritablement expressive quant à ses opinions, ou même quant à ce qu'elle pouvait ressentir. Elle s'était construit une sorte de barrière invisible qui la séparait du reste du monde, mais pourtant, au fin fond de son esprit tourbillonnaient mille et une pensées qui ne demandaient qu'à être partagées. Alors, si Balkman s'imaginait qu'il n'aurait qu'à le lui demander courtoisement afin qu'elle évoque son intime conviction, il se berçait tendrement d'illusions. Pis que tout, elle savait pertinemment que si elle en venait à dévoiler quoi que ce fût, même la plus infime part d'opinion négative, on en viendrait à se méfier d'elle, à la surveiller de près, peut-être même à l'accuser d'une quelconque trahison. Il était révoltant de constater à quel point l'on cherchait à entraver la conscience des soldats. N'avait-on plus le droit de penser librement sur cette terre ? Et si même la liberté de pensée, la liberté d'opinion nous était arrachée, quelle liberté nous restait-il alors ? Florinda avait toujours été l'un de ces électrons libres sans foi ni loi, du moins, jusqu'à ce qu'elle prenne la décision de s'engager. A partir de là, tout était parti à vau-l'eau. Elle avait conscience du fait qu'on la priverait d'une certaine liberté, mais de là à l'empêcher de penser comme elle l'entendait ... Cela la dépassait. En s'engageant, elle avait découvert que l'armée n'était qu'une entité despotique cherchant à faire ployer quiconque se dresserait sur le chemin de son ambition. Et les soldats, des pantins embrigadés et asservis, vidés de toute faculté à réfléchir. Si l'homme, cet être intelligent, n'était plus en mesure de réfléchir par lui-même, que lui restait-il ? Un corps sans âme, sans esprit, et sans volonté qui ne fût pas factice ? Ainsi, devant cette fatale conclusion, elle savait ce qu'elle aurait été en mesure de répondre à la question de Balkman. Qu'êtes-vous ? Mais elle savait également ce qu'elle ne devait surtout pas répondre.

    « Mais soit, si c'est une réponse que vous voulez, je vais tâcher de me plier à vos exigences, aussi incongrues soient-elles. Elle marqua un temps avant de reprendre, d'un ton sarcastique : Je ne suis rien de plus que ce que l'on attend de moi. Un simple soldat vidé de toute conscience, qui se bat pour ce en quoi ses supérieurs croient. Elle laissa de nouveau glisser un silence. Vous aimeriez me prendre au mot, n'est-ce pas ? Mais vous n'y parvenez pas, parce que cela sonne atrocement faux. Voyez-vous, j'estime que mon opinion ne regarde que moi, tant qu'elle n'influe aucunement sur mes actions. De ce fait, l'intérêt de vous la partager m'échappe. De plus ... Quelles questions pourrais-je donc me poser ? Que serais-je en mesure de remettre en cause ? Tout me paraît ... limpide, n'est-il pas ? A moins que vous n'ayez vous-même un avis là-dessus. Auquel cas, vous pourriez peut-être m'éclairer ... ? »


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MessageSujet: Re: Flashback sur la guerre d'Ishbal   Flashback sur la guerre d'Ishbal Icon_minitimeVen 4 Fév - 7:38

Balkman avait beau lancé des accusations plus ou moins provocatrices, son interlocutrice restait imperturbable. Elle était… presque envoûtante. Pourquoi, sûrement parce qu’ils avaient un caractère si proche et si éloigné à la fois. Deux personnes obéissants aux ordres mais à leur façon, se posant pas mal de questions. Deux personnes froides, difficilement accessibles, ne faisant pas grand cas des notions de bien ou de mal. Deux personnes ayant une opinion assez basse de leur hiérarchie et deux personnes convaincues de leur force qu’elle soit physique ou mentale et de leur opinion. Et la liste de leurs points communs pouvait encore s’étendre… Si proches mais si éloignées. Volonski s’était murée dans une froide solitude une fois sa famille perdue. Balkman, lui s’isolait à mesure qu’il grimpait dans la hiérarchie, convaincu de sa supériorité, le pouvoir le coupé peu à peu des autres. Et c’était la une profonde différence entre eux, tout comme l’était leur vision du monde. Comment deux caractères si proches pouvaient-ils avoir deux conceptions du monde si différentes ? C’était ça qui suscitait l’intérêt de Balkman pour cette femme. Cet interrogatoire il le menait plus par curiosité personnelle que pour obéir à des ordres.
Il était convaincu de la perte de temps que cela représentait de discuter sur la véracité ou non de bruits de couloirs. Mais il voulait se confronter à cette femme, savoir le fond de sa pensée, la sondée, elle qui cachait si bien ses opinions, ses sentiments. Ce n’était pas pour ses supérieurs qu’il voulait connaître ça, mais pour lui-même, savoir pourquoi deux caractères assez proches amenaient à de telles divergences. Car oui, Miss Volonski ne communiquait jamais sur ses états d’âmes, mais il était persuadé qu’au fond d’elle-même elle avait une opinion bien tranchée sur la guerre.

Lorsqu’il termina sa phrase le silence s’installa, son interlocutrice sembla le goûter avec une certaine délectation, visiblement elle n’avait que faire de ses remarques, du moins c’est ce qu’il croyait. Car elle n’eut pas la réaction qu’il attendait. Il pensait que sa subordonnée allait continuer dans son mutisme ne répondant que le strict minimum avec un détachement des plus dédaigneux. C’est sûrement ce qu’il aurait fait et vu le caractère de la femme il pensait qu’elle ferait la même chose. Au lieu de ça elle eût une réaction presque sanguine. Etrange pour une femme si calme.

« Quelle monumentale perte de temps ! Vous rendez-vous compte qu'au lieu d'être ici, à écouter vos insanités à propos de quelques bruits de couloir, je pourrais être sur le champ de bataille à combattre ceux que l'on prétend être nos ennemis ? N'avez-vous donc pas le sens des priorités, colonel ? »

Elle le défia du regard, comme pour appuyer ses dires, comme pour lancer un :
« Je ne m’abaisserais pas à répondre à de telles idioties. »
Balkman, lui restait imperturbable, callé dans sa chaise, tirant des bouffées de son cigare il l’écoutait et visiblement avec attention.

« Mais soit, si c'est une réponse que vous voulez, je vais tâcher de me plier à vos exigences, aussi incongrues soient-elles. Je ne suis rien de plus que ce que l'on attend de moi. Un simple soldat vidé de toute conscience, qui se bat pour ce en quoi ses supérieurs croient. »

Bonne réponse, du moins si on se limitait aux paroles. Mais le ton était délibérément sarcastique et vue le tempérament de l’officier cela sonnait encore plus faux, tellement faux que même le dernier imbécile la croirait. D’ailleurs elle ne s’en cacha même pas.

«Vous aimeriez me prendre au mot, n'est-ce pas ? Mais vous n'y parvenez pas, parce que cela sonne atrocement faux. Voyez-vous, j'estime que mon opinion ne regarde que moi, tant qu'elle n'influe aucunement sur mes actions. De ce fait, l'intérêt de vous la partager m'échappe. De plus ... Quelles questions pourrais-je donc me poser ? Que serais-je en mesure de remettre en cause ? Tout me paraît ... limpide, n'est-il pas ? A moins que vous n'ayez vous-même un avis là-dessus. Auquel cas, vous pourriez peut-être m'éclairer ... ? »

Décidemment cette femme avait quelque chose que les autres militaires, n’avaient pas et sa réponse ne fit qu’attiser la curiosité du colonel qui plus que jamais voulait savoir son opinion. Elle avait l’audace de le défier, mais venant de quelqu’un comme ça ça n’avait rien d’insultant ou de désagréable. Balkman se leva alla chercher deux petits verres sur une table voisine, ainsi qu’une bouteille de rhum, il en servit à sa subordonnée, puis à lui-même et il se rassit avec un air presque satisfait.

« Je ne suis pas d’accord avec vous, oui discutez à propos de bruits de couloir est une perte de temps. Mais menez une discussion avec vous n’en est pas une. Quand à mon sens des priorités je pense qu’il n’est pas à remettre en cause. Vous êtes bien plus digne d’intérêt que de futurs macchabées. »

Il marqua un silence et fixa l’officier, puis avança quelque peu sur le bureau de fortune, il n’était plus callé au fond de sa chaise, il avait les avant bras croisés sur la table et avait avancé son visage.

« Votre opinion ne regarde que vous, j’entends bien. Mais vous l’avez dit vous-même, tant qu’elle n’influe pas sur vos actions. Or vu votre tempérament ça m’étonnerait que ça dure encore longtemps comme ça. J’imagine mal une femme telle que vous les laisser indéfiniment de côté. Votre réaction en est la preuve, vous êtes tout le contraire d’un soldat qui se bat pour ses supérieurs. Ce n’est qu’une façade, dans le fond vous êtes tout l’inverse. Je le sais car je suis exactement comme vous. Si vous vous battez c’est pour vous et inévitablement votre opinion finira par influer sur votre comportement, que vous le vouliez ou non… »

Puis il bût une gorgée de son rhum :

« En apparence oui, rien n’est plus limpide que la guerre, tuer ou être tuer, c’est d’une simplicité élémentaire et beaucoup s’en contente. Oui mais nous ne sommes pas comme les autres, nous on ne se satisfait pas de cette limpidité idiote et apparente. Nous cherchons à savoir pour qui l’on se bat et pourquoi ? Au-delà de la guerre nous voyons un but autre que la victoire ou la survie. C’est ce qui nous rend supérieur aux autres. On est capable de voir au-delà de ce qui semble être une évidence. Il y a tellement de choses à remettre en cause dans cette guerre. »

Puis il finit son rhum et reprit avec un ton plus insistant en se rapprochant encore de son interlocutrice :

« Laissez moi vous éclairez. Moi je sais pourquoi je me bâts ici et pour qui, mais vous non. Vous vous le demandez mais vous n’avez pas la réponse. »

Puis il se recala au fond de sa chaise :

« Cherchez la réponse au fond de vous-même, je veux juste que vous trouviez cette réponse, rien de plus. Ensuite vous pourrez partir. Pour qui et pourquoi ? Vous avez besoin de ses réponses car vous ne pouvez vous contenter de la simple réalité et des ordres que l’on vous donne. »
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