Faux pretexte [PV Jaremy]

Les mèches vaporeuses de l’alchimiste de soin valsaient entre elles tels des flamants passionnés, encouragés par l’adresse de ses mains, en une natte ondoyante s’écoulant de son épaule sous son poids. La chevelure fut rejointe par un élastique de couleur chair pour entretenir l’emprise de la coiffe. Clothilde hocha doucement mais hâtivement du visage de droite à gauche afin de générer une certaine détente au niveau de la tresse. Elle saisit un petit médaillon de platine qu’elle disposa sur l’élégance de son cou nu, le tout relié d’une chainette d’or. La jeune femme se contempla face à la glace d’un air pensif sans présence de sourire, les sourcils sommairement froncés, le minois placide par un air perplexe, voir neutre. Elle n’était pas certaine de la réaction du potentiel et futur homme qu’elle espérerait séduire dans quelques instants. De nature entreprenante, il faudra jouer sur la grâce, la patience, et surtout le respect. Le médecin étreignit les agrafes de son soutien-gorge, le dos légèrement courbé, les cheveux cascadant de ses tempes comme pour implorer le sol. Une fois vêtue de lingerie, ses doigts accolèrent les boutons de manchette de sa blouse à l’effigie de Central. La chemise épousa au fur et à mesure les courbes de la femme jusqu’à les dissimuler. Quelque peu nerveuse, Clothilde amassa ses ustensiles pour le vaccin sur un plateau d’aluminium, d’humeur nerveuse ; il était vrai qu’elle ignorait à peu près tout de ce supérieur. Il y avait d’ailleurs bien plus de chances qu’elle soit éjectée de son bureau, voir licenciée pour tentative de corruption par séduction. En souhaitant que le général en question sache faire la différence avec un simple essai de flirt et un stratagème. Bien qu’ayant un important écart d’âge, l’alchimiste avait succombé à tant de charisme et de carrure provenant de cet homme marginal. Afin de le mettre en confiance, Clothilde songeait à user d’une extrême douceur, ainsi que de renoncer en cas d’échec, de refus. Il serait terriblement égoïste de persévérer dans le but de combler ses fantasmes. Hors, elle ne désirait pas que le général se conçoit une mauvaise image de l’alchimiste.
Clothilde souleva la seringue dans le creux de sa paume, la tête penchée ; en termes de douceur, cela commencerait plus ou moins mal s’il existait un possible hérissement chez cet individu à l’idée d’être piqué. Et pourtant, le prétexte du vaccin lui présentait une occasion inéluctable de faire plus amplement connaissance. Elle apposa de nouveau l’aiguille sur le plateau, contenant le sérum liquide et opalescent contre le choléra. Soutenant la plate-forme bondée de soins médicaux, la jeune adulte cogna contre le battant de bois de la porte d’entrée de son cabinet, puis, s’avança en pénétrant dans un immense couloir de Central, débutant le trajet jusqu’au bureau du général Jasdero.
Un frêle poignet tamponna à l’entrée de Jaremy de trois coups succincts. Des doigts munis d’ongles vernis blanc empoignèrent le loquet puis poussèrent le bois qui s’écarta avec nonchalance. Par l’entrebâillement, la mine réjouie tout en étant détachée du médecin apparut progressivement. D’un bref heurt de hanche, elle assena la porte qui se clôtura dans un rauque cliquetis. L’écho des talons de la jeune femme frappèrent le plancher d’une ferme démarche décidé en direction du bureau de Jasdero pour ensuite y dresser son plateau d’instruments métalliques pour la plupart. Clothilde traina un petit tabouret isolé dans un recoin de la pièce avant de s’y installer au coté droit de Jaremy, tout en vérifiant la validité de la seringue par jets de fluides en appuyant son pouce sur la molette :

« Rappel Général. Veuillez relever la manche de votre
bras dextre, je vous en prie. »

Lorsque le général s’exécuta, l’alchimiste scruta le grain de sa peau modélisée par les muscles contractés visibles sous l’épiderme. Malgré son âge, sa morphologie semblait extrêmement bien conservée, il préservait une carrure athlétique et carré, corps témoin de son douloureux passé. La jeune femme extirpa la fine épingle de sa veine, puis désinfecta la lésion avec un coton imbibé d’alcool. Par prévention et confort, elle encolla un pansement à l’endroit de la plaie bénigne. Clothilde se redressa et demeura indécise, tout en stabilisant ses yeux au niveau des genoux du général. Bien, et à présent ?...Soit elle quittait la salle, soit elle attaquait le taureau par les cornes. Et bien, tant que nous y sommes...

L’une de ses laiteuses mains s’éloigna de ses cuisses en se conduisant subtilement vers la manchette de Jasdero. Ses doigts se mirent à caresser le tissu de son uniforme avec attention, le trait songeur adouci par un timide sourire vaseux. Ses tendres mouvements l’incitèrent à croiser sa main dans celle de l’homme convoité. Une délectable chaleur masculine fusionna avec la tiédeur de sa chair. Elle craignait toutefois une violente réaction de sa part, si bien qu’elle interrompit malgré elle ce moment silencieux chargé de sous-entendus. Afin de concentrer son esprit, elle préluda de ranger son matériel, non sans une lueur d'espérance à une réponse plutôt positive.

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