Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]



 
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 Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]

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MessageSujet: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeSam 18 Juin - 13:51

    -« Une forma-quoi ?! »

    Aisya écarquilla ses yeux cernés de noir. Ses beaux yeux mordorés. Ses beaux yeux étrangers. Elle avait posé ses poings contre la surface lisse de la table, et dévisageait son supérieur engoncé dans son uniforme immaculé. Il était tranquillement assis dans son épais fauteuil et ne bronchait pas, même lorsque la jeune femme, tel un animal sauvage, montra ses dents étrangement blanches, dans un rictus plus qu’irrité.

    -« Vous m’avez très bien entendu, Jasdero : une formation. Estimez-vous heureuse, c’est la plus faible charge que j’ai réussi à obtenir. On menaçait de vous priver de monter en grades pendant cinq ans ! » se justifia-t-il en jouant avec ses doigts boudinés.

    -« La plus faible ? Vous avez l’air de prendre ça pour des broutilles, alors que vous m’envoyez dans le nord ?! »

    -« Allons, calmez-vous, colonel. Ce n’est que pour quelques jours, histoire qu’on vous oublie, vous et vos bêtises, un tant soit peu. Dès que possible, je vous rappelle, depuis toujours j’ai besoin de vous. »

    La jeune femme se redressa, se massant le front, énervée et laissant échapper un long soupir d’entre ses lèvres. Le nord, la citadelle du général Armstrong. La loi du plus fort. C’était bien le genre de logique à la Aisya, néanmoins, le fait de savoir qu’elle pouvait croiser ladite général ne lui plaisait guère. De plus, venant du sud, elle supportait bien la chaleur mais surtout pas le grand froid. Et puis, le nord n’était pas réputé pour ses rebelles. Non, là-bas, on obéissait et on tentait de se renforcer toujours plus. L’endroit parfait pour les éléments perturbateurs dans son genre. C’était un peu comme la prison, pour elle.

    -« De plus, je puis vous assurer qu’on vous fichera la paix. Seulement les hauts-gradés et quelques soldats seront au courant, si vous ne vous faites pas trop remarquer. »

    -« Ne croyez pas que vous allez me faire taire aussi facilement. « Je puis vous assurer », moi aussi, qu’on va entendre parler de moi, dans le nord ! » cracha-t-elle en tournant les talons, droite et fière comme une tour de cathédrale.

    Ne laissant pas le temps à son supérieur de rétorquer, elle quitta son bureau. Richard l’attendait à l’extérieur, son faciès éternellement inquiet. Tous deux avaient compris qu’elle ne pouvait pas le prendre avec lui. Ça faisait partie de ladite « formation ». C’en était davantage critique pour le petit soldat qui avait, depuis longtemps, perdu l’habitude d’être séparé de son magnifique supérieur. De son côté, il peinait surtout à l’alchimiste de quitter la capitale et donc, de la place de Généralissime, même si celle-ci était sempiternellement occupée. Par principe, surtout. Posant un regard presque déçue à l’intention de Richard, elle murmura, un œil dissimulé derrière une mèche de cheveux rebelle :

    -« Je suis désolée, bleusaille … Attends-moi, pigé ? »

    C’est donc dans ce contexte que le colonel Jasdero débarqua dans la citadelle de Briggs par le train. Elle avait voyagé seule, dans son uniforme, et n’avait pas descellé les lèvres de tout le voyage si bien que personne n’était venu lui adresser la parole. D’accoutumée, des civils prenaient plaisir, ou non, à les saluer et à échanger quelques convenances avec les protecteurs de leur pays. A son arrivée, il neigeait, inlassablement. On aurait pu se demander si parfois, cela cessait, dans la région. Elle n’eut cependant pas le temps de se poser la moindre question car un froid mordant vint lui arracher la figure alors qu’elle sortait de son wagon réservé. Elle resserra ses doigts déjà gelés sur la bandoulière de son sac et jura, la bouche dissimulée dans le col de son imperméable. Avait-elle été assez puérile pour croire que ce manteau, plus vieux encore que le génocide, allait pouvoir la protéger du froid durant tout le séjour ? En vérité, elle avait été tellement remontée ces derniers temps qu’elle n’avait même pas fait attention à emporter de quoi résister aux tempêtes de Briggs. Son alchimie allait-elle au moins être utile ? Ce serait certainement le pire à craindre ! L’alchimiste d’état ne pouvait se réduire à jouer le rôle d’un simple soldat ! C’était comme si cette science faisait partie d’elle. L’électricité statique qui dormait en elle était en quantité plus importante que dans un être humain civil. Il en résultait que, lorsqu’on la touchait, il n’était pas rare de se prendre un léger coup de jus. Peu importe, elle ne s’amusait pas à se frotter aux gens, de toute façon. Elle ne leur parlait presque pas. Du moins, pas dans le cadre de conversation. Il n’y avait pas d’échanges, avec elle. Seulement des ordres. Toutefois, on lui avait assuré qu’on l’attendait à la gare, histoire de la conduire au quartier général. De ce fait, elle haussa la tête, foudroyant tous les passants autour d’elle, à la recherche d’un type en uniforme qui pouvait lui donner quelque information. Ses yeux ne laissaient paraître aucune pitié ni aucune patience, créant un contraste étrange et presque touchant avec ses lèvres qui tremblaient et ses dents qui s’entrechoquaient, à cause du froid qui la dévorait toujours un peu plus.
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeSam 18 Juin - 19:08

Les cristaux de glace se brisaient dans des crissements purs et secs, une légère brume gelée retombant lentement sans le moindre son, recouvrant son front, ses sourcils et ses paupières en les nappant d'une fine couche blanche. Sa main droite raffermit sa prise sur le manche qu'elle enserrait, et dans un mouvement fluide et puissant, réduisit à néant une dizaine de stalactites glacées. Oui, Detsien était de corvée nettoyage du passage de ronde. Deux soldats qui effectuaient la-dite ronde ne purent masquer un large sourire en voyant celui qui avait été le chef de leur dernière expédition, réduit à couper des morceaux de glace avec le manche d'un balai à moitié démonté. Detsien leur jeta un regard noir, puis reprit son travail en grommelant entre ses dents. Tout ça juste parce-qu'il ne comprenait rien aux tanks de combat.

A peine quelques jours plus tôt, une expédition de reconnaissance avec essai d'un nouveau tank avait été programmée, pilote et copilote parés, avec pour équipage une unité d'éclaireurs sous le commandement du sous-lieutenant Detsien Lysheart. Le problème, c'est que lorsque le tank avait cessé toute activité pour servir un café à l'équipage, ceci au lieu de tirer sur une troupe d'ennemis n'ayant pas l'air le plus amical du monde, le pilote et le copilote étaient tous deux descendus pour « voir ce qui se passe avec ces saloperies de câbles d'alimentation externes », avant que l'unité de Detsien ne puisse organiser une ligne de défense pour les couvrir. Le sous-lieutenant s'était donc retrouvé avec un tank en panne, une dizaine d'hommes, et plus personne pour essayer de piloter l'engin. Evaluant rapidement la situation, il avait choisi d'abandonner le tank sur place et de battre en retraite afin de préserver la vie de ses hommes. Toute l'opération de retour s'était extrêmement bien déroulée, Detsien connaissait parfaitement le terrain et les conditions climatiques avaient joué en leur faveur. Sauf qu'à l'arrivée à la base, il avait dû expliquer à ses supérieurs qu'il avait abandonné un atout guerrier à l'ennemi sans tenter de le protéger au péril de sa vie et de celle de ses hommes. Et à Briggs, ce genre d'action est juste un cran en dessous de la traîtrise. Juste un tout petit cran. Outre les blâmes et les réprimandes sévères qu'il avait dû encaisser la tête baissée, Detsien avait eu droit à une semaine complète de corvées diverses.

Donnant un autre coup rageur dans des stalactites qui semblaient le narguer de par leur hauteur, le sous-lieutenant entendit un bruit qui ne ressemblait pas à de la glace brisée. Lorsqu'il ramena à lui le manche du balai, il comprit qu'il ne reverrait plus jamais l'autre moitié de son instrument. Une moitié de balai reposait à présent en paix au pied de la muraille de Briggs, la neige la recouvrirait et lui offrirait une digne sépulture. Detsien soupira en regardant le manche désormais totalement inutile, et se prépara mentalement aux vociférations de l'officier de logistique lorsqu'il apprendrait qu'un de ses hommes « dégradait le matériel de l'armée par négligence des méthodes d'emploi ». Il se retourna lentement, prêt à passer ses nerfs sur le premier soldat qui passerait. En apercevant justement un qui se dirigeait vers lui, Detsien lui jeta un regard méchant. Le pauvre type baissa les yeux, mais continua de s'avancer, un papier à la main.

« Vous êtes bien les sous-lieutenant Lysheart ?
_Oui, je suis bien le sous-lieutenant Lysheart. Oui, je suis de corvée nettoyage. Et oui, j'ai pété ce putain de balai tout pourri !
_Euh, vous verrez ça avec l'officier de maintenance... Vous êtes assigné à une mission pour l'heure.
_Une mission ? Moi ? Après l'incident de la dernière fois ?
_Il semblerait que oui.
_Excellent ! Je pars quand, combien d'hommes ? Mission de combien de jours ?
_Eh bien...
_Le blizzard est retombé sur l'Est, je pense pouvoir passer pour l'exploration de tout le côté contrôlé par Drachma, il suffit que...
_Oui mais alors là non. La « mission », c'est de conduire un officier de la gare au QG.
_De quoi ?
_Une jeune femme, si j'ai bien compris.
_C'est une blague ?
_Non, une jeune femme. D'ailleurs, voici votre papier d'affectation. »

Detsien prit le papier qui avait l'air tout ce qu'il y avait de plus officiel, et le regarda avec des yeux ronds. L'armée préférait qu'il escorte quelqu'un de la gare au QG, ce que n'importe quel bleu aurait pu faire, plutôt que de l'assigner à une mission de reconnaissance qu'il gérait à la perfection ? Apparemment, la punition allait plus loin qu'il ne l'imaginait. A moins que la personne qu'il devait trouver à la gare ne soit plus importante que ne le laissait supposer le document... De toute façon, il fallait se conformer aux ordres reçus, et ça le changerait des corvées habituelles de nettoyage.
Detsien rentra donc à sa chambre au pas de course, revêtit son uniforme noir et passa son épée dans le passant de sa ceinture près de son aine, prit la peine de vérifier que son P23 était bien chargé, puis le glissa à sa ceinture et enfila ses bottes de cuir. Il partit d'un bon pas vers la gare, avant de se rendre compte qu'il avait oublié un détail essentiel. Il n'avait absolument aucune idée de ce à quoi ressemblait celle qu'il devait conduire au QG... Comment s'appelait-elle d'ailleurs ? Retrouvant le papier chiffonné dans sa poche, il lut A.J écrit en lettres italiques. A J ? Ni nom, ni prénom, pas de photo, mais qui lui avait foutu un ordre de mission pareil ?

Arrivant sur le quai n°3, où venait d'arriver le train désigné par son papier, Detsien se posta près des escaliers d'accès à la partie piétonne de la gare, et décida d'attendre un peu que la foule décante, afin de tenter de repérer la fameuse A.J plus facilement. Finalement, il s'avança et dévisagea les quelques personnes qui semblaient encore attendre quelqu'un. Trois d'entre-elles étaient des hommes, et il les raya de sa liste mentale. Une jeune femme habillée en civil qui semblait avoir une certaine prestance lui fit un signe de tête, et il s'apprêta à aller la récupérer, lorsqu'il se rendit compte qu'elle s'adressait en fait à un homme derrière lui, qui d'ailleurs le regarda bizarrement. Détournant les yeux, l'air de ne rien voir, le sous lieutenant tomba sur un regard qui, lui, lançait des éclairs. Se disant qu'un tel regard meurtrier ne pouvait appartenir qu'à une femme originaire de Briggs, Detsien était sûr le point de l'éliminer également des concourantes au poste d'A.J, lorsqu'il remarqua un détail qui le frappa. La manteau. Uniforme du sud. Elle devait être complètement gelée avec ça sur le dos...

Etant désormais plus ou moins à l'épreuve des regards flamboyants, ayant côtoyé un certain nombre d'esprits forts depuis le temps qu'il était dans l'armée de Briggs, Detsien s'avança d'un pas un peu nonchalant, et brandit son ordre de mission froissé sous le nez de l'inconnue.

« Bonjour, sous lieutenant Lysheart, à votre service. Est-ce que par hasard vous ne seriez pas une dénommée A.J ? »
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeDim 19 Juin - 13:19

    Aisya était sur le point de prendre la décision de faire demi-tour, vers le guichet afin de repartir aussitôt pour la capitale lorsque sa vue fut coupée nette par l’apparition dans son champ de vision d’une feuille de papier chiffonnée. A cette distance, la jeune femme ne pouvait pas y déchiffrer grand-chose, d’autant plus qu’il continuait de neiger. Encore plus irritée qu’elle ne l’était déjà, elle pencha le haut de son corps transi de froid sur le côté, afin de mieux considérer l’impertinent qui l’avait si brusquement accosté. L’homme en question n’avait l’air plus enchanté qu’elle et cette nonchalance paraissait plus déterminée puisqu’il ne semblait pas frigorifié. L’alchimiste le dévisagea en silence pendant quelques secondes qui lui parurent bien longues et se remémora la question de l’inconnu. « Ajee ? » Pourquoi diable la surnommait-il ainsi ? L’idée qu’il s’était agi d’initiales ne lui était pas venue à l’esprit, étant donné que ce dernier était trop embrumé par la colère. Haussant les sourcils d’un geste dépité, elle répondit aussi froidement qu’une stalagmite :

    -« Je suis navrée de vous décevoir mais ce n’est pas Ajee qui se tient en face de vous, sous-lieutenant. »

    Elle avait pris soin d’insister sur chaque syllabe de sa phrase, et en particulier sur le grade du militaire qui était incontestablement moins élevé que le sien. A l’idée qu’elle allait pouvoir le rabaisser et lui passer un savon en tant que terrible colonel qu’elle était, un rictus sarcastique passa à la volée sur ses lèvres noires. Entre temps, elle arracha le papier de la main du soldat et se décida à rompre le duel entre leurs regards afin de mieux la parcourir des yeux. A mesure qu’elle avançait dans sa lecture, ses pupilles se dilatèrent par la surprise. Il s’agissait là d’un rapport, plus que concis qui désignait apparemment l’officier en face d’elle comme responsable de l’escorte d’un certain « A.J. » jusqu’au quartier général. Loin d’être une femme stupide, le lien se créa de suite dans son esprit et elle secoua la tête, consciente du quiproquo qu’ils venaient de créer. Son sac toujours à l’épaule, elle déposa d’un geste désinvolte sa maudite main rouge sur sa hanche et tendit de l’autre la feuille froissée qu’elle avait coincée entre deux doigts, à la manière d’une cigarette. Sans pour autant montrer le moindre signe de vexation, elle haussa un sourcil et reprit :

    -« Jusqu’à maintenant, personne n’avait osé me nommer aussi brièvement. Il y va de soi que la confusion était inéluctable. C’est bien moi que vous vous devez d’accompagner jusqu’au QG ; néanmoins, des présentations plus claires s’imposent : je suis le colonel Aisya Jasdero, également surnommé le Thunder Alchemist. Enchanté, sous-lieutenant. »

    Il ne faisait pas de doute qu’il émanait en ce moment-même d’elle un aura digne d’un officier important. Néanmoins, il persistait sans cesse cette once de provocation qui lui avait valu bon nombre de plaintes et d’avertissements. Cette fierté qu’elle avait démesurée était la cause qui l’amenait ici. Et il se pourrait bien que ce soit ce même orgueil qui, bien plus tard, la mènerait à sa perte. Toutefois, Aisya n’était pas du tout du genre défaitiste. De ce fait, elle ne s’imaginait pas encore au trépas. Au contraire, elle préférait s’attarder sur ses futures heures de gloire. Enfin, à cet instant, elle était bien loin du trône de généralissime, à piétiner dans la neige afin de ne pas finir congelée. Tandis que le froid lui mordait de plus bel ses bras et ses jambes, elle fronça les sourcils et demanda :

    -« Bien, maintenant que nous nous sommes trouvés, que direz-vous de remplir votre fichu ordre de mission ? Il me tarde de rentrer, en espérant qu’il ne fasse pas aussi froid dans les quartiers du général Armstrong ! »

    C’était bien léger comme réflexion. Malheureusement pour elle, Aisya ne connaissait pas du tout ce qui se trouvait au-delà des remparts de Briggs, et elle était loin de se douter qu’il faisait d’autant plus glacial dans les tristes salles du bâtiment militaire. En attendant une réponse venant de cet homme à l’allure taciturne, elle le dévisagea avec insistance. Dans son esprit tiraillé par le froid, elle ne put s’empêcher de remarquer à quel point les cheveux de l’homme étaient clairs. Non, en fait, ils étaient totalement blancs. Pourtant, il n’avait pas l’air si vieux. Etrange … Etait-ce une nouvelle manie d’Olivia que de teindre les cheveux de ses subordonnés de la même couleur que la neige ? Totalement absurde ! De son côté, Aisya faisait un peu tache dans le décor. Une tache brune, dont la peau mate jurait avec le fond digne d’une carte postale mouvementée. Frottant frénétiquement ses bras entre eux, elle demanda d’un ton badin :

    -« Je ne vois pas votre véhicule de service, est-il garé loin ? »

    Mauvaise pioche …
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeLun 20 Juin - 4:09


La jeune femme en face de lui se pencha un peu sur le côté, l'air de vouloir choisir entre l'égorger immédiatement ou attendre un peu pour le saigner plus tard. Detsien recula involontairement d'un pas, déglutissant un peu plus vite que nécessaire, se demandant s'il ne venait pas de commettre une légère gaffe en parlant aussi rudement à un officier supérieur. A vrai dire, il ne s'était pas donné la peine de compter les galons de son interlocutrice, trop agacé par cette mission qui n'en était pas une. Mais à présent qu'elle ouvrait la bouche pour le rembarrer avec une froideur qui ne dépareillait pas avec l'atmosphère environnante, le sous-lieutenant jeta un bref coup d'oeil aux insignes visibles de l'uniforme léger, ce qui le conforta dans son idée qu'il n'était vraiment pas dans un bon jour. Une colonel. Il venait d'accoster de façon très impolie une colonel et ce n'était même pas celle qu'il devait ramener au QG.

S'excusant avec un geste de main et un flopée de mots à moitié mangés fondus les uns dans les autres, formant un bredouillement proprement incompréhensible, Detsien s'empressa de faire demi-tour, lorsqu'il se rendit compte qu'il ne tenait plus l'ordre de mission qu'il avait pourtant entre ses mains quelques instants plus tôt. Interrompant son demi-tour en essayant de ne pas paraître trop ridicule, le sous-lieutenant vit la colonel qui tentait de déchiffrer le papier, ce qu'elle réussit apparemment sans trop de mal, puisque ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Detsien récupéra le document tandis qu'elle lui expliquait qu'elle était bien celle qu'il devait escorter au QG, et, n'écoutant qu'à moitié les présentations qu'elle entreprit, le sous-lieutenant le défroissa et le plia de façon très carrée. La raison à cet acte maniaque était que les missions remplies se clôturaient par la remise en bonne et due forme de l'ordre de mission ; Detsien n'avait pas l'habitude de rentre lesdits papiers de façon impeccable, mais dans les termes où il était avec la hiérarchie, mieux valait ne pas trop provoquer les punitions...
C'est ainsi que l'éclaireur de Briggs releva le nez en entendant le mot « alchemist ». Essayant de faire jouer sa mémoire à très court terme pour connaître les mots qui précédaient, il se mit à un garde à vous assez approximatif, et se présenta à son tour.

« Detsien Lysheart, sous-lieutenant éclaireur de Briggs, tout le plaisir est pour moi, Asy... euh... Alchimis... Colonel Jasdero. J'espère que vous avez fait bon voyage, tout ça... »

Le moins qu'on pouvait dire, c'était que Detsien n'était pas doué avec les formules de politesse. A sa défense, les missions longues du genre trois mois seul dans la neige n'aidaient pas beaucoup aux relations humaines, mais en tant que représentant de l'armée de Briggs, il ne faisait vraiment aucun effort. Finalement, se fût la colonel qui le tira de son discours de bienvenue approximatif, en le pressant de l'escorter au QG, ponctuant sa demande par quelques petits tremblements tout à fait légitimes étant donné les vêtements qu'elle portait. Cependant lorsqu'elle laissa entendre qu'elle comptait se réchauffer une fois arrivée au QG, Detsien se vit dans l'obligation de lui adresser un signe de tête négatif.

« C'est par ici, nous allons prendre l'escalier. Mais je suis au regret de vous apprendre que le général Armstrong teste la bravoure de ses hommes tout en réalisant de belles économies de combustible, puisque les systèmes de chauffage du bâtiment sont réduits au strict minimum... Je vous conseille l'achat d'un manteau à double couche de laine serrée, qui vous servira à vous réchauffer et à ne pas trop prendre l'humidité. »

Arrivant de l'autre côté des escaliers passant sous les voies, Detsien s'engagea dans la gare en elle-même avant de conduire la colonel vers la sortie.

« Et encore, là vous avez de la chance qu'il ne neige pas... »

Apercevant le regard de son interlocutrice, qui dévisageait avec insistance les flocons qui s'abattaient sur eux, Detsien poursuivit :

« Là le temps est plutôt clair. Quand il neige, vous ne voyez plus à deux mètres devant vous. Et quand il y a le blizzard, alors là c'est horrible. »

S'interrompant alors que l'alchimiste lui demandait s'il « était garé loin », Detsien tourna vers elle un visage totalement désemparé, qui en disait plus long qu'un bon discours. Detsien n'avait jamais entendu parler de voiture de fonction pour des aussi bas gradés que lui, et en plus même les hauts gradés n'utilisaient jamais de véhicules pour des trajets aussi courts. Déjà, parce-que utiliser une voiture était une marque de faiblesse, et ensuite parce-que les roues même chaînées n'étaient pas trop adaptées aux petites routes glacées qui conduisaient au QG, et qu'on était plus sûr d'arriver vivant à pied qu'en voiture. Il supposa donc qu'il s'agissait d'une petite plaisanterie pour se moquer gentiment de son grade, et il se força à émettre un petit rire qui sonnait vraiment très faux. Finalement, il décida d'arrêter de se discréditer encore un peu plus, et il s'engagea d'un bon pas dans la rue gelée qui montait en pente raide entre les boutiques et les habitations. Au bout de quelques mètres, il s'aperçut cependant que celle qu'il devait « escorter » ne suivait pas aussi rapidement, ce qui était en grande partie dû à la qualité de ses bottes pour marcher dans la bouillie de neige et de glace fondue qui tapissait le sol. Detsien la rejoint en quelques pas, puis l'étudia de la tête aux pieds, avant de déclarer :

« Bon, je ne sais pas pourquoi vous avez décidé de venir ici, colonel, mais visiblement vous n'avez pas bien été renseignée sur les conditions climatiques de Briggs... Je n'y connais absolument rien en alchimie, mais si vous avez la possibilité de l'utiliser pour modifier votre uniforme, c'est le moment. Dans le cas contraire, je crois que le mieux est qu'on aille renouveler votre garde-robe dans une boutique sur le chemin du QG, quitte à dépenser quelques piécettes. »

Se ravisant en plaçant ses mains devant lui, Detsien rectifia :

« Enfin, comme vous voulez hein... Moi c'est juste un conseil que je vous donne... Si vous devez rester qu'un ou deux jours, je vous amène directement au QG. »
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeMar 21 Juin - 10:40

    Aisya avait écouté en silence la triste vérité révélée par le sous-lieutenant Lysheart. Des termes comme « regret », « économie », « combustibles », « chauffage », ou encore « minimum » résonnaient un peu trop au creux de son crâne, bien que son subalterne ait tout déclaré sur un même ton monocorde, qui lui était déjà si familier. Elle avait également constaté à quel point il n’était pas à son aise dans le domaine des convenances et de tout ce qui touchait aux bases des politesses. De son côté, elle n’avait rien à redire, n’étant elle non plus, pas une as dans ce domaine, bien qu’elle ait un temps de réaction et d’adaptation beaucoup plus rapide que celui de l’homme de Briggs. C’était donc ça, les figures légendaires des montagnes. Elles étaient nombreuses, les rumeurs qui couraient dans les couloirs de la caserne de Central, au sujet des militaires du nord. Certains, les bleusailles et autres nouvelles recrues en particulier, évoquaient des « troupes d’élite aux nerfs d’acier et aux bras de fer ». Ouais, tout plein de belles formes pour désigner une bande de chiens obéissants aux seuls ordres d’une blondasse, par peur de se faire botter les fesses. En ce qui concernait Aisya, elle ne nourrissait aucune estime particulière pour les brigades des montagnes. De toute manière, elle ne nourrissait aucune estime pour personne. Et, dans certains cas, ça en devenait presque navrant. Ne faisant aucune exception, elle n’avait jamais un regard, même et surtout, pour les plus méritants. Dans l’armée, il n’y avait rien de plus honorifique que d’être remarqué par un officier haut-gradé. Bien évidemment, c’était du registre de la gloire éphémère. Toutefois, il n’en était que plus apprécié des jeunes soldats qui, ainsi, étaient tous motivés pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Certains, qui ignoraient encore tout du caractère de dictateur de la jeune femme, étaient bien déçus de voir à quel point elle paraissait se moquer d’eux. En vérité, ça n’était pas si simple que ça. Elle ne restait pas indifférente à leurs efforts ; elle ne les prévenait pas, voilà tout.

    Enfin, en ce moment, ce à quoi elle ne pouvait rester indifférente, c’était le froid. Cela commençait à devenir compliqué, au niveau température : d’une part, elle ne supportait psychologiquement pas la pluie qui pouvait lui être mortelle si elle utilisait son alchimie par ce temps, d’autre part, la chaleur la mettait mal à l’aise dans son épais uniforme qui, apparemment, ne l’était pas assez pour supporter le froid. Bref, elle n’avait apparemment l’air que de supportes climats tempérés. Pourtant, sur les champs de bataille, on n’avait pas le temps de se préoccuper de la pluie et du beau temps. Surtout lorsqu’on se trouvait en première ligne. A ce moment-là, seule la survie comptait, à un tel point élevé dans l’estime que c’en devenait presque inhumain. Ou invivable. Comment pouvait-on vivre avec un tel cauchemar aux yeux et au cœur ? La jeune femme se poserait la question certainement tout au long du reste de sa vie … Qui ne promet guère de durer très longtemps si elle s’attardait plus longtemps dehors. Ou tout simplement dans cette région, car, d’après Lysheart, il ne faisait guère plus chaud au quartier général.

    *Super, l’état major a décidé de m’éliminer bien subtilement … Par le froid, franchement, j’aurais jamais cru …*

    Le sous-lieutenant avait commencé à prendre la route pour la forteresse du général de brigades Armstrong. Chemin faisant, il avait cru juger bon d’avertir que le temps présent n’était certes rien comparé aux journées « neigeuses ». Prostrée encore un peu plus, elle ne répondit rien, préférant enchaîner déceptions sur déceptions en silence. Elle se contenta de secouer nonchalamment la tête, avant de prendre la suite de l’homme en noir. Toutefois, sa course ne dura pas longtemps. Il lui était littéralement impossible d’avancer, à cause de la pente glissante qui refusait d’adhérer aux semelles de ses bottes. Elle se sentit soudain totalement absurde à s’évertuer à grimper la route. Son visage s’empourpra à mesure que le ridicule se mit à peser sur ses épaules. D’un regard noir, elle chassa tous les passants qui se faisaient spectateur de cet aberrant spectacle. Elle avait beau arborer tout un tas de superbes galons, elle n’était plus rien face à la glace et la neige. Et le soldat, de son côté, n’ayant encore rien remarqué, continuait sa route. A plusieurs reprises, elle manqua perdre l’équilibre avant de s’étaler de tout son long au sol. Heureusement, elle se rattrapait à temps, ce qui était toujours autant burlesque mais ne collait pas du tout au physique charismatique du personnage. Finalement, alors qu’elle s’était décidée à agripper férocement un poteau indicateur, Detsien se retourna. Naturellement irrité par la présente incompétence de sa supérieure à s’adapter au froid, il lui conseilla vivement d’user de son alchimie ou bien de faire l’achat d’un manteau. Aisya l’écouta sans le couper une seule fois, les sourcils rehaussés, les lèvres scellées. Il prit tout de même le soin de se raviser, se rendant compte de son élan de fougue. Lorsqu’il se tut, elle leva sa main gantée, agita ses doigts sous le nez de son subalterne et déclara, les dents serrées :

    -« Mon alchimie, sous-lieutenant, n’est surtout utile que pour griller les yeux des impertinents dans votre genre ! Ma spécialité, c’est la torture, pas la confection de vêtements, sachez-le ! Et puis, je ne compte pas m’enterrer ici et encore moins dépenser le moindre sou ! Pour qui vous prenez-vous, sale bleusaille ? Je n’ai pas à recevoir d’ordres ou de conseils d’un sous-fifre de votre sorte ! »

    Elle le dévisagea sauvagement et enfonça ses mains dans les poches humides de son long manteau. Bon, il n’avait pas tort, mais de là à la considérer comme une fillette irresponsable, elle ne pouvait laisser passer ça ! Elle jeta un regard noir à sa silhouette musclée bien au chaud dans un manteau résistant au froid. Soudain, elle se rappela ce qu’il lui avait dit à propos du test de bravoure des hommes du général Armstrong. Un sourire méphistophélique arracha ses lèvres gercées par le froid. De nouveau, elle tendit la main vers lui et la secoua, comme pour lui demander de lui donner quelque chose.

    -« Cependant, je ne vais pas survivre jusqu’à notre arrivée. Vous m’avez parlé de la bravoure des hommes de Briggs. J’en déduis que vous devez résister excellemment au froid vous aussi, d’autant plus que vous êtes éclaireur, hm ? Vous voyez où je veux en venir, Lysheart ? »

    Son faciès redevint sévère et autoritaire afin de conclure, en aboyant cet ordre :

    -« Filez-moi votre manteau ! et si jamais je peine encore à vous suivre, attendez-vous à ce que je vous ordonne de me porter comme il se doit ! »

    Mauvaise pioche, pour le sous-lieutenant, cette fois-ci.
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeMar 21 Juin - 20:36

Le sous-lieutenant mit un petit moment à comprendre qu'il avait énervé la colonel. Un petit moment qui aurait certainement pu lui être fatal s'il était resté les bras ballants, au milieu de la route glacée, à regarder son interlocutrice avec des yeux de merlan frit. Chose qu'il aurait d'ailleurs probablement faite si le grand barbu ne l'avait pas bousculé.
Pour reprendre la situation depuis le début, il faut dire que la diatribe d'Asiya concernant l'alchimie, la torture et la bleusaille laissa Detsien de marbre. Il était tellement habitué à se faire crier dessus par des personnes « haut placées » qui pouvaient réduire sa vie à néant d'un simple claquement de doigts, qu'il en était parvenu à une conclusion pas forcément juste mais qui avait une certaine logique : si le gars ne t'a pas tué, il a besoin de toi. Ce raisonnement douteux lui avait coûté un certain nombre de grades ainsi que d'interminables heures de corvées, mais il caractérisait assez bien son état d'esprit général. Il avait donc pour coutume de « laisser passer la tempête » et d'agir après. Ce qu'il ne pouvait pas savoir, c'est que bien souvent c'était lui qui semait le vent sans le vouloir.
C'est ainsi que le sous-lieutenant opposa un regard neutre et compréhensif aux vociférations de son supérieur, jusqu'à ce qu'elle décide de lorgner son manteau noir avec un faciès calculateur particulièrement dérangeant. Là, la nonchalance et la passivité du militaire laissèrent progressivement place à une certaine crainte, une peur tout à fait légitime que l'on éprouvait que face à un ours blanc des glaces perdu dans une tempête tourbillonnante, ou face à un colonel qui veut vous prendre votre manteau. Et c'est justement face à la pire de ces deux situations que se trouvait Detsien. L'alchimiste ne prit pas de gants, et lui ordonna séance tenante de lui laisser la propriété exclusive de la seule chose qu'il avait sur le dos. Nous en revenons donc à la fameuse posture dite du « merlan frit », que Detsien aurait mis en action si un événement fâcheux ne s'était pas produit à cet instant.

Un homme, barbu, grand, gaillard, qui portait une petite laine sur laquelle on pouvait voir brodé « J'♥ Briggs » en lettres roses, fit soudain un pas de côté et percuta l'épaule de Detsien avec une violence d'autant plus importante que rien ne laissait supposer qu'il allait dévier de son chemin, sa démarche étant plus que maîtrisée quelques instants auparavant. Surpris pas l'impact, Detsien eut le réflexe de sortir son arme à feu, le P23 chargé avec des balles de petit calibre pour le corps à corps, avant d'être éjecté contre une boutique qui vantait les mérites de ses ceintures de cuir. Le souffle coupé et des petits oiseaux tournant devant les yeux, le sous-lieutenant se prépara à faire face à la pire honte de sa vie, mis hors-combat par un passant dans une mission d'escorte était certainement ce qui pouvait se faire mieux dans le genre destruction de l'image au sein de la garnison. Mais alors qu'il se relevait difficilement en prenant appui sur le mur derrière lui, il comprit que le « passant » qui l'avait bousculé n'était peut-être pas si anodin que ça.

Cinq autres personnages du même acabit que l'agresseur de Detsien entouraient le sous-lieutenant et la colonel, avec un air plutôt menaçant et un présence... imposante. Ils avaient en fait habilement poussé Detsien et l'alchimiste à se décaler petit à petit dans une rue moins fréquentée durant la conversation, et l'éclaireur du Nord se rendit compte très rapidement qu'ils étaient complètement seuls. Il mit un des hommes en joue avec son arme, et, jetant un rapide coup d'oeil derrière lui, il vit un store se baisser rapidement derrière la fenêtre du magasin de ceintures. Personne ne voyait rien, bien sûr.
Bien, il fallait rester calme, essayer de reprendre la maîtrise de la situation. Les hommes avaient face à eux une alchimiste après tout... Mais pourquoi étaient-ils là ? Leur coup avait l'air préparé et travaillé, alors ils devaient posséder un certain nombre d'informations... Dans ce cas, ils savaient qui était leur adversaire, et ils avaient confiance en leur capacité à le maîtriser. Il fallait donc agir vite, avant de les laisser mettre en oeuvre la suite de leur plan.

La main du militaire se leva avec une rapidité qui avait fait taire à peu près tous ses concurrents lors des concours de tirs du QG, et son index gauche actionna la détente. Douze fois. Il ne restait plus aucune balle dans le chargeur qui quitta le manche de l'arme lorsque la culasse se bloqua automatiquement. Sauf qu'aucune des têtes creuses métalliques qui furent éjectées du canon du P23 ne trouvèrent leur cible. Pour la simple et bonne raison que leur cible se déplaçait à une vitesse supérieure à la leur. Un homme n'en était pourtant pas capable. Une chimère oui.

Devant les yeux incrédules de Detsien, l'homme sur lequel il avait concentré son tir s'accroupit brusquement, son corps tiraillé de l'intérieur comme si une main invisible se retirait de la marionnette qu'elle contrôlait. Son dos s'arqua puis se stabilisa en une courbe fine, tandis que de la fourrure argentée apparaissait par touffes, tout son corps s'affinant en se couvrant d'un duvet blanc aux reflets gris. Puis, final de l'évolution, il releva son museau sous lequel s'étendait une longue série de dents d'un blanc brillant éclatant, et se déplaça. Un loup des neiges. Sur de la neige. Pratiquement invisible. Impérial.

« Eh merde ! »

Detsien se jeta sur le côté, son manteau dérapant dans la bouillie glacée du sol, tandis qu'il rechargeait d'un coup sec son arme. Dans le mur devant lequel il se tenait l'instant d'avant, trois traces de griffes étaient maintenant profondément ancrées dans le mortier, profondes et précises. La chimère attaquait pour tuer. Il fallait être en mouvement, en permanence. C'était la seule défense efficace contre ce genre de créature. Le sous-lieutenant jeta un rapide coup d'oeil vers les autres assaillants, qui pour le coup allaient s'en prendre à la colonel, et il ne fût pas surpris de voir qu'ils s'étaient eux aussi transformés en leur forme optimale pour ce terrain. Detsien aperçut la colonel, et lui lança un :

« La situation est pas tout-à-fait sous contrôle, mais... oh putain ! Mais ça va aller ! Restez en mouvement, ils auront du mal à vous att... eh.... à vous attaquer ! »

Ce à quoi Asiya lui répondit par un regard qui semblait signifier quelque chose du genre « si tu t'en sors avec les loups, c'est moi qui te butte », qui refroidit un tant soit peu le militaire. Il était vrai qu'il était en escorte, et sa protégée était obligée de se défendre seule... Voilà qui allait très certainement raccourcir sa carrière militaire au plus haut point si le QG avait vent d'une affaire dans le genre. Il devait rattraper le coup, et convaincre la colonel de ne pas parler de tout ça. Ce qui ne semblait pour ainsi dire pas gagné, soit dit en passant.

Detsien dégaina son épée. Il allait y avoir du sang.
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeSam 25 Juin - 17:09

    Aisya était sur le point de réitérer sa question qui mettait le sous-lieutenant dans une posture délicate. Son sourire sarcastique toujours pendu à ses lèvres, elle allait presque se délecter de sa victoire lorsqu’elle se rendit compte, trop tard sans doute, que quelque chose clochait. Depuis un moment déjà, il n’y avait plus de signes de vie autour du duo de bras cassés qu’ils formaient. Non, en fait, il y en avait encore, mais loin d’être avenants et anodins comme l’auraient été de simples passants. Se montrant trop menaçants à son goût, Aisya fut sur le point d’ordonner d’ouvrir le feu à son subalterne lorsqu’il la devança, vidant son chargeur dans le néant. Comment ? Il avait beau avoir maladroitement visé, ces tas de muscles avaient un peu trop bien esquivés à son goût. Très vite, une explication dont elle aurait aimé ne pas être mêlée se métamorphosa sous ses yeux. Oui, juste là, les cinq hommes vêtus de blanc se changèrent en d’énormes loups des neiges. Quel était le plus effrayant ? La transformation ou bien les prédateurs qui en découlaient ? Les deux certainement, étant donné que la jeune femme était très à cheval sur ce qui était possible ou non en ce bas-monde. Malheureusement pour elle, il ne lui fut pas accordé un instant plus long pour la réflexion car, déjà, les bêtes féroces les attaquaient. Ça c’était la meilleure ! On l’avait envoyé ici, dans quel but à la fin ? En voulait-on réellement à sa vie ?! Non, c’était simplement elle qui était pourchassée par la poisse … Ou bien Lysheart. D’ailleurs, ce dernier jugea bon de l’avertir de la délicatesse de la situation dans laquelle ils s’étaient empêtrés par inadvertance. L’alchimiste, frappée dans son ego, lui lança un regard des plus sombres en réponse, tandis qu’elle effectuait un violent mouvement vers l’arrière, évitant ainsi de se faire littéralement arrachée la tête. Le sous-lieutenant qui connaissait mieux les lieux et les coutumes qu’elle avait intérêt à la sortir d’ici vite fait, s’il ne voulait pas se voir déposséder de son insignifiant grade ! Bien évidemment, elle se rendait compte encore mal dans quel péril ils étaient engagés et en avait, pour ainsi dire, rien à faire.

    Cette désinvolture dont elle faisait éternellement preuve pouvait s’avérer forte utile pour garder son calme. Néanmoins, les flocons qui s’écrasaient dans ses cheveux de corbeaux et l’engourdissement de ses doigts jouaient de l’autre bord. Avec un tel temps, elle ne pouvait pas se risquer à user de son alchimie spécifique, sous peine de se faire elle-même griller. De plus, si elle voulait se prêter à toutes autres sortes d’alchimie, cela incluait un dessin de cercles de transmutation, ce qui n’était pas vraiment évident, vue la vitesse de ses adversaires. Aisya allait donc devoir se battre en tant que simple soldat, ce qui ne lui plaisait pas du tout, augmentant encore d’un cran, sa hargne. Dans un grognement à rivaliser avec les loups, elle dégaina son immense revolver surmonté d’une lame fine et ouvrit le feu sur l’un des monstres de neige qui était bien difficile à repérer dans ce paysage qu’elle haïssait tant. Il se lança sur elle et concentrée dans sa visée, elle parvint à le détourner de sa route, pour un moment. Malheureusement, un autre en profita pour lui sauter dessus, plantant ses crocs dans son épaule. Le faciès de la jeune femme se déforma par la douleur, tandis que les énormes dents s’enfonçaient dans sa chair. Elle ne pouvait laisser échapper un seul son, et fut incapable de prévenir efficacement son jeune allié. Mais, si elle ne faisait rien, l’animal allait lui arracher le bras ! Résistante et vive, elle pointa son revolver sur la tempe de la bête et tira à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il lâche prise et s’effondre au sol, la traînant dans sa lourde chute. Dès que ses genoux touchèrent le sol, Aisya put enfin laisser un gémissement franchir ses lèvres, tandis qu’elle écrasait de ses doigts, la plaie sanguinolente. Par le passé, elle avait déjà été touchée à cette épaule. Et cette nouvelle blessure lui ressassa à quel point elle pouvait se montrer faible. Agitant violemment la tête afin de ne pas perdre connaissance, elle s’adossa à un mur, essayant de se relever.

    Le loup sur lequel elle avait déjà tiré revenait à la charge, croyant que sa proie était maintenant hors-jeu. Cependant, le colonel exécrait ce genre de rôle de victime qu’on pouvait oser lui affubler. De ce fait, elle le prit par surprise lorsqu’elle lui envoya une salve de plomb dans la cervelle. Voilà, elle en avait maintenant deux de plus à son tableau de chasse. Ou pas …

    -« Lysheart ! Je … RAAAAH ! »

    Un cri venant du fond de sa gorge emplit l’air de tempête, tandis qu’elle s’apercevait, trop tard une fois de plus, que l’une des chimères n’avait pas entièrement succombé à ses rafales et que, même encore à terre, elle avait été capable de lui attaquer la cheville. Privée d’équilibre, la jeune femme retomba au sol, serrant les dents et les poings. Son regard mordoré et embué de larmes croisa celui du sauvage au pelage blanc. Sans hésitation, elle mit fin à ce duel oculaire en lui tranchant ce qui devait être sa gorge, grâce à la lame insérée dans son arme à feu. Il restait maintenant trois … ou quatre. Deux étaient visibles aux côtés de Lysheart qui avait dégainé son terrible sabre. Ils n’étaient pas nombreux à en utiliser dans les rangs de l’armée, mais ils étaient d’autant plus forts. Toutefois, un dernier –à moins qu’ils ne soient deux- restaient invisibles aux yeux d’Aisya qui sentait soudain que toutes ses forces l’abandonnaient. Malgré la douleur qui tiraillait tour à tour son épaule et sa cheville, elle rechargea son arme, tentant de discerner quelque chose dans la valse du vent. Comme elle se savait impuissante, ainsi clouée au sol ! C’en devenait presque risible, à force ! Un peu comme devait se sentir Mustang, les jours de pluie ! Sauf que là, il en allait de la vie d’un soldat ! Il avait certes le rôle de veiller sur elle jusqu’au quartier général, elle avait, elle aussi, le devoir –plus implicite, certes- de le maintenir en vie, pour prouver son expérience.

    Le problème était que l’expérience qu’elle avait acquise, c’était celle du combat dans le désert. Le combat dans les ruines, la poussière. Contre des hommes, des femmes, des innocents. Pas celle d’une lutte acharnée contre des monstres qui ne devaient même pas exister … encore eux …


[Bon, j'espère que ça le fait quand même, que je n'en ai pas trop fait ^^' Je crois bien que tu vas devoir te charger de la fin du combat, pour qu'j'te gronde mieux après x) ~]
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeSam 25 Juin - 20:30

Bruit. Sang. Glace. Detsien ferma les yeux. Tout disparut. La puissance et la rapidité des adversaires qu'ils affrontaient ne tolérait aucune erreur. Aucune approximation. La main droite qui enserrait la poignée de sa large épée se détendit, toute pression disparut, au creux de son esprit l'arme se fondit en lui comme un prolongement de son membre. Ses tendons, se ligaments, ses muscles thoraciques et pelviens perdirent la tension qui caractérise pourtant une entrée en phase de combat. Mais ce qui fait bien souvent la différence entre un maître et un élève, c'est la sérénité, le relâchement au moment de presser la gâchette, la tranquillité lors d'un coup décisif, la lucidité avant le dernier assaut, l'ingéniosité du dernier passement d'armes. Et ce genre de technique, pas de secret, c'est l'entraînement qui la procure. L'entraînement long et régulier, avec une arme spécifique, sur un terrain spécifique. Après, il suffit de retrouver l'état de grâce de l'entraînement sur le champ de bataille. Pour cela, certains ont leurs petits rituels, pour évacuer la pression, se prouver qu'ils peuvent faire ce qu'ils savent faire. Detsien avait besoin de fermer les yeux. Quelques secondes. Ca ne faisait de lui ni un être surhumain ni une entité invincible, simplement un maître dans son élément. Son élément, c'était la neige. Son instrument, c'était son épée. Les deux étaient réunis en cet instant précis.

La première chimère arriva de la droite. Il le comprit grâce au bruit pourtant discret de ses griffes sur la glace, à l'ombre un peu changeante qui se reflétait sur le mur devant lui, et une multitude d'autres indices qui, assemblés par un esprit qui se voulait omniscient sur ce terrain, poussaient son corps à se décaler sur la gauche. Un pas de côté. Son épée, elle, ne bougea pas. Son bras se tendit sans pour autant que ses muscles aient l'air de concourir à un quelconque mouvement, et lorsque le loup au pelage argenté se rua sur sa proie, ce n'est ni chair ni os qu'il y trouva, mais une lame affûtée à en devenir un rasoir, immobile et solitaire. La chimère possédait les réflexes de l'animal impérial, et elle parvint à s'arrêter à temps en plantant ses griffes dans le sol gelé, y gravant de profondes entailles au passage. Ce réflexe bestial lui aurait permis d'éviter la lame immobile. Sauf qu'elle se mit en mouvement bien avant qu'il n'ait terminé son dérapage. Cette fois-ci, tous les muscles du bras droit de l'éclaireur se contractèrent, libérant toute la puissance qu'ils enfermaient, pour permettre à la lame d'aller frapper la chimère une seconde avant que la bête ne puisse changer sa trajectoire. L'épée frappa le poitrail du loup avec une violence inimaginable, qui fit craquer l'articulation du coude de Detsien sans qu'il ne s'en inquiète outre mesure. Les ligaments qui enserraient la tête radiale et l'oléocrâne ulnaire ne s'étaient pas distendus, le sous-lieutenant le savait au moment où il ramena son arme vers lui. Une arme qui aurait dû être couverte de sang. Il n'en était rien.

« Tu ne saignes pas, saloperie ? Ou tu ne veux pas saigner ? »

Un mouvement, derrière lui. La deuxième chimère n'avait pas attendu. Une esquive s'imposait. S'élançant vers l'avant pour éviter d'être réduit en charpie par des griffes plus aiguisées que le tranchant de sa propre épée, Detsien effectua une roulade avant qu'il termina par une réception accroupi, son arme en couverture derrière lui. C'est là qu'il distingua deux yeux flamboyants. Les yeux de la première chimère, celle qu'il pensait avoir éliminé. Donc la force de son bras ne suffisait pas à entailler le poitrail de ce genre de créatures. Une sorte de cri provenant de l'endroit où la colonel combattait retentit, mais le sous lieutenant avait pour ainsi dire d'autres loups à fouetter. Il ne pouvait pas se permettre de s'éparpiller de son combat.

« Changement de programme. L'épée c'est pour la défense. Pour le finish, les têtes creuses sont nécessaires »

Se retournant en prononçant ces mots à voix basse, le sous-lieutenant inséra un nouveau chargeur dans son P23, qu'il finit de bloquer en plaquant l'arme contre sa cuisse. Détendant alors ses jambes, il se releva en tournant sur lui-même, et se plaça volontairement sur la trajectoire de la patte de la deuxième chimère, qui voulait l'attaquer par derrière. Sa lame bloqua la patte, et comme il s'y attendait, elle n'y produisit aucune blessure. Par contre, l'arme que l'éclaireur tenait dans sa main gauche ne laissa aucune chance à la chimère. Il posa le canon entre les deux yeux du loup blanc, et ne prit pas le temps de planter son regard dans celui de la chimère, ni de lui faire un adieu silencieux. Il pressa la détente. La balle traversa la tête de la créature de part en part, la plaie ronde au milieu de son front se recouvrant d'un sang épais tandis qu'elle s'effondrait sur le sol. Un de moins.

Detsien avait tout prévu. Le fait que la deuxième chimère allait tenter un coup dans le dos avait déjà une parade de programmée. C'est ainsi qu'il se retourna vivement en utilisant le corps du défunt loup comme bouclier provisoire, ce qui marcha à merveille, puisque la deuxième chimère y planta ses griffes dedans dans un mouvement rageur. Tout était prévu. Sauf le fait qu'il y avait une troisième chimère.
L'aboiement bref et très intense que la chimère s'autorisa avant de lui fondre dessus ne permit à Detsien ni d'esquiver, ni de parer. Deux pattes armées de griffes acérées s'abattirent sur les épaules de l'éclaireur, et labourèrent son dos en un passage unique et dévastateur, creusant de profonds sillons sanguinolents en déchiquetant le manteau noir par la même occasion, même si c'était le cadet des soucis de son propriétaire. Les griffes ripèrent sur les omoplates et les côtes de Detsien, dévoilant la blancheur de l'os en sectionnant la plupart des muscles dorsaux qu'elles rencontraient. L'éclaireur de Briggs s'effondra, tombant sur le cadavre de la chimère qu'il était parvenu à tuer. Il tira. Plusieurs fois. Devant lui. Sur la chimère qu'il combattait avant que n'arrive la troisième. Un nuage de sang et le cadavre de la deuxième bête qui lui tomba dessus lui apprirent qu'un de ses coups avait fait mouche, ce qui n'était pas étonnant puisque ce loup avait planté ses griffes dans le cadavre de son compagnon, et n'avait pas réussi à se dégager à temps.

Le temps sembla suspendre son souffle, Detsien affalé entre deux cadavres de loups, un troisième et dernier prédateur bien vivant tournant derrière lui. La dernière chimère bondit. Elle terminait le boulot. Se fût la dernière chose qui lui passa par la tête.
Une lame noire aiguisée comme un rasoir s'enfonça de quarante centimètres dans ses entrailles, lame qui passa... par la gueule de la bête. Detsien, toujours en état de grâce de combat malgré les blessures extrêmement sérieuses qu'il avait reçu, avait placé tous ses espoirs dans son dernier atout, son épée, qu'il avait redressé au dernier moment pour que la chimère s'y empale. Ne visant ni ventre ni poitrail, puisque seules les balles atteignaient ces zones là, mais la gueule ou les yeux du loup, l'éclaireur avait donc placé la pointe de son arme plutôt haut, et bénéficié, c'était vrai, d'un brin de chance. Pour une fois.

Puis son bras se relâcha, et il laissa tomber au sol le dernier cadavre, emportant avec lui son arme. Il resta un petit moment sans bouger, craignant le moindre mouvement qui lui rappellerait inévitablement que nombre de ses muscles n'existaient plus. Mais une idée qui trottait depuis un moment dans sa tête s'imposa soudain à son esprit. L'alchimiste.

« Oh merde-merde-merde crève pas, crève pas ! Si t'es morte, je te tue... Enfin non... Bref. »

Rampant sur le sol gelé couvert de sang en débitant tout ce qui lui passait par la tête, Detsien finit par arriver près d'Aisya, et la trouvant on ne peut plus vivante bien que visiblement blessée, il soupira de soulagement, et ne put réprimer un large sourire en indiquant son dos.

« Le manteau est à vous colonel... treuh, treuh... J'espère que vous ne craignez pas trop les courants-d'air... »
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeLun 27 Juin - 12:31

    Heureusement que Detsien ne perdit pas son temps. Son efficacité ajouté à la volonté de rester éveillée d’Aisya permit à la jeune femme de le voir se traîner jusqu’à elle, une fois toutes les chimères mises hors d’état de nuire. S’il n’avait pas été là, elle doute que, par ces conditions climatiques, arriver au terme d’un combat sans fin avec ces loups géants. Lui s’en serait sans doute sorti. Bon, avec son dos en moins mais en vie ! D’ailleurs, comme si rien ne s’était produit, il pointa du doigt son dos lacéré et invita le colonel à le lui prendre. Affalée contre le mur, les yeux mi-clos, Aisya ne put retenir un ricanement venu du fond de sa gorge. A la vue de l’horrible blessure dont il était victime, elle se vit renvoyer dans l’enfer ishbal où les cadavres amochés de partout se succédaient devant ses yeux d’enfants. Toutefois, ça n’était pas le moment pour se plonger dans ses souvenirs, sous peine de perdre définitivement conscience. D’un autre côté, l’état de son subalterne la revigora un tant soit peu étant donné qu’il devait bien plus souffrir qu’elle qui était censée être habituée à ce genre d’état. Et puis, en tant que supérieur hiérarchique et alchimiste, elle se devait de le soigner ou de lui arranger ça, un minimum même ! De ce fait, elle l’invita à se retourner d’un marmonnement incompréhensible suivi d’un geste las de son bras en état de marche, avant de se redresser pour mieux examiner la plaie.

    Bon, même pour quelqu’un qui n’y connaissait rien à la médecine, on pouvait constater à quel point les entailles étaient profondes. Aisya se rendit compte qu’on parvenait à discerner le blanc nacré des os du sous-lieutenant, ce qui eu pour effet de lui arracher un rictus de dégoût. D’un geste d’une délicatesse qu’on ne lui connaissait pas, elle écarta les pans de l’idée de manteau qu’il portait sur lui, prenant soin de ne pas décoller la peau en même temps. Avec beaucoup de peine, elle réussit à dégager une bonne partie de la plaie et la considéra, dubitative. Comment faisait-on pour réparer tout ça ? De nouveau, un flash provenant du conflit d’Ishbal brisa son regard et elle se rappela …

    Revenons de bien longues années en arrière, du temps du génocide qui raya de la carte la population aux yeux rouges. Aisya atteignait à cette époque à peine la majorité et déjà, son regard était celui d’un être éteint et lassé de son existence. Toutefois, elle tenait bon. Un peu trop peut-être, pour une recrue de son âge et qui aspirait déjà au titre d’alchimiste d’état. Son but ? Passer l’examen une fois rentrée à Central. En attendant, elle s’entraînait de manière lugubre sur les cadavres qui jonchaient le champ de bataille. A de nombreuses reprises, on l’avait réprimandée, mais sans véritable succès. En échange de cette permission, elle avait pour devoir, tout aussi morbide, de ramener les blessés au campement de soin. Cela se passa donc à cette occasion, alors que sa petite silhouette engoncée dans un lourd manteau traînait un homme deux fois plus grand qu’elle sur son épaule, la même qui saignait en ce moment. Elle parvint à la tente qui servait d’hôpital. En poussant le rideau d’entrée, elle fut saisie par l’odeur de mort, de sang et de putréfaction qui émanait de cette armada de blessés de guerre. Des infirmières et des médecins allaient et venaient sans cesse, comme s’il en allait de leur propre vie, alors qu’il s’agissait de celles de leurs patients. Ne sachant pas vraiment que faire, Aisya se fraya avec difficulté un passage entre les couches de fortune et trouva une jeune femme, à peine plus âgée qu’elle, qui posait une compresse sur une plaie désinfectée. La fatigue se faisait sentir sur son joli visage, la buée octroyait ses yeux dissimulés derrière ses lunettes. Jasdero remarqua au passage son opulente poitrine qu’elle ne put s’empêcher de comparer à la sienne, inexistante. La jeune femme était alchimiste d’état, comme le témoignait la montre en argent à son côté. Dès qu’elle vit Aisya, elle lui somma de lui donner un coup de main.

    -« Ne restez pas plantée là ! Refermez-lui au moins sa plaie ! il se vide de son sang ! »

    Aisya, qui avait déposé le corps de son compagnon d’armes sur un lit de camp, dévisageait tour à tour l’infirmière et le soldat, les yeux agrandis par l’effroi. Soudain, la demoiselle qui soignait leva les yeux et la considéra :

    -« Oh, mais je vous reconnais ! Vous êtes la recrue qui électrocute les blessés ishbals ?! Vous n’avez pas honte : user de l’alchimie pour tuer et non pour aider les populations ! Comment voulez-vous vous prétendre alchimiste si vous ne savez même pas à quoi sert cette science au départ ? Venez par ici ! »

    C’est ainsi qu’Aisya apprit la confection des premiers soins. Malheureusement, il fallait avouer qu’elle l’avait trop peu pratiquée, pour s’en souvenir nettement aujourd’hui. Néanmoins, elle avait sa petite idée, tandis qu’elle nettoyait les plaies comme elle pouvait.

    -« Je ne m’y connais pas des masses en médecine, commença-t-elle à l’intention de Detsien, néanmoins, je pense pouvoir faire quelque chose : je pourrais remettre vos muscles abîmés en état de marche en leur conférant l’énergie dont ils auraient besoin. Toutefois, cette énergie, je ne l’invente pas et je vais devoir la prendre sur les miens. Autant vous dire que je serai incapable de me mouvoir par la suite. Mais, si nous sommes obligés d’aller à pied jusqu’au Q.G, autant que ce soit un homme avec les jambes intactes, qu’en dites-vous ? »

    E
    n attendant sa réponse, car elle ne voulait pas se risquer à aggraver encore plus son cas, elle sortit ses mitaines alchimiques qu’elle enfila, avant d’en modifier légèrement les signes en les tachant du sang qu’elle récupérait de la plaie de sa cheville. Celle-ci ne répondait plus depuis un moment. Et puis, comme ça, au final, il l’aura porté, comme elle l’avait prévenu auparavant, non ?
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeJeu 30 Juin - 19:16

L'adrénaline du combat commençait à quitter le militaire. Avec elle partait tout un état d'esprit, une concentration et une détermination à rester en vie, mais aussi et surtout une anesthésie mentale qui lui permettait de se mouvoir, de parler et même de faire usage d'un humour plus que douteux. Comme une vague qui, après avoir dévasté une terre, se retire lentement, la fièvre du combat laissait derrière elle douleur et désolation. Le sang qui se déversait abondamment au creux des plaies béantes de son dos peinait à coaguler, formant une pâte sombre qui fondait les restes de son manteau à son corps, ce qui n'était pas pour assurer une plaie propre propice à une guérison sans problèmes. Le regard du sous-lieutenant se voila, et il songea que la neige était blanche, ce qui n'était pas la réflexion la plus pertinente qu'il ait jamais émise, il fallait l'avouer. Il vit les lèvres d'Aisya remuer, et pendant un moment il se demanda ce que cela signifiait. Pas une seconde il ne songea qu'elle pouvait s'adresser à lui, mais lorsqu'elle le fixa dans un air d'interrogation en suspens, il se sentit obligé de répondre quelque chose. Plus par réflexe que par réflexion, Detsien hocha la tête de manière un peu incertaine, se demandant ce qu'il venait d'accepter. Puis, voyant le regard de la colonel qui semblait étudier son dos labouré, Detsien se souvint. Mais bien sûr ! Elle voulait le manteau ! Il lui avait dit qu'il était à elle, et elle venait récupérer son dû... Sauf qu'il lui était impossible de retirer cette imbrication de lambeaux de chair, de sang et de tissu, dans l'état où il était. C'est ainsi que le sous-lieutenant présenta son dos à l'alchimiste, afin qu'elle extirpe le vêtement elle-même.

Dire que Detsien fût surpris lorsque la colonel posa ses mains des deux côtés des profondes entailles afin d'y user d'une alchimie de guérison n'est pas l'exacte vérité. En fait, une partie de son être, bien que pour le moment désorientée par les brumes de la douleur, avait compris ce qu'Aisya voulait entreprendre, et avait plus ou moins préparé son corps en conséquence. C'est ainsi que le dos du sous lieutenant, à défaut d'être un terrain propre et aseptisé, présentait des muscles détendus favorables à une reconstitution des fibres manquantes.
Dire que Detsien ne fût pas du tout surpris n'est pas vrai non plus. Toute la partie de son esprit qui dominait son être en ce moment était persuadée que le but de l'opération était la récupération du manteau, et lorsque l'alchimie se glissa en lui pour restaurer ce qui avait été détruit, il ne put réprimer un hoquet de surprise, qui laissa très rapidement place à une douleur intense et à peine supportable, qui elle le laissa sans voix.

Le militaire eut l'impression que ses muscles lui étaient arrachés une deuxième fois, même si c'était l'exact contraire qui se produisait. Les fibres se reconstituaient à partir de l'énergie de l'alchimiste, fibrilles par fibrilles, chassant le sang à peine coagulé qui s'écoulait alors par défaut lentement sur les flancs du soldat de Briggs. La guérison était cependant loin d'être parfaite, certaines fibres n'ayant rien à faire là où elles étaient créées, d'autres brillant par leur absence en des endroits pourtant cruciaux, quelques unes qui emprisonnaient dans leur entrelaçage des lambeaux du défunt manteau ou des poils de loup argentés, ce qui rendait une image du dos de Detsien quelque chose d'un peu mitigé, fait de petites bosselures et de creux assez curieux. Ce qui n'empêchait pas que l'essentiel avait été assuré. La construction était fonctionnelle.

Y croyant à peine, le sous-lieutenant se redressa lentement, ses nerfs se demandant si la douleur qu'il ressentait tout juste quelques instants auparavant avait réellement pu le quitter en aussi peu de temps. Il effectua quelques petits mouvements de contrôle, et constata avec surprise que, à défaut d'être au maximum de leur capacité, ses muscles dorsaux étaient restaurés et fonctionnels. S'autorisant un petit soupir qui traduisait joie et soulagement, le militaire sautilla un peu sur lui-même. Il s'était préparé à passer de longs et pénibles mois à l'hôpital de Briggs, dans le plâtre jusqu'au cou, à écouter les réprimandes incessantes de ses supérieurs hiérarchiques, et voilà qu'au lieu de cette perspective peu reluisante il était debout, sur ses deux pieds, et il respirait l'air frais de l'extérieur. Même si cet air frais était, il est vrai, chargé de relents lourds et suffocants de sang et d'entrailles déversés par les chimères autour d'eux.

Un grand sourire étirant le bord de ses lèvres, Detsien s'apprêta à remercier chaleureusement l'alchimiste, qu'importe si ses remerciements se heurtaient à un mur froid et distant. Il lui devait une guérison spontanée, et ça, ça n'avait pas de prix. Se retournant en écartant les bras et en ouvrant grand la bouche, le militaire commença :

« Je vous suis très reconnaissant de votre geste... ! »

C'est alors qu'il se rendit compte d'un petit détail pour ainsi dire dérangeant. Les yeux de la colonel étaient à-demi fermés, sa tête reposait sur son épaule comme si elle n'avait plus la force de la redresser, tout son corps était affalé, sa posture ressemblant à s'y méprendre aux défuntes chimères qui jonchaient le sol. S'approchant lentement, Detsien s'accroupit près du visage de celle qu'il avait pour mission de protéger, lui prit délicatement le menton, et le redressa légèrement.

« Ca va ? »

N'obtenant aucune réponse, Detsien en conclut que non, ça n'allait pas, et qu'il venait de poser une question pour le moins stupide. Il tenta alors un :

« Vous voulez qu'on aille voir un médecin ? »

Qui se solda par la même réponse. Il comprit alors que quelle que soit la question qu'il poserait, la réponse obtenue serait la même, à savoir une absence de réponse. Logique. Stupide. Se frappant la tête avec la paume de sa main droite, Detsien se décida à reprendre son rôle de militaire chargé d'escorte sans plus d'interrogations orphelines. Tout d'abord, assurer la sécurité primaire de sa protégée ; les ennemis physiques : éliminés ; les facteurs environnementaux : euh... problème. Si la colonel n'utilisait plus ses muscles, elle ne bénéficiait plus de leur apport de température. Le froid devenait alors plus que dangereux.

Le sous-lieutenant se redressa vivement, et s'empara de son épée couverte de sang gelé. Il effectua deux grands pas pour se retrouver dans la rue principale. Personne ne semblait avoir remarqué le combat intense qui avait eu lieu, tout le monde marchait normalement, comme si jamais rien ne s'était passé. C'en était presque dérangeant. Presque. D'un coup de botte rageur, le militaire enfonça la porte du magasin de ceintures qui faisait l'angle avec la ruelle sombre théâtre du combat insensé, et rentra en brandissant son arme devant lui.

« Alors bandes d'enflures ! C'est vous qui avez fermé les volets quand on s'est fait attaquer ! Maintenant va falloir payer ! »

Un petit vieux sortit de l'arrière-boutique, tout tremblant de peur, plaçant ses mains devant lui en signe de protection contre le fou qui avait l'air de vouloir dévaster son magasin.

« La boutique est fermée monsieur... Je suis navré de...
_Fermée ?! Viens un peu par ici toi ! Aïe putain mon dos...
_Non-non-non ne vous énervez pas ! Je... On va payer !
_Fais gaffe le vieux... Le prix sera très élevé...
_Ne me faites pas de mal ! Je vous donnerai ce que vous voudrez !
_Très bien. Alors disons le vieux manteau qui est sur le comptoir, là, et on en parle plus.
_Je... De quoi ? Cette vieille loque ?
_Ouais ben c'est de la laine, ça tient chaud non ?
_Euh... Prenez ce que vous voulez...
_Parfait. Et si jamais je vous reprends à tourner le dos à un soldat en difficulté...
_... il me faudra trouver un autre vieux manteau, j'ai compris. »

Detsien hésita entre fracasser le comptoir en deux d'un coup d'épée ou briser toutes les vitres de la boutique une par une, mais il choisit plutôt l'option « dépêche-toi d'aller couvrir l'alchimiste avant qu'elle crève d'hypothermie », et c'est ainsi qu'il se contenta d'un regard noir à l'attention du vieux, et de quelques pas déterminés qui l'éloignèrent du comptoir. Il sortit de la boutique rapidement et courut jusqu'à la masse en uniforme allongée sur le sol.
Il essaya de couvrir Aisya du mieux qu'il le put, et la teinte un peu bleutée qu'avait pris son visage ne fût pas pour le rassurer. Il passa ensuite une main sous sa tête et l'autre sous ses jambes, et la souleva doucement, veillant à ce qu'il n'y ait aucun choc brutal, pour qu'elle reste dans un état de semi-conscience qui ne lui demandait pas trop d'énergie vitale. Il la trouva relativement légère, assez pour qu'il la transporte jusqu'au QG sans vraiment de difficultés.

Detsien prit une grande inspiration, courba un peu son dos, zone de fragilité à laquelle il devait prendre garde, puis se redressa et commença à marcher.

[Désolé pour le retard, j'avais pas trop le temps ^^ Je me suis permis de te faire opérer la guérison, j'espère que tu n'y vois pas d'inconvénients]
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MessageSujet: Re: Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart]   Orage sur le sommet [Pv : Detsien Lysheart] Icon_minitimeLun 11 Juil - 8:24

    Tout au fond d’elle-même, Aisya ignorait si son entreprise allait parvenir à ce qu’elle avait imaginé. Vraiment, il se montrait à présent nécessaire qu’elle se remette à jour en ce qui concernait les soins par l’alchimie ! Bien qu’elle ne soit pas du genre à venir au secours du premier venu, il était également important pour sa propre survie ! C’était d’ailleurs un bien étrange spectacle que celui de voir la terrible alchimiste s’afférer à réparer du mieux qu’elle pouvait la plaie d’un subordonné. Nombreux étaient les soldats de Central qui auraient beaucoup donné pour être à la place de Detsien, car, quoiqu’on en dise, c’était un honneur qu’elle lui faisait. Bien évidemment, sur le coup, tous deux ne pensaient pas à leur gloire à venir. Ils se contentaient de rester conscients, afin d’éviter de mourir de froid. Cela allait s’avérer d’autant plus ardu pour la jeune femme qui sentait que ses forces la quittaient, non sans un voile de détresse dans ses yeux, ignorant si cela allait suffire pour que le soldat de Briggs puisse se mouvoir. De plus, elle n’en saurait rien jusqu’à son rétablissement. Si rétablissement il y avait. Heureusement, le sous-lieutenant n’était pas une petite nature et elle avait eu tendance à sous-estimer ses capacités de soins. On l’avait tellement considérée comme une machine à tuer qu’elle en avait oublié qu’elle aussi était capable d’aider les autres, au péril de son existence égoïste. Elle n’avait rien à se reprocher. Et, de toutes manières, elle n’en avait plus la force. Tandis que le soldat retrouvait davantage de vigueur, ses paupières s’affaissèrent sur ses iris mordorés et elle perdit conscience. La terrible et redoutable Jasdero était maintenant aussi inoffensive et aussi fragile qu’un enfant endormi dans la neige.

    Si elle avait été éveillée, les remerciements de Lysheart l’aurait laissé indifférente, en apparence. Mais intérieurement, elle aurait savouré cette nouvelle image qu’on pouvait à présent avoir d’elle. Si elle voulait atteindre les hautes sphères de l’armée, elle devait être crainte, certes, mais aussi admirée et appréciée des autres. Bien entendu, il aurait été préférable qu’elle fasse preuve de bonté au sein-même de la capitale, mais il fallait bien commencer quelque part. Tout portait donc à croire que Detsien était l’un des premiers bénéficiaires de l’aide provenant du Thunder Alchemist. Bon, naturellement, il n’en savait rien mais, si l’une des bleusailles de la capitale venait à l’apprendre, bientôt tout le monde serait au courant. Ce qui mettrait la colonel dans un état des plus noirs. Pour le moment, la triste couleur que son faciès arborait était un subtil mélange de brun, dû à ses origines, et de bleu, dû au froid qui gagnait peu à peu son organisme. Au final, cela donnait une étrange couleur qui n’allait pas du tout à la jeune femme. Celle-ci ne pouvait plus rien voir, ni entendre, ne serait-ce que la voix lointaine de son subalterne qui lui posait des questions vaines. C’était comme si, d’une part, elle ne savait tout bonnement plus parler et, d’autre part, comme si cette voix s’exprimait dans une langue étrangère et par-delà la limite de l’eau. Comme si, par quelque sortilège, Aisya s’était vue propulsée dans un autre pays et qu’on l’avait plongée sous l’eau. Décidément, l’univers aquatique ne la quittait plus quand elle perdait ne serait-ce qu’un morceau de conscience.

    Ces derniers temps, elle se considérait d’une faiblesse qu’elle haïssait tant. Elle n’arrêtait plus ceux qu’elle poursuivait. Elle pactisait avec ses rivaux. Elle se prenait à verser des larmes d’enfant dans les recoins perdus de la ville. Et voilà qu’elle n’était même pas capable d’avoir le dessus sur quelques erreurs de la nature et de protéger une recrue qui devait l’escorter. Elle était encore au printemps de son âge et, déjà, elle n’arrivait plus à ressentir cette vigueur qui la poussait à ignorer tout individu du genre humain, comme elle faisait si bien, à l’époque du génocide. Elle avait l’impression de s’affaiblir alors qu’au contraire, elle était en train d’acquérir une force nouvelle. Et l’avènement de cette puissance avait été l’apposition de ses mains sur la blessure du sous-lieutenant Lysheart. Il en était de même pour l’impression qu’elle avait eu ; elle savait que la transmutation avait été douloureuse à l’homme : il avait souffert Enfin, pour le moment, elle ne pouvait pleinement savourer cette victoire, étant donné qu’elle aurait par la suite un mal fou à la reconnaître, et qu’en ce moment-même, elle végétait dans un état de semi-conscience que Detsien s’efforçait de maintenir. Malgré son absence apparente, Aisya avait ressentie jusque là chacune des morsures du froid sur ce corps qu’elle avait l’impression de ne plus posséder. Les plus douloureuses étaient celles portées sur ses blessures, même si elles s’avéraient moins graves que les plaies de l’éclaireur. Le pire était qu’elle était incapable de trembler, faute de muscles en marche. Toutefois, la douleur, elle, était sempiternellement présente, si bien que dans ce qui aurait pu être qualifié comme un délire, Aisya commençait à entrapercevoir des choses enfouies dans sa mémoire. Elle n’était qu’à demi-inconsciente : de ce fait, lesdites choses ne parvenaient jusqu’à ses yeux clos que sous forme de brume et de vagues fantomatiques. Si elle avait pu, elle se serait débattue contre ces souvenirs venus d’ailleurs.

    Puis, tout changea. Elle ignorait ce qui était en train de se passer. Rien de bien critique, au contraire : le duo était parvenu tant bien que mal au Quartier Général, grâce à la vigueur de l’homme qui la portait. Ils étaient tous deux transférés dans un état d’urgence en salle de soins. Les heures d’opération furent longues pour refermer les plaies des deux militaires. Il n’en serait que plus pénible de les décrire chacune leur tour. Et, de toutes manières, Aisya n’y assista pas en tant que spectatrice mais bien qu’en tant qu’infortunée actrice. Il en était de même pour Detsien qui lui, devait supporter ses maux éveillés jusqu’à ce qu’on le fasse sombrer dans un sommeil factice. Les heures et peut-être les jours passèrent, jusqu’à ce que les yeux du colonel s’ouvrent de nouveau, émettant comme une tache d’or dans l’infirmerie écarlate. Aisya se redressa aussitôt, un rictus aux lèvres en sentant le poids de son bras et de sa jambe pas encore en état de marche. Elle était enrubannée de partout de bandages épais et remonta son drap jusque sur ses épaules à cause du froid. On aurait cru avoir à faire à une momie égyptienne –bien que ce pays ne fasse pas partie de la carte. A mesure que ses pupilles se réhabituaient à la lumière, elle chercha une présence humaine autour d’elle. Les médecins et les infirmières, confiants du bon rétablissement en cours de leurs patients, étaient sans doute partis s’accorder une pause. Il régnait un silence pesant seulement brisé doucement par l’agitation renaissante de l’alchimiste. Finalement, elle s’aperçut que la couchette à sa gauche était occupée. Ce devait sûrement être Detsien car elle distingua ses cheveux blancs comme s’ils avaient été trempés longuement dans la neige. Toutefois, elle ignorait s’il était éveillé ou non. En attendant, elle avait encore froid et se leva, s’accrochant à toutes les parois possibles pour éviter de poser son pied blessé au sol. De cette démarche claudicante, elle s’aventura jusqu’à une chaise sur laquelle était posée sa veste et son manteau, encore humide. Elle attrapa maladroitement d’une seule main le haut de son uniforme et entreprit de le glisser sur ses épaules nues, considérant, non sans mépris, cette tenue volage qui lui donnait l’allure d’un rouleau de papier hygiénique. Un grognement s’échappa d’entre ses lèvres, tandis que, peu à peu, le véritable colonel refaisait surface …

['Oilà, on peut ouvrir un autre sujet \o/ Je me suis permise d'insinuer que Detsien paraissait encore dans les vap', si tu veux qu'on modifie, je n'y vois aucun inconvénient ~]
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