Quel corps magnifique ! Théodore, ou plutôt, Treach ne s'en rendait toujours pas compte. De ce fait, il s'arrêtait à chaque miroir, chaque flaque d'eau, chaque fenêtre afin de contempler ses traits si réguliers. Il s'était procuré, à l'occasion de cette première sortie en tant qu'homonculus, un costume cleu nuit, composé d'un long manteau et d'un haut-de-forme assorti. Il avait teint ses cheveux en blanc et reluquait avec plaisir les demoiselles qui se retournaient sur son passage. Comme cette jeune fleuriste qui, quelques jours plus tôt, avait pris peur en le voyant traîner devant sa vitrine. Ou cette femme mariée, emmitouflée dans un gigantesque boa. Elle passa tout d'abord devant lui, feignant l'indifférence, mais il sentit par la suite son regard brûlant de désir dans son dos. Quel plaisir cela lui procurait ! Lui qui avait été craint et rejeté de tous, voilà qu'en un claquement de doigt, il devenait maître de la gente féminine. Il laissa échapper un rire démoniaque alors que ses pas l'emmenaient une fois de plus dans les bas-fonds de Central. Il n'allait pas perdre ses "bonnes" habitudes. Et puis maintenant, plus personne ne pourrait le reconnaître.

*Mais qui veulent-ils reconnaître ? Théodore Bagwell est mort et enterré. De toute manière, il était condamné à mort. Du pareil au même. C'est au tour de Treach d'entrer en scène !*

Cela faisait à peine 24 heures qu'il était devenu homonculus que déjà, il reniait son identité d'humain. Toute trace d'humanité avait disparu de son esprit, si bien que ce tueur en série aurait pu assassiné n'importe qui. Il considérait dès à présent les humains comme une race inférieure dont il n'avait jamais fait partie. Point. Fin de la discussion. Lust l'avait néanmoins mis en garde à propos d'humains nécessaires au Sacrifice. A ce souvenir, il serra le petit bout de papier sur lequel étaient inscrits des noms, au fond de sa poche. Il serait, en quelques sortes, le "garde du corps", l'"ange gardien" de ces personnes. Ou pas ... Mais ils n'étaient pas nombreux, Treach avait donc le choix au niveau victime. Il était bien tenté par une ou deux prostitués du coin, les moins réputées, car il ne se lasserait jamais des plus doués d'entre elles.

On était en fin d'après-midi et les rues malfamés de la capitale étaient encore relativement silencieuses. On sentait tout de même une agitation, comme un grouillement intérieur qui remuait entre les murs. Lorsque la nuit tomberait, ce bourdonnement deviendrait vacarme et le peuple de la nuit sortirait. Treach opta donc pour un bar, l'Ecstatic Pharaoh. C'était une véritable ruine. Le buste de pharaon qui trônait à l'entrée manquait de s'effondrer sur chaque nouveau client. Il entra avec méfiance. Il faisait tache dans cette masse sale et poisseuse d'ouvriers et autres malfaiteurs. Il ignora les regards interlocuteurs qui se posaient sur lui et prit place au bar. Là, une énorme serveuse qui semblait avoir un début de moustache lui fit passer sa commande. Elle posa violemment un gros verre mal lavé devant lui et y engouffra de l'alcool brûlant. L'homonculus la remercia d'un magnifique sourire qu'il venait de découvrir et sirota sa boisson, ce qui semblait être de l'allégresse dans son coeur inexistant ...

Je rentrais chez moi après une longue balade dans la ville. L’air frais me faisait le plus grand bien et le silence était une douce musique à mes oreilles. Cependant, une étrange sensation m’envahissait depuis un court moment. Mon intuition me disait que quelque chose allait se produire. J’étais méfiante envers les lieux où j’étais. Des ruelles sombres et dangereuses, des bars et des bordels d’où sortaient des individus étranges, tout pour que quelque chose se produise. Je n’avais pas tord. Quelque chose se produisit. Alors que je tournais au coin d’une petite rue sombre, un homme se mit à me suivre. Il sortait de je-ne-sais-pas-trop-où, mais il n’était pas qu’un simple passant. J’accélérais le pas. Il accéléra lui aussi. Je marchais encore un peu plus vite, il fit de même.

Ce n’était pas la première fois que j’étais traquée ainsi. Je ne me laissais pas faire. Jamais. Je leur donnais toujours une mémorable leçon… et ils ne s’en sortaient jamais indemne… ou vivant. S’il essayait quoi que ce soit contre moi, il allait drôlement être surpris cet individu. Je ralenti la cadence peu à peu. S’il était vraiment pressé, il allait garder le rythme et passer à mes côtés sans que rien ne se produise. S’il souhaitait me faire du mal, s’il me traquait, il allait lui aussi ralentir. Ce fut la deuxième option qui se produisit. Très bien. J’allais lui donner la raclée de sa vie. Il y avait des moments comme ça où je voulais me battre, faire du mal, sans raison apparente. Selon pour mon pur et simple plaisir. Était-ce les vestiges d’un passé de tueuse ? Peut-être et j’avouais en avoir bien peur. Cependant, j’avais vraiment envie de le blessé, le maltraité, c’était comme un fumeur qui aurait été privé trop longtemps de ses cigarettes. C’était dur de résister alors qu’il était là, juste derrière moi. Je m’arrêtais. Pas lui. Il s’approcha de moi. Je sentais sa présence. Je sentais la forte odeur d’alcool qu’il dégageait. Je sentais sa main se poser sur mon épaule. Il sentait le goût du sang dans sa bouche.

Je m’étais vivement retournée, le frappant d’un coup rapide et sec. Il tituba sous le choc. Le sang coulait abondamment de sa lèvre inférieur. Il l’avait bien chercher. Allait-il s’enfuir à présent ? C’était dur pour l’orgueil d’un homme de se faire ainsi frapper par une jeune fille. À voir son allure, j’avais l’impression qu’il n’avait pas dormi depuis plusieurs jours. Ses vêtements étaient sales, crasseux. Un sans-abris ? Peu importait à mes yeux. Il reprit son équilibre et me fixa, l’air déconcerté. J’ai bien cru qu’il allait partir à la course, mais il n’en fit rien de tel. Il passa la main dans son blouson et en sorti un couteau. Était-je censée avoir peur ?

-Donne… donne moi ton argent ! Fit l’homme en pointant le sac à main noire que j’avais en main.

C’était une blague ? Tout cela pour de l’argent ? Qu’est-ce qu’il ferait si je lui donnais ? Il irait se saouler à en croire par l’odeur. Eh bien, peu m’importais qui il était, ce qu’il allait faire avec cet argent, il n’aurait rien. Il fit un pas, puis deux. Il s’approchait. Je ne bougeais pas d’un centimètre.

-Donne moi ton argent, j’ai dis ! lança-t-il plus fort.

Il était déterminer à prendre mon sac et j’attendais qu’il soit assez près pour attraper son bras tenant le couteau. Je lui balançais un coup de genou dans le ventre, le lâchais et fit quelques pas vers l’arrière pour me donner suffisamment de distance pour lui donner un bon coup de pied qui le fit voler un peu plus loin. J’entrais dans le bâtiment le plus près qui semblait être un bar pour le moins louche. Il n’allait pas me suivre ici. Un bon verre ne serait pas de refus. Je m’installais au bar. Je changeais bien vite d’idée et décidais de ne rien commander, voyant la qualité du bâtiment et de tout ce qui s’y trouvait, autant la vaisselle que la boisson, les employés et les clients. Tout était pourris ici. Tout sauf la personne assise à mes côtés. Il semblait avoir l’attention de bien des gens ici, tout comme moi lorsque j’eus fais mon entrée. Il ne semblait pas y avoir d’autres filles que l’affreuse serveuse et moi. Génial. Seule parmi une bande de pervers.

La personne assise à mes côtés m’intriguait. Elle était si élégante comparativement à tout ce qui se trouvait ici. Ne jamais se fier aux apparences. C’était la pire chose à faire. Il était un parfait exemple que malgré l’apparence pour le moins séduisante qu’il possédait, il devait être un parfait salaud comme toute les personnes ici. Une autre chose que je me répétait : ne pas jugé avant de connaître. Ah lala… La serveuse me regardait d’un drôle d’air. Elle ne m’inspirait rien cette femme, pas plus que personne ici.

-"Dis-moi Aisya, c'était comment Ishbal ?"

Théodore s'appuya sur la tablette en face de lui. Une vitre séparait les deux individus et la jeune militaire qui se trouvait en face de lui ne pouvait espérer mieux, si ce n'était de ne plus se sentir obligée de lui rendre visite. Bagwell réitéra sa question. Il savait que c'était le genre d'interrogation à ne pas poser à un militaire ayant vécu cet Enfer mais il devait à tout prix faire réagir Aisya. C'était dans sa nature après tout, de provoquer les gens. Mais, pour le cas de la jeune fille, c'était surtout pour se prouver à lui-même qu'elle était encore humaine.

-"Infernal. Un véritable carnage."

-"Ne tire pas cette tête-là ?! Tu devrais être heureuse d'être rentrée ! Cela prouve que tu es un soldat hors-pair n'est-ce pas ? ... N'empêche que, l'armée devait être bien affaiblie pour aller piocher dans l'école militaire. Héhéhé, une bonne guerre en plus et je pourrai peut-être me sortir de là."

Un poing nerveux s'abattit contre la vitre. Le poing ganté de la jeune fille. Elle le dévisageait plein de haine.

-"Oh ! Mais tu es passée alchimiste à ce que je vois, s'émerveilla-t-il en apercevant le cercle de transmutation sur le tissu. Tu dois être en possession d'une belle montre en argent, je me trompe ? Elle doit valoir une fortune !"

Cette constante bonne humeur affligeait Aisya qui se leva d'un bond et quitta la pièce en claquant la porte derrière elle. De nouveau seul, Théodore s'affaissa au fond de sa chaise et soupira.

-"Chaque fois qu'elle vient ici, elle me paraît de moins en moins humaine. La question que l'on pourrait se poser est : qui est le plus monstrueux de nous deux ?"

Treach venait de se remémorer cette question devenue existencielle. Le jour où il l'avait posé pour la première fois, Aisya l'avait entendue, de derrière la porte. Et de puis, ils étaient deux dans tout Amestris à tourner et retourner cette question dans tous les sens. C'était étrange, cette sensation. Depuis qu'il était homonculus, des tas de souvenirs refaisaient surface. Et il s'avouait qu'il se serait bien passé de certains. Mais repenser à cette fille inviolable l'amusait. Se souvenait-elle de lui ? Il devrait lui rendre visite un de ces jours. Théodore n'était pas du genre à oublier ses victimes et encore moins celles qui lui avaient échappé. C'est pourquoi il faillit recracher le contenu de son verre lorsqu'il vit une jeune blondinette prendre place à côté de lui. Elle aussi lui lançait un regard discret. Pas de doute, ces cheveux magnifiques et ce look gothique, il n'y en avait pas des masses à Central ! Il se reprit très rapidement, feignant de ne pas la reconnaître. Il n'avait rien à craindre, il était méconnaissable.

Elle devait se demander dans quel trou était-elle tombée ? Et ce qu'un jeune homme ainsi accoutré faisait-il ici.

*Prends garde mon enfant ! Ne te fie pas aux apparences ! Enfin si ... justement ! Je suis un gentil, moi ! Muaha !*

Il lui sourit amicalement et déclara :

-"Savez-vous demoiselle que, comme on dit, l'habit ne fait pas le moine. Cependant, c'est bien le moine qui choisit ses habits. N'ayez pas peur de moi, je ne vous veux aucun mal. Je le vois dans vos yeux, vous n'êtes pas du genre à vous effrayer pour rien. Je m'appelle James, pour vous servir."

Il tendit sa main gantée tandis que son unique oeil visible la déshabillait du regard. Elle était vraiment jolie ! Mais pour l'instant, il devait s'attirer sa confiance. De ce fait, il mentit sur son indentité.

*Héhé, elle me rappelle un peu cette chère Jasdero, en blonde bien sûr !*

Quand quelqu'un me dit que je ne dois pas avoir peur, je me méfie automatiquement. Bien que très élégant et très beau, il devait cacher quelque chose. Il se présenta. Je détestais les présentations, mais je fis un effort. Je lui serais la main. James. Ce n'était pas un prénom que je lui aurais associer. Il n'avait pas une tête de James. Cependant, on ne choisissait pas notre prénom à la naissance. Alors qu'il ai une tête de James ou non, ce n'était pas de sa faute. Je devais à mon tour me présenter. Évidement, pourquoi donnerais-je mon prénom au premier pervers venu ? J'avouais, je ne savais s'il était pervers ou non, je ne le connaissais pas, mais c'était la première chose qui me venait en tête quand je le regardais, je ne saurais dire pourquoi. Il était temps de sortir la bonne vielle fausse identité.

-Je me nomme Éliana.

Je lançais un regard à la serveuse qui me regardait de travers. Ça ne lui arrivait jamais de voir une jeune fille dans les parages ? Quoi qu'il en soit, je ne comptais pas rester ici dans cet endroit médiocre. Je me levais, m'apprêtant à partir.

-Je vais devoir écourter cette discution. Je n'aime pas vraiment cet endroit, je vais donc aller ailleurs.

Je me détournais de lui et sortais. La rue était beaucoup plus agréable que ce bar. L'air était plus frais et il y avait moins de gens. Cependant, lorsque je sortais, je vis l'homme au couteau accroupis dans un coin sombre. Tant pis pour lui. Il l'avait bien mériter. Je soupirais, me demandant où j'allais aller. J'avais vraiment envie de boire quelque chose en ce moment. Je regardais donc autour de moi, me demandant dans qu'elle direction j'allais partir.

(Vraiment cours.. j'avais pas d'idées >.< )

Treach connaissait un conte qu'il aimait particulièrement : le Petit Chaperon rouge. Connaissez-vous la morale de cette fable ? Les grands méchants loups les plus gentils sont souvent aussi les plus dangereux. Il était donc naturel qu'Ayame se méfie. Mais il savait qu'elle ne l'agresserait pas. Pour l'instant, elle n'avait aucune raison de se montrer brutale. De ce fait, elle mit fin à la discussion et sortit de l'établissement. Treach régla sa nota et la suivit. Comme si de rien n'était. En passant la porte, il enfonça délicatement ses mains dans ses poches brodés. Il ressemblait à un prince. Un prince des rues. La jeune fille était juste devant lui, un peu en retrait sur le côté. En face d'elle, un clochard, à moins que ce ne soit un voleur, était accroupi dans l'ombre, une lame émoussée tremblant entre ses doigts sales. Il dévisageait Eliana en serrant les doigts, prêt à lui sauter à la gorge comme un chien abandonné. Voilà pourquoi T-Bag avait voulu devenir homonculus : parce que maintenant, de plus en plus, les hommes se comparaient avec une facilité affligeante à des chiens errants, prêts à n'importe quoi pour survivre ne serait-ce qu'une journée de plus. A quoi servait-il de se débattre en sachant qu'un jour, la faucheuse passerait et emporterait ses âmes en tourment. Les homonculus, eux, n'avaient pas cette crainte. Du moins, ça n'était pas leur priorité. Ils étaient la race supérieure. La race qui devait survivre. Dans ce combat interminable, il n'y aurait qu'un seul vainqueur. Et ce seront les homonculus.

-"Voyons, à quoi cela vous sers de fuir de cette façon ? On va croire que je vous veux du mal."

Il prit un ton faussement inquiet et continua :

-"Je sais que l'on ne se connaît pas et que rencontrer quelqu'un dans un lieu si louche peut inquiéter. Mais en vous en faites pas, je ne vous veux absolument aucun mal. En fait, vous avez l'air plus futée que l'ensemble des gens que l'on peut croiser ici. C'est pour cette simple raison que je vous ai adressé la parole."

Treach n'en revenait pas ! Il arrivait à mentir avec une facilité déconcertante. Jamais encore il n'avait paru aussi sincère, lui qui pourtant, avait passé sa vie à mentir ... Il fut surpris d'une telle prestation mais n'en laissa rien paraître. Il tendit gentiment son bras, de sorte à ce que la jeune fille le lui prenne. Un sourire déchirait ses lèvres aux lignes si épurés.

Étais-je étonnée de voir ce jeune homme, à présent à mes côtés ? Il était évident qu'il allait me suivre à l'extérieur. Une jeune fille, seule dans un bar peuplé d'homme et d'une serveuse poilue, ce devait être une rareté. Que me voulait-il ? Je n'avais pas à me poser cette question, c'était bien assez évident. Quel idée avais-je eu de vouloir boire un coup ? J'aurais pu me contenter de passer acheter une bouteille dans un petit marché et rentrer totalement chez moi. Eh bien non ! J'avais eu la brillante idée d'entrer dans le premier bar sur mon chemin ! Ah lala... Et maintenant, j'étais coincée avec cet individu. Il avait beau être charmant et séduisant, je ne me sentais pas en sécurité avec lui. Comme quoi les apparences ne sont pas ce qu'elles semblent être !

Mes agissements dans le bar et ma sortie pour le moins rapide avaient donner l'impression au jeune homme que je fuyais. Je quittais au plus vite un endroit miteux, louche et sans intérêt, nuance ! Il était trop bon, trop aimable, trop gentil, pour que je puisse croire qu'il ne me voulait aucun mal. Quelque chose en moi me disait que je ne devais pas lui faire confiance.

"Je sais que l'on ne se connaît pas et que rencontrer quelqu'un dans un lieu si louche peut inquiéter. Mais en vous en faites pas, je ne vous veux absolument aucun mal. En fait, vous avez l'air plus futée que l'ensemble des gens que l'on peut croiser ici. C'est pour cette simple raison que je vous ai adressé la parole."

Il lisait dans mes pensées ou s'était si évident ? Il était très étrange. Je voulais savoir à quel jeu il jouait. Pour le savoir, je devais cerné ses intentions, comprendre comment il agissait, comment il parlait et réussir à prévoir ses réactions. Cependant, ce n'était pas le genre de chose que je pouvais déterminer aussi aisément. J'allais entrer dans son jeu, enfiler le masque de l'innocence et tenter de comprendre cet être étrange. Mon verre d'alcool allait attendre. Je prenais doucement son bras, me préparant à tout geste brusque de sa part. S'il tentait quoi que ce soit, il allait se retrouver avec une balle dans la tête en moins de deux. Je fis un pas, pour l'inciter à marcher dans une quelconque direction. Souhaitait-il me mener quelque part ? Pour l'instant, c'était moi qui guidais et je choisissais la direction, n'ayant aucune idée d'où est-ce que je pourrais me rendre.

-Es tu toujours aussi galant ? demandais-je par pure curiosité.

-"Oui, j'ai toujours été comme ça ..."

Treach avait répondu d'une traite, comme s'il avait prévu cette question. Depuis qu'il était homonculus, ses sens le trompaient de moins en moins. Et un mensonge de plus ! Non pas qu'humain, il n'avait jamais fais preuve de galanterie. Avant qu'il ne soit officiellement recherché, il pouvait se fondre dans la foule avec une facilité affligeante. C'était de cette manière qu'il était entré dans la vie d'une femme, mère de deux enfants. Malheureusement pour lui, dès qu'il eût franchi le seuil de la demeure, il avait signé son arrêt de mort. Ou pas. La preuve, maintenant, il était quasiment immortel. Avez-vous déjà réussi à tromper votre destin ? Hormis si sa destinée avait prévu ce léger changement. Avez-vous déjà réfléchi à ce qui se passait dans la tête d'un tueur en série ? Treach n'avait pas eu cette appréhension, était lui-même un criminel, mais, à plusieurs reprises, il s'était mis dans l'esprit d'un tiers se posant cette question. Et le résultat avait été déplorable. Comme les hommes sont ignorants ! Tant que l'on avait pas tué, on était incapable de percevoir la vie avec la lucidité des serial killer. Evidemment, la plupart d'entre eux étaient des dérangés psychologiques, mais ce n'était pas pour autant que leur vision du monde était fausse.

L'homonculus ne comprenait pas tous ces gens torp honnêtes et trop droits, comme cette chère Jasdero. C'était peut-etre bien eux les plus dangereux. Qui sait, un jour pèteraient-ils un cable et sombreraient dans la folie ? Surtout dans ce monde où rien n'était impossible. Regardez ! Même cette jeune fille, qui paraît en plein dans l'insouscience de l'adolescence maniait le revolver comme un tueur à gages professionnel ! Ici-bas, il ne faut pas se méfier uniquement des criminels.

Pour le moment, il devait s'inventer tout une histoire. Une nouvelle vie, jusqu'au plus loin de sa mémoire. Simple précaution, si jamais cela venait à autrui de le questionner sur sa vie. Son visage ne trahissant aucun mensonge, il commença, d'une voix légère, tout en se laissant guider par la demoiselle :

-"D'ailleurs, dans mon enfance, cette galanterie m'a joué des tours ! Si vous saviez le nombre de fillettes qui me tournaient autour ! Mais il n'y en avait qu'une, que je rencontrai plus tard dans mon adolescence, qui me semblait à la hauteur de mes espérances. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas non plus du genre à considérer la gente féminine comme un amuse-gueule. En fait, vous me faites penser à cette fille, qui doit être une jeune femme épanouie maintenant. Désirez-vous que je vous raconte son histoire ?"

Son regard étincelant s'était d'abord perdu dans le ciel sombre avant de venir se poser comme un oiseau sur le visage d'Ayame. Elle était légèrement devant lui, son bras contre le sien. Et la chaleur que dégageait cette peau humaine retourna les entrailles factices de l'enchanteur ...

La jeune fille avait dégagé son bras de celui de Treach. Ainsi, elle n'était toujours pas rassurée ? Le jeune homonculus retrouvait bien là la fillette qu'il avait vite fait croisé dans sa vie humaine. Une rencontre au cours de laquelle il aurait pu y laisser sa peau. Bien, il se contenterait donc des convenances et de respecter la pudeur de cette enfant. Qui sait, peut-être avait-elle été victime d'un traumastisme ou simplement d'un accident dans son enfance qui l'empêchait d'apprécier tout contact, aussi infime qu'il soit, avec la gente masculine. Mais l'incarnation de la traîtrise ne l'était pas pour tien : il voulait plus que tout entrer dans ce jeu dangereux du mensonge, afin de s'attirer une totale confiance de la part de la blondinette, aussi contreversées soient ses impulsions. Mais il n'avait plus aucun mal à les retenir. C'était vraiment cool d'être un homonculus ... Pour l'instant.

De ce fait, il préférait pour le moment ne rien lui cacher. Et puis, plus il se montrerait sincère en ce qui ne le concernait pas directement, plus elle se montrerait confiante, du moins, il l'espérait. Il fut donc ravi qu'Ayame lui demande l'identité de celle à qui elle lui faisait penser. Il ne se fit donc pas prier pour continuer :

-"C'est une petite fille qui en naissant à voler la vie de sa mère. Elle grandit auprès d'un alchimiste de père et d'un jeune déserteur de la guerre d'Ishbal. Elle travailla énormément, en dépit de l'amour que son père oubliait de lui donner. Elle fut l'une des premières femmes à brandir la montre en argent. Je dois avouer que je suis fier de la connaître même si elle fait tout pour ne pas me voir. Je dois lui faire de l'effet ! Non je plaisante, cette femme est indomptable, un peu comme la foudre. Et voulez-vous savoir le plus amusant ? Son alchimie se base sur l'électricité. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, si un jour vous avez l'honneur de la croiser, elle ne doit pas être bien méchante au fond ... Il suffirait d'éteindre la chaise électrique qui emprisonne sa poitrine ..."

Treach avait parlé doucement mais sans s'arrêter. Ses yeux envoûtants et magnifiques levés vers le ciel, avides de regarder les étoiles par-delà la brume, comme pour y déceler un éclair, provenant d'un terrible orage qui aurait avalé le monde ...

L'étrange duo s'était maintenant éloigné du quartier malfamé dans lequel ils s'étaient rencontrés. Ils marchaient maintenant dans un cadre beaucoup plus calme. Oui, la nuit avait l'air de faire le plus grand bien à la jeune fille. Tant mieux, peut-être que de cette manière, elle se détendrait un peu plus. Il fallait l'avouer, Treach n'avait jamais encore eu de victimes aussi coriaces. Mais il ne voulait pas faire d'Eliana une proie comme les autres. Non, elle, elle deviendrait une marionnette sur longue durée, un peu comme il avait fait avec Aisya avant d'atterir en prison. Car ce n'était pas pour rien qu'elle lui faisait des visites quotidiennes. Personne ne s'était jamais demandé ce qui avait pu se produire qui expliquerait le lien, certes tendu, qui existait entre ces deux personnages aux opposés ? A croire que non. A croire que le monde se fichait de ce qui pouvait arriver de la petite chaise électrique ... Il n'en revenait pas. Le phénomène se reproduisait. Un monstre grandissait aux yeux de tous mais personne n'était capable de sentir cet aura de monstruosité qui justement, se trouvait juste sous leur nez.

*Les humains sont indiscutablement bornés et aveugles ...* se prit à penser le jeune homonculus.

La question d'Eliana le tira de sa rêverie. Et, cette fois-ci, il fut réellement étonné. Il n'était en effet pas prévu qu'elle connaisse Aisya. Elle l'appelait par son prénom en plus ?? Enfin "son prénom", c'était un peu faux. "Son prénom amestrien" plutôt. Son étonnement laissa place à un sourire amusé et il leva le doigt à la hauteur de son visage.

-"Ah ! C'est plutôt à moi de vous poser la question ! Je ne savais pas que D ... Aisya avait des fréquentations autres que des militaires ! C'est merveilleux, comme le hasard fait bien les choses !"

Toujours souriant, il se mordit la langue. Dans la surprise, il avait failli révéler le véritable nom d'Aisya. Mais au pire, la jeune fille n'y ferait pas attention. Mais pourquoi ? Quel était donc le lien entre ces deux jeunes femmes qui, sans doute sans le savoir, se ressemblaient ?

-"Et comment l'avez-vous donc rencontré, si ce n'est pas trop indiscret ?"

Treach connaissait les talents de combattante d'Ayame, mais il était loin de se douter qu'elle avait été la cible, encore aujourd'hui même, d'Aisya. Le hasard faisait bien les choses ... ou pas.

De plus en plus étonnant. Eliana n’avait donc pas eu à faire aux foudres de la jeune alchimiste. Aisya était réputée pour envoyer valdinguer à coup de tonnerre chacune de ses nouvelles connaissances. Non, c’était trop beau. Eliana cachait quelque chose. Elle le sous-entendait en plus. Qu’est-ce qui n’avait pas plus à Jasdero ? Treach la savait colérique et très susceptible mais il fallait avouer que, de son côté, la blondinette était très énigmatique. Elle avait beau se montrer sûre d’elle, elle avait l’air tourmentée, au plus profond d’elle-même. Rien que son look vestimentaire la trahissait ; on ne s’habillait pas de noir et de cuir par hasard. Oui, sous ce bustier affriolant et élégant battait un cœur empli de sang d’ébène et triste. Au moins, se prit à penser l’homonculus, elle en possédait un, contrairement à Aisya. D’ailleurs, la conversation tournait toujours autour d’elle. Est-ce qu’un jour le Thunder Alchemist avait-elle parlé de lui à Eliana ? Il en doutait. Elle n’était pas du genre à lever le voile sur le fait qu’elle connaisse un être aussi horrible que lui. Elle avait sa fierté ! Et pas qu’un peu. Fierté, avidité, gloire, il n’y avait que ça qui semblait compter aux yeux de la jeune femme aux yeux d’or.

Et pourtant, il l’avait choisi. Ils étaient une centaine. Ils étaient des milliers à sa poursuite. Mais il l’avait choisi. A l’époque, elle avait les cheveux plus longs et mieux coiffés. A l’époque, elle ne dessinait pas des signes tribaux autour de ses yeux fatigués. A l’époque, elle savait encore rire avec les autres. Et c’est en voyant cette enfant pleine de vie qu’il avait décidé. Il désirait savoir comment évoluerait un être si pur et si intelligent dans ce monde sans pitié.

Mais à l’époque, Ishbal n’avait pas encore été anéantie. A cette époque, il était encore un humain. Et elle aussi.

-« Aisya a beau être un phénomène qui peut vous exploser à la figure, elle est avant tout une femme. Une femme qui a été enfant. Et j’ai connu cette enfant. Nous avons grandi dans la même ville. Déjà, nombreuses étaient mes concubines. Mais je vous avoue qu’elles ne m’intéressaient guère. Seul comptait pour moi ce petit bout de fille qui n’avait plus de mère. Vous avez dû remarquer qu’elle est unique en son genre. Et c’est ce qui m’a plu. Elle était intouchable. Même moi, le tombeur de ces demoiselles, elle m’ignorait. C’est donc indirectement que nous nous sommes lancés dans un petit jeu de course poursuite. J’aime savoir où elle est et ce qu’elle fait de sa vie. Peut-être qu’un jour, elle me regardera enfin … »

Comme ce récit paraissait réel ! Treach s’en étonna lui-même. Et comme il aurait voulu que ce soit la vérité ! Une belle histoire d’amour impossible entre deux enfants totalement différents. Bien évidemment, rien de tout ça n’avait existé. Mais elle était tellement banale qu’il était sûr qu’Eliana allait le croire. Il sourit, un peu gêné.

-« Vous devez trouver ce récit un peu à l’eau de rose, n’est-ce pas ? »

Il leva son magnifique regard vers le ciel étoilé, pour intensifier le mystère de cet instant.

-« Mais que voulez-vous : la rose est ma fleur préférée … Elle lui ressemble tellement. »

Comme il était facile de mentir !

Et bien ! Elle n’y allait pas de main morte avec les questions ! Cette jeune créature avait de la réserve ! Ne se rendait-elle pas compte du sans-gêne dont elle faisait preuve ! Peu importait, de toutes manières, pour Treach, puisqu’il passait son temps à lui raconter des bêtises, avec une facilité déconcertante. Cependant, lesdites bêtises avaient très bien pu être réalisables. Autrefois –comme ce mot sonne ancien ! Autrefois donc, lorsqu’il était encore humain et qu’il avait jeté son dévolu de tueur en série sur cette toute jeune fille en voie de devenir alchimiste d’état, il avait multiplié les entrevues avec elle, que ce soit derrière une grille ou par écrits. Il avait été formellement interdit à Aisya de confier quelconques informations à Bagwell mais, têtue comme elle était, elle avait bien vite céder à la tentation. Pour quelles raisons ? Il l’ignorait totalement, et, une fois de plus, il s’en moquait : le principal avait été le résultat. Et puis, il avait été fier qu’elle lève le voile sur une partie de son histoire. Apparemment, elle avait accordé un bout de sa confiance à un tueur en série. Peut-être jouait-elle le jeu, lorsqu’elle avait à faire à un être presqu’aussi monstrueux qu’elle ? C’était possible. On ne devait s’étonner de rien lorsqu’on était en face d’Aisya.

Justement, étonner, c’est ce qu’il voulait faire à Eliana. Elle n’avait pas l’air de se rendre compte, voilà pourquoi elle posait tant de questions. L’alchimiste de foudre restait encore pour elle un immense mystère. Treach n’avait rien à perdre. De ce fait, lorsqu’ils débouchèrent enfin de la ruelle sombre, pour arriver sur un quartier éclairé par la lune, il répondit, après quelques minutes de réflexion :

-« La dernière fois que je l’ai vu … Mmh, je vous avoue que cela remonte à quelques années. Quel malheur ! Moi qui m’évertue à ne pas la perdre de vue, voilà que je ne sais même pas à quoi elle ressemble aujourd’hui ! Mais peut-être pourriez-vous éclairer ma lanterne ? Quant à moi, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, elle venait de passer son examen d’alchimiste. Je crois que c’est à partir de ce jour qu’elle a totalement changé. Avant elle était si … ingénue ! Frêle et joviale ! Qui l’eût cru d’ailleurs ? Avant le conflit d’Ishbal, elle était adorable et un peu susceptible, même. Après, lors du génocide, je ne l’ai plus vu. Puis nos chemins se sont croisés de nouveau après. Là, elle était bouleversée, comme chaque soldat. Mais pas bouleversée dans le sens de triste. Non, elle était déçue. Déçue de ne pas avoir fait partie des alchimistes d’état. Je sais, ça prête à dégoûter. D’ailleurs, à partir de ce jour, les visites qu’elle me rendait avaient complètement changé. Quelque chose s’était éteint pour laisser place à une nouvelle lumière. Plus terrifiante. Peu de temps après, elle passa son examen et, plus elle montait en grade, moins elle venait me voir. Finalement, je la perdis de vue et suis encore aujourd’hui à sa recherche. »

James fit une pause et laissa échapper un long soupir dans le vague. Cette partie-là de l’histoire était vraie. Il avait juste pris soin d’omettre un détail qui était le lieu de ces visites : la prison.

-« Mais je recherche la première Aisya. Celle qui était heureuse avec les autres. Celle qui croyait que l’Armée était une belle et grande famille soudée. Celle qui ignorait le véritable sens du mot « horreur » … Hélas, je crois qu’aujourd’hui, elle ne le connaisse que trop … »

L’homonculus ressentit un léger poids sur ce qui fut l’emplacement de son cœur. Là, où palpitait la pierre philosophale, quelque chose se crispa et, sans savoir pourquoi, il leva sa main gantée et la posa contre le tissu soyeux de son vêtement.

Regrets.

Comme ça, Aisya avait changé à cause de la guerre d'Ishbal ? Bien des militaires et alchimistes étaient revenus traumatisés par cette sanglante bataille et d'autres avaient perdu la tête. Qu'avait en tête cette femme lorsque la guerre éclata et qu'elle y fut envoyée ? Avait-elle déchainé une quelconque fureur qu'elle avait garder cachée pendant longtemps ? Qu'est-ce qui pouvait provoqué un tel changement chez elle ? Chaque humain était différent et imprévisible. Ce cas là en était un parfait exemple. Il était impossible de prévoir ses réactions, il était impossible de prédire ses colères. Aisya Jasdero restait un mystère imprévisible et difficile à percer. Grâce à James, j'avais pu répondre à certaines questions, mais beaucoup d'autres s'étaient fait une place dans mon esprit. J'avais l'impression de ne rien savoir sur Aisya. Je ne cherchais pas à la connaitre, loin de là, je voulais surtout assouvir ma curiosité.

-Aisya est maintenant Colonel dans l'armée... Si tu veux la revoir, c'est le meilleur endroit. Je ne sais pas où elle vit et ne connait pas les endroits qu'elle fréquente fréquemment. Je ne crois pas que ça puisse beaucoup t'aider, mais au moins, tu as un point de départ.

Je regardais la ville endormie autour de moi. La conversation c'était suffisamment étirée comme ça. J'allais rentrer chez moi. Un peu de repos pour assimiler tout ce que j'avais entendu ce soir ne me ferait pas de tort. J'en avais déjà beaucoup appris sur Aisya. C'est là que je me rendais compte que j'avais à peine parler de moi. C'était mieux ainsi. Il n'avait pas posé trop de questions, ce qui n'était pas si mal après tout. Valait mieux que ça reste ainsi. J'allais donc prendre congé de James et rentrer tranquillement chez moi. Une légère brise caressa ma peau et je frissonnais. Le temps se rafraichissait de plus en plus. Je n'avais aucune idée du moment où le soleil décidera de se découvrir et de réchauffer cette ville. Je ne savais pas depuis combien de temps la Lune imposait son règne. Il faisait nuit, ça je pouvais en être sûre. Quel heure était-il ? Je ne le savais point...

-Je suis navrée de mettre fin à cette conversation, mais il se fait tard et je vais rentrer chez moi.

(Désolé, c'est vraiment court mais j'ai pas d'inspiration pour ce Rp en ce moment >< Ça fait peur tellement mon poste est court O.O)

-« Dans l’Armée ? Oui, je me doutais bien qu’elle y était encore … » laissa-t-il échapper d’entre ses lèvres gracieuses.

Ainsi donc, elle était colonel. Déjà à cet âge ? Elle n’avait pas perdu de temps. Toujours, elle l’étonnerait. Elle l’étonnerait de par sa détermination et son charisme qui avait fait d’elle un officier renommé avant la trentaine. Arriverait-elle à tenir le rythme ? Non, elle devait s’être approprié l’envie et la concurrence de bon nombre de soldats. Un jour ou l’autre, elle se ferait poignarder dans le dos. Mais ce jour-là, Treach serait là pour prendre sa défense. Il n’y pouvait rien s’il était attaché à cette militaire ! Tout avait commencé il y a bien longtemps. Il avait été séduit par son animosité envers le monde entier, alors qu’elle pénétrait au printemps de son âge. Il n’avait raconté quasiment que des mensonges à Ayame, mais ils auraient très bien pu être fondés. En fait, il avait raconté à la jeune fille blonde ce qu’il avait espéré. Elle avait l’air plus détendue, même si elle annonça qu’elle souhaitait prendre congé de lui. Il ne riposta pas car il partait du principe qu’ils allaient se revoir.

Et, pour être certain que ce fût le cas, il ôta son long et élégant manteau afin de le poser sur les épaules nues et glaciales d’Ayame. Il afficha un sourire presque réconfortant et murmura :

-« Les nuits sont froides sur la capitale. Ne refusez pas ce petit réconfort, il vous tiendra chaud sur le chemin. Puis, quand vous n’en aurez plus besoin, arpentez les bars et les cafés, vous finirez bien par me retrouver, si tel est votre désir. »

Ses belles tournures de phrases s’envolaient vers la voûte étoilée, se perdant dans les confins de l’espace inexploré. Combien de fois avait-il voulu les prononcer à autrui ? Il se considérait à ce moment comme un noble servant en compagnie de sa royale maîtresse. Le jeu continuait de sombrer dans les méandres du réel et du concret. Au point que, parfois, durant d’infimes secondes, il ne savait plus s’il était Treach, ou réellement James. Comme c’était si facile de changer de personnalité et de vie lorsqu’on était immortel ! Comme c’était plaisant ! Cependant, il devait avouer qu’Eliana n’était pas des plus faciles à dompter ; il devait donc se mettre en chasse d’autres éventuels pantins, plus dociles, et au passé moins sombre, ou du moins, moins secret. En effet, la jeune femme n’avait absolument rien révélé, rien laissé entrevoir de son histoire.

Endossant maintenant une redingote parme, il recula de quelques pas tout en tirant une révérence dont lui seul avait le secret.

-« Je suis navré de ne pouvoir vous raccompagner, mais le devoir m’appelle. Et je ne voudrais en aucun cas vous importuner plus que je ne l’ai déjà fait. »

Il lui adressa un léger signe de tête dissimulant son regard dans la pénombre et tourna les talons, son expression devenant tout de suite plus machiavélique. A mesure qu’il s’éloignait de sa nouvelle connaissance, il porta sa main gantée de blanc à son visage, effleurant l’affreux sourire qui crispait ses traits factices …

[Fin du rp, j’imagine ?]