-« Ouverture de la cellule 16 ! »
Un gardien aboya dans le couloir de la prison, figé devant une cellule. Aussitôt après, un bruit métallique indiqua que la grille s’ouvrait.
-« T-Bag, j’ai ... comme une mauvaise nouvelle pour toi. »
La voix du maton restait toujours aussi rêche et sévère, alors que l’information qu’il détenait en ce moment n’était pas des plus joyeuses. Le prénommé T-Bag était alors couché nonchalamment sur son lit, somnolent. Il était à présent seul dans sa cellule, depuis que son codétenu s’était pendu il y a quelques jours de cela. Le prisonnier mit un peu de temps à se redresser, dévisageant comme à son habitude l’officier. Ses yeux gris étaient levés sur le gros homme qui masquait la lumière de la petite pièce par sa présence dans l’embrasure de la porte. T-Bag, lui, était de petite taille. Avec le temps qu’il avait passé derrière les barreaux, ses bras étaient un peu plus musclés. Mais son comportement, lui, n’avait pas changé.
Une fois debout, il s’approcha plus près que prévu du gardien qui se recula de quelques pas.
-« Ton cousin est mort et, comme vous n’êtes plus très nombreux dans cette famille, -il insista bien sur ces paroles, ce qui eut le don d’arracher une moue contrarié à T-Bag-, on a besoin de toi pour identifier le corps. »
-« Mais ... si tu dis que mon cousin est mort, pourquoi devrais-je aller identifier son cadavre ? »
Faisant le malin, il décocha un large sourire au garde qui le dégagea de sa cellule en beuglant :
-« Joue pas à ça avec moi Théodore ! Suis-nous ! Fermeture de la cellule 16 ! »
Quelques minutes plus tard, T-Bag était dans une camionnette, en direction de l’hôpital, escorté par de nombreux matons.
-« Profites-en bien, c’est rare que le directeur laisse sortir des types comme toi ... »
-« Oh, mais tu m’en vois flatté mon p’tit Bob, répondit T-Bag en jetant un regard circulaire dans la voiture, j’ai le droit aux faveurs de votre bon patron ! »
Il se prit une claque du maton qui avait pris la parole. Il n’eut pas le temps de riposter qu’un violent choc vint renverser la fourgonnette qu’un camion venait de heurter. La voiture vint rouler sur le bord de la route et ce fut un grand trou noir ...
Théodore ne savait combien de temps s’était écoulé entre l’accident et son réveil. Pas longtemps apparemment puisque personne n’était encore venu en aide aux matons qui ne se réveillaient pas, contrairement au détenu. Reprenant rapidement ses esprits, il se mit à chercher les clefs. Oui, c’était le moment, il pouvait s’enfuir. Comment aurait-il imaginé qu’une chance pareille se présente. Ah, voilà les clés ! Il se détacha et s’évada. Il courut sans s’arrêter à travers les champs et entra bientôt au cœur de Central. Déambulant les rues à bout de souffle, il discernait avec allégresse l’immense espace qui s’étendait sous ses pieds. Libre, il était enfin libre ...