Je venais de me lever après mon cauchemar quotidien. Des larmes coulaient sur mes joues, je repensai encore à celui que j'avais perdu. À chaque souvenir, je me sentais moins forte, mon coeur se déchirait toujours un peu plus. Mon tendre enfant venait de sortir, j'entendis un mot que je ne pus deviner, un pleur peut-être ? Puis, d'un coup, plus rien, le silence régnait. L'atmosphère peu réjouissante de l'hôpital -si on pouvait nommer ce bâtiment ainsi- ne faisait que soulever ma peine quand je compris ce qui venait de se passer. Le médecin me regardait, moi j'étais impassible. Je ne fixai que le mur blanc devant moi. Aucun son ne sortit de ma bouche, cependant j'avais les yeux mouillés, et des gouttes d'un volume important en sortaient. Je fermai les paupières et me réveillai.
Après tant d'effort pour procréer, c'était cela ma récompense ? Non, ce n'était pas juste.

Il ne fallait plus que je repense à cela. Pour me changer les idées, je décidai donc de m'habiller n'ayant rien d'autre à faire. Je pris mes sous-vêtements ainsi que ma traditionnelle blouse blanche. Mon regard se posait devant la fenêtre. Il était encore très tôt mais la ville était plutôt animée. Je vis quelques volets provenant des maisons voisines s'ouvrir ainsi que des commerces. Des dizaines de gens entraient dans les quelques magasins ouverts ou se promenaient tout simplement dans la rue. Le soleil s'était à peine levé, la fraîcheur du matin se fit sentir au moment où je tournai la poignée pour sortir. Mes dreadlocks voletaient me cachant de temps en temps la vue. Je marchai pendant dix bonnes minutes avant d'arriver dans une ruelle sombre, dépourvue de vivacité, de couleurs et surtout d'êtres vivants... à part les quelques rats qui se cachaient derrière les poubelles. Il y avait un croisement, droite ou gauche ? Je n'eus même pas à réfléchir, je prenais ce chemin tous les jours pour aller aux bois. C'était mon moment de liberté et surtout de solitude. Ce devait être les animaux sauvages, que je trouvai sympathiques pour ma part, ou l'aspect peu attirant des arbres qui effrayaient les citoyens.

Je vis enfin l'entrée des bois. Des centaines... non des milliers d'arbres autour d'un sentier. des champignons poussaient autour d'eux. Les feuilles oranges et craquantes de l'Automne étaient éparpillées partout. Je décidai de m'engouffrer plus loin, là où il y se trouvait un rocher anormalement gros. Je le vis enfin, son gris éclatant et sa grandeur me faisait toujours cet effet. Un effet d'émerveillement. Je me couchai dessus comme à mon habitude. Je fermai doucement les paupières puis je me mis à rêver. À rêver d'un monde idéal, selon mes pensées évidemment. Un combat d'alchimie ou d'arts martiaux toutes les semaines. Je n'eus pas le temps d'imaginer autre chose qu'un bruit arriva jusqu'à mes oreilles. Ce n'était pas celui d'un animal, je les avais tous repérés auparavant. Non, les feuilles craquaient bizarrement... Méfiante, je me levai et inspectai droite à gauche et de haut en bas la forêt. Soudain, un homme apparu, il ne se cachait pas. Soit il avait compris qu'il était repéré, soit il se fichait complètement de ma présence. Cet individu était... aveugle ? Des lunettes ainsi qu'une canne prouvait cette supposition. De plus, il avait l'air d'écouter chaque son.

Après tout ce n'était qu'un aveugle inoffensif. C'est ce que j'aurai pensé normalement, mais je me méfiai quand même un peu de cet homme. Il me recherchait peut être ? Je ne l'avais jamais vu ici, avant alors c'était tout à fait possible.

La vie à Amestris était exempte de sens. La facilité que les citoyens du pays possédait pour survivre les enfermait dans un relâchement pathétique, et des habitudes médiocres. Était-ce également le lot des clans puissants de Xing ? Ne jouir de l’existence que pour mieux la dénigré ? Devenir un automate, méprisant les machines, les animaux, les plantes et jusqu'aux hommes, tout en ce méprisant soit même. Il grandissait dans un cadre si parfait que lorsqu'il perdait cette situation, il se retrouvait démuni, le laissant dépérir sur les trottoirs et les ruelles. Quelques criminels semblaient au moins possédait la rage nécessaire à la survie, mais ceux là ne font que viser une place similaire à celle qu'ils ont perdu. D'autres n'en ont même pas besoin de ne deviennent des hors la loi que pour mieux s'élever sur le malheur de leur congénère.
S'il ne possédait qu'un dixième de mes compétences, il leur serait si aisé de s'adapter à cette situation. La vie de paria à Amestris n'était qu'une succession d'acte simple pour moi qui ait survécu à la situation de moins que rien à Xing. Cependant, l'ennuie me gagnait et ma vie s’effritait. Je n'avais plus ressenti le frisson du combat depuis des mois, et je ne trouvais personne pour me permettre de me sentir à nouveau vivant, à nouveau moi. Je devenais comme un prédateur d'élevage, la nourriture sur un plateau et une absence totale de proie valable. Il fallait que cela change, je devais renouer avec moi-même. Je décidais alors de quitter la capitale pour quelques temps, et de me ressourcer dans les bois, peut être y subsister quelques jours.

La forêt était étendu, mais dépourvu de grand prédateur. En quelques jours repérais des lieux proches de la rivière, permettant de boire et me laver, ainsi que les chemins de traverses alentours, dépouillant les quelques bougres qui s'approchaient de leur vêtements ou de leur vivre ( s'ils en avaient ). Je n'avais pas jeté mes lunettes, seul protection pour mes yeux de chiroptère, ainsi que mon fourreau, qui pouvait me servir d'arme presque aussi bien que ma lame, et cela me permet de laisser des bosses plutôt que des cadavres ( et ainsi de m'éviter les désagréments d'une arrivé massive de l'armée ).

Cela faisait une semaine que je vivais en forêt et l'idée de retourner en ville pour chercher des combattants commençait à s'imposer à moi, l'ennui était de retour. J'enfilais les vêtements les plus propres à ma disposition ( soit une veste ample grise, un pantalon marron et les chaussures de sports d'un vert sombre ) et je me mis en route, toujours à l'affut d'un affrontement. L'aube vint rapidement me tourmenter, et mon avancé fut ralenti jusqu'à ce que le soleil daigne se placer plus haut dans le ciel. Lorsque ce fut fait, la matinée me plaça sur le chemin d'une autre personne.

Il s'agissait d'une femme d'une trentaine, d'année, cheveux longs et noires et un corps athlétique taillée pour l'action, je ne m'attardais pas à plus de détails. Je ne savais pas la raison de sa présence ici, mais elle semblait aux aguets, consciente de ma présence, ce qui m'apprenait qu'elle possédait une ouïe assez fine ( même si je n'avais pas particulièrement cherché à être discret ). Je sortis donc du couvert des arbres, les muscles tendues prêt à agir.C'était une combattante. Elle possédait la prudence caractéristique de ceux qui ont risqué leur vie.
Enfin !

J’accélérais le pas, jusqu'à une dizaine de mètres avant de dégainer mon sabre d'un geste rapide avant de m'élancer vers elle. Je n'étais qu'à deux mètres lorsque je lançais mon fourreau sur elle, pas pour l'atteindre, mais uniquement pour la déstabiliser afin de mieux la cueillir après son premier mouvement. J'étais prêt à bondir.

D'un seul coup, l'étrange homme qui se tenait devant moi lança son fourreau d'un geste rapide. Voyant que le fourreau n'allait pas m'effleurer, je restai immobile, mes yeux fixés sur lui, dans une position de combat. Il s'élança sur moi, j'eus le temps d'esquiver son coup mais sa lame me tailla la joue. J'essuyai le sang qui dégoulina avec la paume de ma main mais ce me fut fatal.
Je réalisai seulement après que j'avais fait une erreur stupide, digne d'un enfant.
Il m'attaqua une deuxième fois, Cette fois-ci, le coup qu'il me porta me fit horriblement souffrir. Ce saligaud m'avait tranché le ventre. Des centilitres, ou plutôt des décilitres de sang coulèrent d'abord sur mes jambes avant de verser lentement par terre. Il n'eut pas le temps de réagir que claquai des mains et les tapai contre le sol. La terre eut un mouvement surnaturel puis une énorme vague de terre s'explosa contre mon adversaire. Ce dernier, n'eut pas le temps de se relever que je l'écrasai sous mon pied, un sourire aux lèvres. Mais la plaie de mon ventre ne s'était pas refermée, je reculai, je vacillai puis je tombai. L'inconnu se releva et s'epousseta.

Il me tendit la main, j'étais presque sûre que son air signifiait "J'ai gagné, tu as voulu te mesurer à moi mais tu as échoué" sauf que c'était lui qui m'a attaqué... Je voulus refuser son aide, par orgueil, mais je n'eus pas le choix. Je lui pris donc la main et il me tira. Une fois debout, je me dirigeai vers la sortie enfin... l'entrée -c'est relatif- des bois afin de retourner dans ma boutique. J'ignorai ma blessure, ainsi que mon attaquant. Cet idiot me fixait je fis une grimace qui voulait dire "Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?" mais il se mit à rire... Je ne comprenai rien, je courus donc vers l'entrée, sans me retourner ignorant son hilarité que j'entendis pendant quelques temps encore. Je revis enfin l'obscurité et la misère de la ruelle. Bizarrement, cela me rassura. J'espèrai vraiment ne plus recroiser cet individu ; non seulement il m'avait mise à terre et en plus il était vraiment singulier. Il ne me faisait pas peur, -moi avoir peur, est-ce une plaisanterie?- mais je préfèrai l'éviter.
On n'est jamais trop prudent.